L’annonce de la candidature du chef de l’Etat n’a pas surpris la majorité des Camerounais, même si d’aucuns espéraient, malgré tout, qu’il passe la main après 36 ans au pouvoir.
«C’était prévisible. Constitutionnellement, rien n’interdit au candidat Paul Biya de prétendre à sa propre succession. Maintenant, compte tenu des chantiers dans lesquels il a engagé le pays, il est normal qu’on reste dans la continuité. Surtout qu’on sait qu’il s’est déclaré mendiant de la paix, et la paix est la chose dont on a le plus besoin en ce moment. Donc, Paul Biya, apôtre de la paix, est le candidat idéal», affirme Achille, jeune journaliste qui ne cache pas sa préférence pour le «candidat naturel» du RDPC.
Odette, vendeuse dans un marché de la capitale, est loin de partager le même enthousiasme. «On savait tous que le président allait se représenter mais j’aurais aimé qu’il passe la main», affirme, sans plus d’explications, la dame d’une cinquantaine d’années qui ne souhaite visiblement pas s’attarder sur le sujet.
Organisation CAN 2019
«Les signes annonciateurs» de cette candidature étaient visibles depuis 2016, lorsque le bureau politique du RDPC a renouvelé sa confiance à Paul Biya en tant que président national de ce parti, affirme, en observateur averti de la scène politique, Claude Abbé. «Les textes de base dudit parti prévoient que le président est le candidat naturel. Ce n’est donc pas une surprise, c’est quelque chose qui rentre dans l’ordre normal des choses», analyse le sociologue. «Par ailleurs, je vois mal le RDPC se réunir en 10 jours pour chercher un autre candidat», poursuit-il. Et ce, dans la mesure où les postulants à la magistrature suprême ont jusqu’au 19 juillet prochain, soit 10 jours après la convocation du corps électoral, pour déposer leur candidature comme le prévoit la loi.Autre élément annonciateur de cette candidature du président de la République, «l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Cameroun en 2019 où lui-même indiquait qu’il sera encore là pour vivre cet événement. Or, on sait bien que pour qu’il soit là en 2019, il fallait passer par une élection en 2018», poursuit Claude Abbé. Dans son discours de fin d’année, Paul Biya avait pris l’engagement que le Cameroun sera prêt pour la CAN 2019. Des propos que d’aucuns ont interprété comme la volonté du chef de l’Etat de briguer un septième mandat. Pour l’heure, aucune réaction officielle des partis de l’opposition en lice dans la course à la présidentielle.
Du côté du Mouvement pour la renaissance (MRC) cependant, on qualifie cette annonce de «non évènement». «C’est une candidature comme les autres. Toutefois, elle émane d’un homme qui dirige le pays depuis plus de 35 ans et qui a cumulé les échecs sur tous les plans, notamment politique avec la crise dite anglophone qui secoue le pays, car son régime n’a jamais admis qu’il y a un problème anglophone. Nous le félicitons pour son courage et espérons qu’il reconnaitra sa défaite au soir du 7 octobre 2017», soutient Sosthène Médard Lipot, porte-parole du parti créé par l’ancien ministre Maurice Kamto, candidat du MRC au scrutin du 7 octobre prochain.
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