À deux semaines de la fête de la Tabaski, les marchés dakarois sont en effervescence. Ce vendredi 23 mai 2025, sous une chaleur étouffante, les marchés de HLM et de Ouakam sont pris d’assaut. En majorité, ce sont des femmes qui affluent, venues chercher tout ce qu’il faut pour se faire belles le jour de la fête : tissus, chaussures, bijoux, produits de beauté, sacs, foulards et accessoires de maquillage.
Si certaines préfèrent s’y prendre tôt, c’est aussi pour éviter la cohue des derniers jours, souvent marquée par des bousculades et une flambée des prix. Au marché HLM, réputé pour la qualité de ses tissus et ses couturiers spécialisés, les allées sont noires de monde. Mame Fatou, la quarantaine, farfouille dans un tas de tissus tout en discutant avec un vendeur. «Je cherche un bazin de qualité pour me faire coudre une belle tenue. Ensuite, j’irai voir les chaussures et les sacs. Cette année, j’ai décidé de tout faire à l’avance.» Ndèye Bineta FALL, étudiante, note les prix sur son téléphone portable. «J’ai repéré les modèles de foulards et de chaussures que je veux. J’essaie de rester dans mon budget. Pour la Tabaski, on veut toutes être belles, même si on n’a pas beaucoup d’argent. Quand ceux qui travaillent se plaignent des temps durs, imagine ce que doit être notre situation, nous étudiants», lance-t-elle, le sourire aux lèvres. Plus loin, Anta et Nogaye, deux jeunes filles venues de Grand-Dakar, cherchent des voiles et des boucles d’oreilles assorties. «Nous voulons être stylées pour les photos», expliquent-elles. «On a déjà commandé nos robes, maintenant on complète avec les accessoires.»
« La Tabaski, ce n’est pas seulement le mouton »
Au marché Ouakam, plus petit mais tout aussi fréquenté, l’ambiance est plus calme. Toutefois, le même esprit d’anticipation y règne. Coumba SECK, enseignante, y fait ses achats. «Je commence aujourd’hui par les tenues des enfants. La semaine prochaine, ce sera les autres accessoires. On ne peut pas tout faire le même jour avec cette chaleur», déclare cette mère de deux (2) enfants qui a déjà acheté les habits pour ses filles. «Même si on n’a pas encore le mouton, au moins les enfants seront bien habillés. En ce qui me concerne, le tissu est déjà chez le tailleur. Ma tenue devrait être prête en début de semaine. La Tabaski, c’est aussi l’occasion de se faire belle, pas seulement le mouton», dit-elle avec un ton taquin.
Beaucoup d’acheteuses préfèrent donc éviter la cohue de la dernière semaine, où la tension monte, les prix explosent, et les étals les plus prisés se vident rapidement. La chaleur accablante de la journée n’a pas ralenti l’enthousiasme des acheteuses. Chacune tente de se rafraîchir comme elle peut. Et du côté des commerçants, les affaires marchent. Ousmane, vendeur de chaussures à HLM, avoue : «Depuis le début de la semaine, ça bouge. Les femmes achètent de tout : tissus, sacs, même des ceintures de fantaisie.» Ablaye SARR, qui vend des accessoires à Ouakam, confirme. «J’ai vendu plus de 15 paires de boucles d’oreille ce matin. Les femmes veulent être élégantes, même avec peu. Elles s’organisent bien à l’avance.»
Dans les marchés de HLM et de Ouakam, la Tabaski se prépare avec soin et passion. En dépit de la chaleur et du coût de la vie, les femmes redoublent d’efforts pour faire de cette fête un moment de beauté et de joie. Comme le dit Khady DIEYE, croisée à la sortie du marché HLM, les bras chargés, «la Tabaski, ce n’est pas seulement le mouton. C’est aussi la grâce, l’élégance, et l’amour de soi.»
Babacar NGOM