L’Organisation mondiale de la Santé (Oms) et ses partenaires ont organisé, mardi, un webinaire. Il s’agissait, à travers cette rencontre virtuelle, d’apporter des réponses au double défi du paludisme et de la Covid-19.
Au-delà des victimes qu’elle fait, la Covid-19 perturbe toutes les politiques sanitaires mises en place par les pays pour faire face à d’autres maladies comme le paludisme. Mardi, lors d’un séminaire virtuel organisé par l’Oms, il a été noté que la pandémie a impacté négativement la distribution des moustiquaires et plombé les efforts déployés par les Etats pour poursuivre leur combat contre la malaria. «Au début de la pandémie, nous étions profondément préoccupés par l’impact potentiel sur les services essentiels de nombreuses maladies, y compris le paludisme. En avril de cette année, nous avons prédit que les décès dus au paludisme en Afrique subsaharienne pourraient doubler si l’accès aux moustiquaires et aux traitements antipaludiques était sévèrement restreint», déclare Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Oms. Qui soutient que l’organisme onusien avait publié de nouvelles lignes directrices qui décrivent comment les pays peuvent maintenir en toute sécurité les services de base contre le paludisme. Car, il est clair, dit-il, que les pays n’ont pas besoin de choisir entre protéger leurs populations contre la Covid-19 ou contre le paludisme, parce qu’ils peuvent et devraient faire les deux. Selon ce dernier, de nombreux pays se sont donné beaucoup de peine pour maintenir les services de santé essentiels contre le paludisme. Le Bénin, la République démocratique du Congo, la Sierra Leone et le Tchad ont poursuivi leurs campagnes nettes, et de nombreux autres pays ont suivi leur exemple. Toutefois, malgré ces actions, «cela me brise le cœur d’annoncer que nous nous attendons toujours à voir une augmentation des cas et des décès dus au paludisme».
Dans une récente enquête de l’Oms, menée dans 105 pays, fait remarquer le patron de l’Oms, 46 % des pays ont signalé des perturbations dans le diagnostic et le traitement du paludisme. Pour lui, ces perturbations menacent de mettre les pays encore plus loin dans la réalisation de la vision commune d’un monde sans paludisme. Avant que la Covid-19 ne frappe, rappelle-t-il, le paludisme a coûté la vie à plus de 400 mille personnes chaque année. Plus de 200 millions de personnes sont infectées chaque année. «La pandémie a effrayé beaucoup d’entre nous dans les établissements de santé. Chaque jour, nous entendons parler de perturbations dans l’accès aux services de santé vitaux et dans la fourniture de produits essentiels pour le paludisme. Nous entendons parler de perturbations dans les cliniques de soin prénatal, où les femmes enceintes ont normalement accès à un traitement préventif contre le paludisme», décrit-il. Il soutient, par ailleurs, que l’impact total de la pandémie sur le paludisme pourrait ne pas être connu avant un certain temps. Mais, en attendant, les pays doivent tous redoubler d’efforts pour que tous ceux qui ont besoin de prévention, de diagnostic et de traitement du paludisme puissent accéder à ces services sans délai.
Le Dg de l’Oms invite les Etats à accentuer la prévention, car, elle réduit non seulement la pression sur les systèmes de santé, mais elle fait baisser également le risque de confusion entre le paludisme et la Covid-19. Car, les patients atteints des deux maladies présentent souvent de la fièvre. Et pour relever tous ces défis, il faudra renforcer les systèmes de santé, fondés sur les soins de santé primaire axés sur les personnes. De son avis, l’un des paradoxes de la Covid-19 est que, bien qu’elle ait gravement perturbé les systèmes de santé, elle a remis en marche les pays dans la poursuite des objectifs de développement durable liés à la santé. Mieux encore, elle a également démontré l’importance de systèmes de santé solides pour la stabilité sociale, économique et politique. «La pandémie est un rappel frappant que la santé n’est pas une récompense pour le développement, c’est une condition préalable au développement. Pour ceux d’entre vous qui luttent contre le paludisme, ce n’est pas une nouvelle. Vous êtes bien conscients des liens intimes entre la maladie et la pauvreté. Le paludisme est avec nous depuis des millénaires alors que la Covid-19 n’est avec nous que depuis 8 mois. Mais bon nombre des éléments de notre réponse aux deux maladies sont les mêmes», termine-t-il.
Samba BARRY