Décidé à mettre au pas ses troupes, Macky Sall entretient une stratégie du chaos où personne n’est sûr de rien à court terme. Il évite de choisir un numéro 2, entretient la peur, rétrograde ceux qui ont tenté de lui faire de l’ombre comme Cheikh Kanté, promeut des cadres et envisage d’en fusiller d’autres lors du prochain remaniement. Une stratégie du chaos qui empêche à ses troupes d’oser imaginer qu’il ne se représentera pas et de mettre au pas les quelques ambitions encore au frigo.
Avec une grande ruse, le patron de l’Alliance pour la république (Apr) a profité de la présidentielle pour jeter un coup d’œil sur le rétroviseur et se souvenir qu’il a un parti. Lequel semble relégué au second plan au profit de la coalition Benno Bokk Yaakaar dont les ténors sont choyés au point de jeter leurs convictions à la fenêtre du Prince. En effet, Macky Sall semblait très loin de son parti qui ressemble à une armée mexicaine. Et il a fallu qu’il promeuve Mimi Touré cheffe de son cabinet de campagne pour que la formation sorte de l’hibernation. Sa religion de la politique semble être faite que ce sont les alliances qui sont gagnantes. Et il les utilise pour demeurer le maître du jeu. Pour lui, le parti et les alliés sont au pied d’égalité. Que ce soit Abdoulaye Daouda Diallo, Alioune Badara Cissé, Moustapha Cissé Lô, Mbaye Ndiaye, Arouna Dia, Amadou Bâ, Makhtar Cissé, Mimi, Abdoulaye Diouf Sarr et les autres, personne n’est mis au dessus de l’autre. Et, en se coltinant avec ses ex-frères ennemis du Pds qu’il a retournés, il lance un message fort à tout le monde : rien n’est sûr et qu’il est le seul à décider du sort de tous.
Victime du poste de numéro 2, une monstruosité politique créée par Abdoulaye Wade, Macky Sall n’a jamais voulu en créer dans son parti. Alioune Badara Cissé qui devrait naturellement l’être est jeté en pâture et attaqué par des militants de la troisième heure. Ce qui a fini de transformer l’Apr en une armée mexicaine où chacun semble être son propre chef. Et lorsque Macky siffle la fin de la récréation, des responsables s’en moquent. Ce qui a fini de démontrer qu’il ne tient pas ses hommes.
En agissant de la sorte, le patron de l’Apr entretient la peur dans ses troupes puisque personne n’est sûr de rien. Il maintient une certaine terreur pour dire à ses partisans que tout peut changer, que tout peut bouger. Personne ne doit être fort et personne n’est à l’abri de la stratégie de neutralisation du cabinet noir. Même le ministre chanteur Youssou Ndour, son autre allié, l’a appris à ses dépens. Car, son «Patron» dans Bby a croisé les bras lorsque «des hommes de l’affaire» qui ont émergé sous son magistère et qui lui sont redevables ont vidé son groupe. Et avec les gros moyens déployés, il se rendra très vite compte qu’l n’est plus dans les plans du Palais.
Apparemment adepte de la stratégie militaire de Sun Tzu, dont il devrait faire de l’œuvre L’art de la guerre son bréviaire, le «Lion qui dort» a créé la panique dans ses rangs et fait émerger de temps à autre des personnalités de second rang comme récemment avec Abdoulaye Diouf Sarr, promu patron des cadres de l’Apr ou encore un certain Mamadou Mamour Diallo à Louga où sa coalition n’avait presque pas d’adversaires. Mais, dans le même registre, il rétrograde un baron qui pousse des ailes au point de lui faire de l’ombre dans la mouvance comme un certain Cheikh Kanté dont plus personne n’entend parler d’ailleurs. Et, selon nos gorges profondes, il se dit dans les couloirs du «Château» que deux caciques de l’Apr, très en vue ces derniers temps, seront «fusillés» aussitôt après la «victoire» de 2019.
Seyni DIOP