Le président et le bureau de l’Assemblée ont été installés, il y a plus de dix jours maintenant. Mais la crise au Pds bloque le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Elène Tine accuse la majorité parlementaire d’être le responsable de ce blocage.
La crise qui secoue le Pds entrave le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Les commissions, qui émanent des groupes parlementaires, et qui devaient être installées au lendemain de l’élection du président et du bureau, ne sont pas encore effectives. «On est là depuis dix jours et les commissions ne sont pas constituées. Aujourd’hui, la situation du groupe parlementaire des Libéraux et Démocrates impacte sur le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Il faut le souligner et le déplorer parce que c’est un problème politique interne au Pds qui ne doit pas handicaper l’Assemblée nationale», affirme le député Elène Tine, membre du groupe parlementaire de la majorité à l’Assemblée nationale.
Cette dernière qui s’exprimait, hier, en marge d’un atelier de suivi des recommandations des missions d’observation électorale de poursuivre : «Depuis que je suis à l’Assemblée nationale, depuis 2012, c’est la première fois qu’on attend presque dix jours sans que les commissions, chevilles ouvrières de l’institution, ne soient installées». Et Elène Tine accuse la majorité parlementaire d’être le responsable de ce blocage. Elle affirme en effet que la mouvance présidentielle est tombée dans son propre piège avec la loi qui interdit à un député de démissionner de son groupe parlementaire. «Si les libéraux voulaient créer un nouveau groupe, ils n’ont qu’à chercher quinze députés, parce que c’est maintenant la règle, et obtenir leur groupe. Mais le problème, c’est que nous nous sommes piégés avec la proposition de la loi qui a été votée à la fin de la législature», note-t-elle, ajoutant que cette loi est devenue aujourd’hui un piège. «Ils ne peuvent aller dans aucun groupe. Ce n’est pas normal. Je ne peux pas comprendre que depuis le début de cette législature, on s’évertue à verrouiller pour rendre difficile la création d’un groupe parlementaire», fulmine Elène Tine ajoutant que le débat démocratique se passe à l’Assemblée nationale. Donc, selon elle, il n’y a rien qui puisse pousser la majorité à empêcher l’éclosion de tout groupe parlementaire. «La majorité a tout verrouillé pour empêcher la création d’un nouveau groupe, c’est cela qui pose problème. Parce que cela aurait permis aux gens de sortir du groupe des Libéraux et Démocrates et de créer leur propre groupe et permettre à l’Assemblée de travailler. La diversité au sein de l’Assemblée est importante», souligne Elène Tine, estimant que le pouvoir a donné au Pds l’occasion de se désigner comme une victime. «Nous avons donné au Pds l’occasion de surfer sur ça politiquement et de ramener ses divergences au sein de l’institution parlementaire et ça bloque maintenant le système. Cette proposition de loi n’en valait pas la peine. Elle est devenue un dragon à plusieurs têtes qui nous a pris dans un piège», renchérit-elle, estimant que s’il advenait qu’on arrive à avoir un seul groupe au Parlement, ce serait dommage pour la démocratie sénégalaise. «On aurait pu ramener le groupe à quinze députés et s’en arrêter là. Mais interdire aux députés d’intégrer d’autres groupes, c’est cela qui nous a amenés là. Macky Sall a été élu alors qu’il n’avait pas de groupe parlementaire. Ce n’est pas parce que les autres ont des groupes parlementaires qu’ils vont gagner les élections», explique Elène Tine.
Et sur le combat pour le contrôle du groupe des Libéraux et Démocrates, Elène Tine donne raison à Modou Diagne Fada. «Sur le plan juridique aussi, je considère que la décision du président du Parlement et du bureau repose sur une base juridique claire. (…) Les gens du Pds se tiraillent, mais comme ce n’est pas un nouveau groupe, on ne peut que s’appuyer sur l’article 22 qui parle de modification», tranche-t-elle ajoutant qu’elle a signé une seule fois depuis le début de la législature.