Une enquête judiciaire est déjà ouverte pour situer les responsabilités juridiques dans le crash de l’aéronef de la compagnie Sénégal Air. L’annonce a été faite, hier, par le ministre du Tourisme et des Transports aériens qui faisait face à la presse.
Ladite enquête a été ouverte sous la direction du procureur général. En attendant, c’est la thèse de l’accident qui semble retenue
Le gouvernement fera toute la lumière sur les circonstances de la disparition de l’aéronef de la compagnie Sénégal Air. L’assurance a été donnée par le ministre du Tourisme et des Transports aériens. Face à la presse hier, Maïmouna Ndoye Seck est revenue largement sur les premiers éléments de l’enquête en cours. Le ministre a confirmé qu’il y a eu bel et bien un abordage entre l’aéronef de Sénégal Air et un vol de la compagnie équato-guinéenne, Ceiba. «Effectivement, le vol de Ceiba a eu un abordage avec un avion de petite taille. J’ai reçu tout à l’heure de mon collègue ministre équato-guinéen, le rapport du pilote qui indique que cet abordage a bien eu lieu», renseigne le ministre Maïmouna Ndoye Seck. Selon elle, la photo de l’aile endommagée de l’appareil est même disponible. «Les informations de la tour de contrôle de Bamako laissent également penser que cet abordage a bien eu lieu avec l’avion de Sénégal Air», confie-t-elle.
Cependant, Maïmouna Ndoye Seck a précisé que seule l’enquête permettra de situer les raisons de cet abordage. «L’avion, certifie-t-elle, était aux normes et disposait même d’un permis de navigabilité délivré par l’Anacim (Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie, ndlr). D’ailleurs, à en croire le ministre du Tourisme et des Transports aériens, le permis détenu par l’appareil devrait expirer à la fin de l’année. Ainsi, le ministre Maïmouna Ndoye Seck a souligné que les premiers éléments qui sont à la disposition du gouvernement ne montrent aucun problème particulier par rapport au timing de décollage et d’atterrissage. Et de souligner : «Les instructions idoines ont été données aux pilotes pour respecter la distance de 1000 pieds qui doit séparer les deux avions autant au niveau de la tour de Dakar que de Bamako. Donc, toutes les instructions ont été données. Maintenant, comment ces instructions ont été exécutées ? C’est cela qui doit faire l’objet de l’enquête dont l’aboutissement nous dira exactement la cause», a relevé le ministre.
L’Anacim blanchie
Répondant aux allégations sur un supposé rapport évoquant des anomalies sur l’aéronef qui s’est écrasé, le ministre du Tourisme et des Transports aériens a précisé que le rôle de l’Anacim n’est pas de faire voler des avions. Autrement dit, il n’y a pas, du moins pour le moment, de responsabilités imputables à l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim). «On ne peut pas à priori dire que l’avion présentait des problèmes techniques», a souligné Maïmouna Ndoye Seck qui dit attendre les résultats de l’enquête technique. D’après elle, les informations qui seront exploitées permettront de tirer les conclusions nécessaires.
Revenant sur les circonstances de ce qui ressemble bien à un accident, le ministre confirme qu’en plus de son équipage composé de deux pilotes algériens, l’aéronef transportait un mécanicien accompagnateur congolais, un médecin et deux infirmiers sénégalais, ainsi qu’une patiente de nationalité française. «L’Aéronef qui a décollé de Ouagadougou à 16h 36 et qui devait arriver à Dakar 18 h 56 a disparu des écrans radars de la circulation aérienne de l’Asecna à 19 heures 08 mn au large de Dakar», a révélé le ministre. Qui signale que depuis le déclenchement de la phase alerte par les structures compétentes, le gouvernement s’est fortement mobilisé pour apporter tout son soutien au comité de coordination et de sauvetage, chargé de la gestion des opérations. «C’est dans ce cadre, dit-elle, que les recherches ont débuté dans les deux heures suivant la disparition. A ce stade, trois avions, dont un de la Marine nationale, sont mobilisés pour poursuivre les actions de recherche et de sauvetage. Ces opérations vont se poursuivre autant que nécessaire.»
En outre, Maïmouna Ndoye Seck fait état de l’ouverture d’une enquête technique pour éluder les circonstances de l’accident afin de déterminer les causes et ainsi prévenir à l’avenir une telle situation. Le ministre a rassuré que le bureau d’enquêtes et d’analyse mis en place et dirigé par Amadou Lamine Traoré, mènera ses enquêtes, conformément aux dispositions du code de l’aviation civile. Le bureau, nouvellement institué, est composé d’enquêteurs techniques indépendants. Il devra déterminer les circonstances et les causes certaines ou probables de l’accident ou de l’incident. Le bureau a pour mission de collecter et analyser les informations utiles. «Le bureau d’enquêtes et d’analyse pour la sécurité de l’aviation civile et les membres de la commission d’enquête agiront en toute indépendance dans le cadre de l’enquête. Ses membres ne peuvent recevoir d’instructions d’aucune autorité, ni d’aucun autre organisme, dont les intérêts peuvent entrer en conflit avec la mission assignée», a assuré le ministre. En plus de cette enquête, le procureur de la République aussi a été saisi pour une enquête judiciaire. Il va mener ses investigations avec l’aide de la police et de la gendarmerie.