Grâce à une cession de parts internes entre actionnaires, l’Etat qui en détenait jusqu’ici 25 % est devenu actionnaire majoritaire de la Banque nationale pour le développement économique (Bnde). Cette opération, annoncée hier à la presse par le directeur de ladite banque, permet de maintenir la banque dans son orientation stratégique et de mettre fin aux manœuvres de certains actionnaires qui voulaient la transformer en une simple banque commerciale.
L’orientation stratégique de la Banque nationale pour le développement économique ne changera pas. Elle continuera à être une banque dédiée au développement qui finance l’économie, surtout les Petites et moyennes entreprises (Pme), contrairement à la volonté cachée de certains actionnaires qui voulaient la transformer en une banque commerciale. L’Etat vient, en effet, par le truchement d’une cession de parts internes entre actionnaires, d’être actionnaire majoritaire, passant de 25 à 34 % dans le capital de la banque, a révélé hier son Directeur général, lors d’un point de presse. Thierno Seydou Nourou Sy annonce que cette reconfiguration de l’actionnariat a été bénie par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao). Ce, parce que l’Etat s’était engagé auprès des bailleurs de fonds à limiter sa participation dans le capital des banques à 25 %.
Sans doute convaincu par les résultats obtenus en une année et demie d’existence, l’Etat veut continuer à en faire un outil stratégique de financement de l’économie. «C’est un outil stratégique et l’Etat a voulu démontrer qu’il a besoin d’avoir une vision de développement. Si aujourd’hui, certains actionnaires sont forts, cela peut entrainer une réorientation de la vision stratégique», s’est réjoui M. Sy qui pense que l’institution qui a été construite et bien assise a aujourd’hui besoin de sérénité et de stabilité pour se développer afin que les Sénégalais en fassent leur banque souveraine. «Si les Sénégalais ne la soutiennent pas, la Bnde ne pourra pas décoller», a-t-il ajouté. Non sans signaler des velléités extérieures pour bloquer sa bonne marche, même si le personnel résiste encore.
Dressant le bilan de l’exercice écoulé, M. Sy souligne que la Bnde a financé l’économie à hauteur de 20 milliards de francs Cfa en 2014. Sur ce pactole, relève le banquier, 66 % ont été prêtés à des Pme. Elle a aussi, selon le Dg, financé des institutions de microfinance triées sur le volet pour atteindre cette cible loin des systèmes financier. Trois milliards leur ont été alloués dans ce sens, à des taux de 5 %, et pour des taux de sorties qui ne devraient pas dépasser 9 % dans ce secteur où le taux d’usure est plafonné à 24 %. «Ces institutions de microfinance ont pu financer 340 projets à travers le pays», confie M. Sy. Qui souligne que la banque a globalement accompagné plus de 800 Pme l’année dernière. «Sur 2014, nous avons eu une progression de notre bilan de plus de 80 %. On est passé de 30 milliards à 56 milliards de francs de total bilan», insiste M. Sy pour qui le plus important reste le nombre de Pme financés même s’il reconnaît que le segment Pme est trop risqué. «Nous avons eu un petit résultat de 57 millions de francs. Ce n’était pas attendu», poursuit-il.
A côté de ces 20 milliards injectés dans l’économie, souligne M. Sy, c’est 42 milliards de francs Cfa de flux qui ont été dégagés au profit de plusieurs entreprises, parfois même implantées dans des régions intérieures où elle n’est pas encore présente. Et la concurrence exacerbée de la place financière ne semble pas faire peur à Thierno Seydou Nourou Sy. «Le segment sur lequel intervient la Bnde a toujours été là et n’a jamais attiré les autres. Si elles viennent, c’est tant mieux pour le Sénégal. De plus, les nouvelles banques sont élitistes avec des seuils minimum d’ouverture de compte d’un million de francs», dit-il.
Seyni DIOP