Le Président du comité des présumés victimes de Hissène Habré, Clément Abaifouta Facho, a fait sa déposition, hier, à la barre de la Cour des Cambres africaines extraordinaires (Cae) qui a repris ses activités, après une pause. Selon le présumé victime et ancien fossoyeur, il a vu pire dans la prison, et a été témoin de beaucoup d’horreurs, de douleurs, de frustrations, et d’humiliations. M. Facho, appelé le fossoyeur soutient qu’il enterrait deux ou trois fois par jour raconte.
«Les cadavres venaient du camp des martyrs, de la piscine et de la gendarmerie. Parfois, on ne creusait même pas un mètre pour enterrer, parce qu’il ne fallait pas qu’on nous voit. Un jour, on jetait des cadavres dans des fosses, quelqu’un a crié «je ne suis pas encore mort». C’est le lendemain qu’il est mort. Il y avait 8 à 10 cadavres par jour. Quand je soulevais des morts, la peau me restait entre les mains. En 1988, les prisonniers étaient tellement nombreux qu’on ne pouvait pas fermer la porte. On a utilisé l’arrière de la Toyota pour fermer, et le lendemain, il y avait une soixantaine de cadavres». Des propos rapportés dans les colonnes de Le Populaire.