Devant l’incapacité «avérée» du gouvernement à résoudre l’équation des inondations, la rébellion s’organise dans la banlieue de Dakar. Yeumbeul, Thiaroye et Keur Massar sonnent le début de la révolte.
Boune, dans la commune de Keur Massar, a sonné le début de la révolte contre les inondations. Dans la journée d’hier, les populations exaspérées par un «manque d’assistance des autorités» ont brûlé des pneus sur la route. Les principales artères de cette zone ont été ciblées. Mais leur plan sera mis à nu par la Gendarmerie qui les a dispersés. Le même mouvement de révolte a frappé Tableau Tivaouane et Lansar. Dans ces localités de la banlieue dakaroise, les populations ont manifesté spontanément avant d’être dispersées par des gendarmes. Cette poussée de fièvre s’est poursuivie jusqu’à Yeumbeul Sud. Ici, certains sinistrés ont assiégé les locaux de l’institution municipale pour porter leur cri du cœur au maire de la localité, Bara Gaye. Leur doléance s’adresse également à l’Etat du Sénégal compte tenu du fait que la résolution des questions liées aux inondations n’est pas une compétence transférée.
Cette situation est née de l’incapacité du gouvernement à prendre à bras-le-corps la question des inondations, depuis plusieurs années maintenant. La saison des pluies est la période où les habitants de la banlieue vivent un calvaire sans fin. Plusieurs familles sont durement frappées par ces dégâts causés par les eaux pluviales. Ce sont, au total, 41 familles composées de 309 personnes dont 187 enfants qui ont été relogées au niveau du Groupe scolaire Salif Ndongo de la commune de Djidah Thiaroye Kao, par la mairie de la localité. C’est dans le département de Guédiawaye. Cela fait suite aux fortes précipitations, lundi dernier, en banlieue.
41 familles, 309 personnes, 187 enfants… touchés
Trouvées sur les lieux, ces familles désemparées installées par groupe de six ont étalé leurs doléances. Celles-ci ont pour noms : «assistance humanitaire», «renforcement du dispositif de pompage pour évacuer l’eau des maisons inondées», «accélération des travaux d’assainissement ou à défaut relogement pour les sortir de ce calvaire», entre autres. Pape Diakhaté, une des personnes victimes s’en explique : «C’est contre notre gré que nous venons ici avec nos familles puisque nos maisons sont envahies par les eaux. Nous voulons des canalisations car ce n’est pas intéressant que chaque année la situation se reproduise. Avec l’approche de la rentrée scolaire, nous craignons le pire s’il continue de pleuvoir».
Amy Sy lui emboîte le pas : «Les eaux pluviales ont détruit nos vivres et nos matériels. Nous ne savons plus quoi faire. Nous demandons de l’aide aux autorités». Venu s’enquérir de la situation, le maire de Djidah Thiaroye Kao, Cheikh Dieng, a dénoncé le silence de l’Etat. «C’est un danger latent que courent mes administrés. S’il continue de pleuvoir, la situation des familles sinistrées risque de s’empirer avec des menaces de santé publique surtout pour les enfants. Cela fait un mois que j’alerte l’Etat pour lui demander de renforcer la commune en matériels de pompage, vu nos moyens limités. Mais il est resté inerte. Je demande aux ministres de la Santé, de l’Intérieur et à celui en charge du Cadre de vie ainsi qu’aux services de l’Action sociale à venir secourir la commune avant qu’il ne soit trop tard. Car l’heure est grave», a lancé Dr Cheikh Dieng qui a remis un lot de moustiquaires et de produits phytosanitaires aux victimes.
Le championnat populaire est perturbé à Guédiawaye. Car la pelouse du stade Amadou Barry est inondée. Les acteurs du mouvement Navétanes de Pikine, qui se tournent les pouces, avec la réfection du stade Alassane Djigo, vont devoir jouer leurs matchs ailleurs. Plusieurs autres localités de Pikine ont connu la même situation de détresse.