CHRONIQUE DE WATHIE
Leurs doléances ignorées, les étudiants, las de grogner sans être entendus, ont fini par passer le témoin aux élèves dont les sanglots n’ont guère réussi à attendrir les enseignants déterminés à ne plus être les agneaux du sacrifice d’un gouvernement s’accrochant aux souliers de Sadio MANE pour donner le sourire à un Peuple dont les priorités passent pour de la poussière.
Le peuple sénégalais est endurant et très peu exigeant. Il n’attend pas une pluie de billets de banque pour manifester sa joie. Un croque-en-jambe suffit pour qu’il explose d’allégresse. Mais toute la Nation vibrant pendant que les couleurs nationales flottent et que l’hymne national retentit, cela n’arrive que très rarement. Mortifiée par les animosités politiques et plongée dans une crise faite de méfiance, de défiance et de déviance, la Nation a retrouvé le souffle grâce à Aliou CISSE et à ses poulains. Ces derniers n’ont pas uniquement ramené un trophée derrière lequel le Sénégal courait depuis son existence. Ils ont surtout rappelé à leurs compatriotes, dont le civisme est multiplié par zéro, l’existence d’une Patrie à défendre, d’une identité et des valeurs à promouvoir. Et pour cela, ils ont été allègrement remerciés, à la hauteur du niveau qu’ils ont hissé le drapeau national. De Saint-Louis au Cap-Skiring, de Dakar à Bakel, leurs louanges ont été chantées, leurs mérites vantés. Par la magie du football qui suscite le nationalisme, exalte la cohésion et submerge les clivages, le Sénégal a été UN, comme rarement il l’a été. Pour le temps d’une rose, assurément.
Le leadership qu’il aurait fallu pour capitaliser cette concorde nationale, Macky SALL ne l’a incarné que le temps d’une soirée. Le politicien ayant supplanté le président, il a pris la magie pour de l’opium. « A l’époque, la décision avait été déjà actée, mais elle a été différée, parce que la période avait coïncidé avec les inondations mais aussi celle où l’Etat a gelé l’application de la taxe complémentaire à l’importation. Le prix du sucre est resté à son même niveau, alors que les coûts et les facteurs de production sont passés du simple au double. Pour ne pas mettre en péril l’industrie locale, la CSS, il était nécessaire de réajuster le prix du sucre pour qu’ils puissent au moins vendre leurs produits et offrir aux Sénégalais les quantités nécessaires sur le marché ». C’est l’explication donnée par le directeur du Commerce intérieur. Pour Oumar DIALLO, le prix du sucre a augmenté depuis le mois d’août 2021, mais il fallait attendre le moment idéal pour l’appliquer. Et cet instant propice n’est autre qu’après la qualification de l’équipe nationale du Sénégal en demi-finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Ainsi, les Sénégalais heureux des performances de leurs «Lions » n’ont pas à se plaindre des quelques francs ajoutés au prix du sucre. Gagnés par l’euphorie, ils n’ont pas eu non plus le cœur à dénoncer les privations d’eau dont la SEN’Eau s’est rendue coupable dans de nombreux quartiers à Dakar où beaucoup de jeunes n’ont pu se laver après s’être essoufflés à célébrer la victoire.
Pour Macky SALL, qui entend présenter le trophée dans les 14 régions du pays, cette CAN ne devrait pas finir, les lions ne devraient pas s’arrêter de jouer. Tant que KOULIBALY tacle et que Sadio MANE marque, personne ne lui demande quand est-ce qu’il va nommer le Premier ministre dont le poste est officiellement restauré. D’ailleurs, il a mis tout en œuvre pour que le Sénégal continue à vibrer au rythme du ballon rond. Sur les pas du président camerounais, spécialiste de l’enfumage par le football, Macky SALL a déjà mis en service «Dakar arèna » et est sur le point d’inaugurer, le 22 février 2022, le stade Olympique de Diamniadio dont la première pierre a été posée en février 2020. Mais, pour les universités Amadou Mahtar MBOW et du Sine Saloum El Hadji Ibrahima NIASS (USSEIN), en chantier depuis plus de cinq ans, rien ne presse.
Seulement, « ventre affamé n’a point d’oreilles » pour continuer à jubiler. Pour la plupart des Sénégalais, la fierté engrangée, la Coupe d’Afrique a pris fin quand les joueurs ont repris leurs avions. Maintenant, il est question de survie. Pour Macky SALL, c’est le pincement de ces nombreux mécontents, qui ont ajourné leurs revendications le temps de la compétition, qui va vite le ramener à la réalité.
Mame Birame WATHIE