Passé le délai légal de 30 jours francs de son préavis de grève, déposé ce 28 septembre, Mballo Dia Thiam et ses camarades du Sutsas promettent de dérouler leur cinquième plan d’action sur une période de six mois. A moins que le gouvernement ne donne, entre temps, satisfaction à leurs revendications, le syndicat compte cette fois-ci passer au mot d’ordre de rétention de l’information sanitaire sur toute l’étendue du territoire national.
Désormais, le gouvernement du Sénégal a exactement 27 jours francs à compter d’aujourd’hui pour éviter que le secrétaire général du Sutsas, Mballo Dia Thiam, et ses camarades dudit syndicat ne déclenchent leur cinquième plan d’action. Ce, pour exiger l’application des accords contenus dans le protocole signé le 17 février 2014 entre le gouvernement et leur organisation syndicale ainsi que l’ouverture de négociations sur les revendications à incidences financières contenues dans la plateforme ayant fait l’objet dudit protocole.
Le Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale a, en effet, adressé au ministre de la Fonction publique, de la Rationalisation des effectifs et du Renouveau du service public, son préavis de grève en date du 28 septembre dernier pour une durée légale de 30 jours francs. Passé ce délai, le syndicat prévoit d’entreprendre la lutte sur la période allant du 28 octobre 2015 au 27 avril 2016, conformément aux directives du Bureau exécutif national (Ben) qui s’est réuni le 22 août dernier. Sauf si, entre temps, le gouvernement réagit favorablement à ces doléances, précise Mballo Dia Thiam, joint hier par Wal Fadjri.
L’on rappelle que le Sutsas avait toujours opté de ne plus faire subir les contrecoups de sa lutte aux populations malades ainsi que leurs familles éprouvées, souvent victimes collatérales des grèves générales bien que le service minimum et les urgences aient été toujours assurés. Le syndicat disait, lors de sa dernière conférence de presse, le 26 août dernier, se préparer au respect du mot d’ordre de rétention de l’information sanitaire, entre autres formes de lutte, par toutes ses unions régionales.
C’est, donc, de façon résolue que Mballo Dia Thiam et ses camarades du Sutsas se dirigent vers cette forme de lutte radicale dans le cas où l’Etat ne réussirait pas à apaiser la tension syndicale. Une arme redoutable dont la Convergence Sutsas/Sas avait eue à faire usage sous le régime de Me Wade pendant plus de deux ans ; et les effets décourageants de cette forme de lutte avaient fini par désorienter l’Etat et ses partenaires au développement qui semblaient faire du pilotage à vue, en l’absence de données référentielles, notamment dans le domaine de la santé. Beaucoup de partenaires, qui ne savaient pas s’il fallait continuer d’injecter de l’argent dans bien des secteurs ou non, étaient sur le point de quitter le Sénégal quand le président Macky Sall est arrivé au pouvoir en mars 2012 et son ministre de la Santé et de l’Action sociale, Pr Awa Marie Coll Seck. Ces décideurs étaient parvenus à persuader la Convergence syndicale de lever son mot d’ordre de rétention de l’information sanitaire sur toute l’étendue du territoire national. Ce qui sera fait.
Relever le défi de la communication sur les Objectifs du développement durable
Mais, à présent que le Sutsas entend remettre ça, le président Sall pourrait en avoir pour son grade. Lui qui ambitionne de compter le Sénégal parmi les pays émergents en 2035, avec le soutien des Partenaires techniques et financiers (Ptf) étrangers dont on sait que le nouveau système de financement obéit à une approche par les résultats. S’y ajoute que la menace du Sutsas de ne pas rendre publiques les données sanitaires est de plus en plus brandie, au moment où le Sénégal cherche à se rapprocher le plus près possible des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd de 2000 à 2015). Ces Omd, qui renferment plusieurs indicateurs de la santé comme la mortalité maternelle, infanto-juvénile, néonatale ; la couverture contraceptive, etc., ne sont pas encore atteints. D’ailleurs, ces Omd devront faire place à partir du 1er janvier 2016 aux Objectifs du développement durable (Odd de 2016 à 2030) que l’Assemblée générale des Nations unies a validés lors de sa réunion du 25 au 27 septembre dernier à New-York. De nouveaux engagements de la communauté internationale que le gouvernement sénégalais se doit de respecter, en rapportant les résultats obtenus sur les 17 Odd dans lesquels le secteur de la santé occupe encore une place centrale.
Afin d’éviter cette situation pleine d’incertitudes pour ce qui reste de 2015 et après cette échéance, et suivant la perspective d’une issue heureuse qu’il pourrait y avoir durant la période du préavis déposé par le Sutsas, ampliation de celui-ci a été faite au président de l’Assemblée nationale, au ministre de la Santé et de l’Action sociale, au ministre du Travail, au président du Haut conseil du dialogue social, entre autres, selon le communiqué du Sutsas.
Abdoulaye SIDY