Malgré tout le ramdam autour de son arrestation, Aïda Patra est relaxée. Une libération qui sonne comme un désaveu à l’Ocrtis accusé, par la défense, d’avoir voulu faire le buzz en arrêtant une célébrité, pour effacer son scandale de l’an dernier. Elle a le visage enflé. Le regard toujours dirigé vers le bas, comme pour fuir les indiscrétions. Tantôt prolixe, tantôt avare en mots, elle a les mains posées sur la barre. Sokhna Aïda Kane plus connue sous le nom d’Aïda Patra est sobrement drapée dans un grand boubou traditionnel de couleur jaune.
Ses pieds reposés sur des sandales noirs. Svelte de par sa taille, un foulard qui cache sa tête, et un teint noir qui montre les rayures de la dépigmentation. Assise au box des prévenus et entourée par des gardes pénitentiaires, elle est visible dans le lot de par la clarté de sa peau. C’est dans ces circonstances que Patra a comparu, hier, en état d’arrestation en provenance de la Maison d’arrêt pour femmes de Liberté 6. Elle a, à ses côtés, sa copine mouillée dans cette histoire de drogue : la belle et charmante Maria Siriane Valéra, une restauratrice âgée de 30 ans sur le papier. Toutes leurs déclarations consignées dans le procès-verbal d’enquête préliminaire ont été niées. A la Police, Patra avait déclaré que la quantité de drogue trouvée par devers elle servait à sa propre consommation et non à la vente. Mais devant le juge, elle a changé de version (conseil de ses avocats ?), estimant n’avoir jamais tenu de tels propos lors de sa garde à vue, dans les locaux du commissariat central de Dakar. Quid des joints et graines de chanvre indien trouvés sur place ? Elle soutient vaille que vaille que cette drogue ne lui appartient pas. «Comme nous n’avons rien fait, nous n’avons pas fui. Les policiers ont fouillé et n’ont rien trouvé. L’un d’eux a appelé le commissaire en lui disant Ras, mais Aïda Patra est là. Alors il lui a dit embarquez-là», a servi la célèbre animatrice. Mais que faisait-elle alors dans ce milieu interlope où se confondaient chanvre indien et alcool ? Pour vendre, selon elle, des robes à un de ses fans. Toutes les deux ont contesté les déclarations mentionnées dans le Pv. «C’est le lendemain que les policiers ont parlé de joint de chanvre indien. Lorsque j’ai contesté le contenu du Pv, ils m’ont dit que ce sont mes propos et que j’étais ivre», a ajouté l’animatrice. Quant à sa copine, Maria Siriane Valéra, elle a versé dans les mêmes dénégations. Mais elle accuse les policiers de s’être acharnés sur elle. Finalement, la décision du juge a sonné comme une délivrance : «le tribunal relaxe les prévenues au bénéfice du doute et met les dépens à la charge du Trésor public». Un verdict accompagné d’accolades, de salutations et d’autres congratulations. Pourtant, le substitut du procureur de la République a, auparavant, requis trois mois ferme contre les deux prévenues, invoquant les dispositions du Code des drogues et du Code pénal applicables en la matière. Un réquisitoire jugé sévère par les avocats de la Défense. Me Abou Daff s’est indigné du fait que la Police scientifique n’a pas prouvé que le matériel de fumoir trouvé sur place porte les traces des deux dames. Pour Mes Abdou Dialy Kane, Aboubacry Barro et Aliou Sow qui estiment que leurs clientes n’ont été trouvées ni en possession de drogue ni en train de fumer, la relaxe s’impose à tout point de vue, devant l’absence de preuves. «L’Ocrtis était sur la sellette l’année dernière et son nouveau patron a voulu créer le buzz en arrêtant une célébrité», a plaidé Me Ousseynou Gaye. Arrêtées dans la nuit du mardi au mercredi 11 novembre dernier pour «détention et usage de drogue», les deux amies ont regagné leurs domiciles respectifs, hier soir.
Pape NDIAYE