Le Premier ministre russe Dimitri Medvedev a admis, hier dans un entretien accordé au journal Rossiïskaïa Gazeta, la possibilité qu’un «acte terroriste» ait été à l’origine de la destruction de l’A321 au-dessus du Sinaï, en Egypte, qui a fait 224 morts. C’est la première fois que l’exécutif russe évoque aussi clairement la piste de l’attentat. Le président russe Vladimir Poutine, qui a toujours refusé de parler d’un acte terroriste, s’était résolu à suspendre tous les vols civils à destination de l’Egypte, sur recommandations de ses services de renseignements. Une cellule de crise a également été mise en place, à Moscou, pour organiser le rapatriement de près de 80 mille touristes russes encore en Egypte.
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne jugent également très probable la thèse d’un attentat à la bombe. Israël dit avoir des informations selon lesquelles «il y a une forte probabilité que ce soit un attentat». La branche égyptienne de l’organisation de l’Etat islamique (Ei) avait revendiqué avoir détruit l’avion de ligne russe. Les deux boîtes noires de l’Airbus russe sont actuellement examinées. Selon une source proche de l’enquête interrogée par l’Afp: «L’hypothèse d’une explosion avec pour origine une défaillance technique, un incendie ou autre, apparaît hautement improbable, parce que les enregistreurs auraient sûrement signalé quelque chose avant la rupture et/ou les pilotes se seraient manifestés.» Si «théoriquement, l’hypothèse d’une explosion accidentelle aussi brutale est possible, mais (…) très peu probable», les enquêteurs «privilégient fortement la thèse de l’attentat». Une piste renforcée par les photos des débris de l’avion, qui montrent certaines pièces criblées d’impacts allant de l’intérieur vers l’extérieur de l’appareil, «ce qui accrédite plutôt la thèse d’un engin pyrotechnique», selon une autre source proche du dossier. Le chef égyptien de l’équipe des enquêteurs a cependant voulu rester prudent, affirmant qu’«aucune conclusion» n’avait encore émergé quant à l’origine de la «dislocation» de l’appareil. Ayman el-Mokaddem a ajouté qu’«un bruit est entendu à la dernière seconde de l’enregistrement» des voix dans le cockpit et qu’il donnera lieu à «une analyse spectrale (…) pour déterminer [son] origine». LUTTE CONTRE LES JIHADISTES L’Egypte annonce la mort d’un haut responsable de l’Ei La police a tué au Caire l’un des principaux cadres de la branche égyptienne de l’Etat islamique (Ei), Province du Sinaï, celle qui a assuré être responsable du crash de l’avion russe il y a neuf jours, a annoncé hier le ministère égyptien de l’Intérieur. Ashraf Ali Ali Hassanein Al-Gharabli, présenté comme «un des plus dangereux terroristes» de la branche locale de l’Ei, a été tué lors d’un échange de tirs alors que la police tentait de l’arrêter au Caire, assure le ministère. Selon ce texte, Hassanein était l’un des cadres les plus recherchés de la Province du Sinaï, anciennement Ansar Beït Al-Makdis qui s’est rebaptisée en novembre 2014 pour marquer son allégeance au «califat» auto-proclamé de l’Ei sur une partie de la Syrie et de l’Irak. Ce groupe a assuré avoir «fait tomber» l’avion de touristes russes qui s’est écrasé le 31 octobre dans le Sinaï, tuant ses 224 occupants, en représailles selon lui aux bombardements russes des positions des jihadistes en Syrie. Rien n’indique, si l’attentat est avéré, qu’Hassanein y ait participé, la franchise Etat islamique en Egypte comprenant divers groupes avec différents cadres. Outre des attentats contre les forces de l’ordre, Hassanein était accusé par le ministère de l’intérieur d’être impliqué dans la décapitation du Croate Tomislav Salopek, kidnappé non loin du Caire l’été dernier, du meurtre d’un Américain travaillant pour une compagnie pétrolière dans la même zone un an auparavant et d’un attentat contre le consulat d’Italie au Caire en juillet.