14 septembre 1997 – 14 septembre 2015. Voilà 18 ans que Mame Abdou Aziz Sy Dabakh quittait ce bas monde, laissant derrière lui des cœurs meurtris. Aujourd’hui encore le Sénégal pleure ce guide de la Tarikha tidyania, qui fut un homme multidimensionnel.
Fils d’El Hadji Malick Sy et de Safiétou Niang, Mame Abdou Aziz Sy «Dabakh» était un guide religieux hors pair. Il a été une autorité religieuse unanimement appréciée par toute la communauté sénégalaise, voire la Ummah islamique. Il accéda au Khalifat à la disparition de son frère aîné, Seydi Ababacar Sy, le 13 mai 1957. Durant son Khalifat, Dabakh Malick effectue de nombreux voyages en Europe ainsi que dans la sous région, suite à de nombreuses sollicitations, grâce à sa parfaite maîtrise du Saint Coran. En 1965, il sert un discours à la Mecque, lors du congrès islamique. Ce discours a permis à toute la Ummah de se rendre compte de sa maîtrise de la langue arabe.
Dabakh Malick était un symbole du dialogue islamo-chrétien. Le fils cadet de Maodo Malick était un guide religieux qui jouissait d’une grande estime de la part de la communauté chrétienne. D’ailleurs, il avait beaucoup d’amis membres de l’Eglise, à l’instar de Abbé Jacques Seck. Ce prêtre à la retraite témoigne: «Mame Abdou Aziz Sy Dabakh, le Khalife général que j’ai connu était vraiment un excellent homme de Dieu, un vrai guide religieux parce qu’il était d’une grande culture humaine. Et il était aussi un homme d’ouverture. C’est à ce point qu’à chaque fois qu’on se rencontrait, il me disait ‘cher Abbé, que devient Pierre Ndiaye’. Ce dernier était l’un des meilleurs wolofophone qui animait des émissions».
Il ajoute que «Mame Abdou était un homme d’ouverture et de communion qui avait tout le monde dans sa mémoire ainsi que dans son affection». Selon toujours Abbé Jacques, Mame Abdou n’était pas que pour les musulmans; mais il était aussi un ami fidèle aux chrétiens. Son nom Dabakh est dû à sa grande générosité et à son ouverture.
«Tous les Sénégalais reconnaissent sa gentillesse. Et partout où vous allez, vous y retrouverez sa photo, que cela soit chez le mouride ou le chrétien. Il œuvrait pour la nation sénégalaise et il ne faisait pas de distinction entre les religions ou les Tarikha», déclare le prêcheur au Groupe D-médias Ibrahima Ndao dit Iran. «Ce qui m’a marqué le plus chez lui, c’est qu’il respectait tout le monde ; que tu sois riche ou pauvre, jeune ou adulte», ajoute-il.
Mame Abdou Aziz Sy était un citoyen engagé. Il réfléchissait sur les faits de société et proposait des solutions. «Il priait toujours pour un Sénégal sans haine et sans passion. Il sculptait les voies de l’avenir dans un Sénégal réconcilié avec lui-même et ceci grâce à l’union de toutes les forces vives de la nation sénégalaise», confie Cheikh Ahmadou Bamba Diop, un fervent mouride.
Président des communicateurs traditionnels du Sénégal, El Hadji Mansour Mbaye, note que «Dabakh Malick était un homme de Dieu, qui a œuvré durant toute son existence pour la cause de l’Islam».
Cet homme de paix et de culture qu’était Mame Abdoul Aziz Sy, parti depuis 18 ans, était l’un des rares guides capables d’apaiser les tensions en cas de crise. Il donnait de bons conseils aux Sénégalais qui mesuraient à sa juste valeur sa sagesse. Aujourd’hui encore le legs de Dabakh Malick sert de viatique au peuple sénégalais. Dabakh Malick était aussi doué en chants et surtout en poésie. Il dirigeait les chœurs religieux lors des Burdes et de la nuit du Mawloud. Il œuvrait pour une meilleure cohésion entre les différentes religions et confréries sénégalaises.
A son décès le 14 septembre 1997, Mame Abdou Aziz Sy Dabakh a été remplacé au Khalifat par feu El Hadji Mansour Sy dont la mission de Khalife général des Tidianes est aujourd’hui perpétuée par Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Makhtoum.
Safiétou CISSE
(Stagiaire)