La rationalisation des partis politiques, comme le souhaite Bassirou Diomaye Faye, ne sera pas une entreprise aisée. Plusieurs paramètres sont à prendre en compte, au-delà des concertations avec les acteurs, selon des analystes politiques.
L’annonce tendant à rationaliser les partis politiques au Sénégal est une bonne chose, mais difficile à concrétiser eu égard à la pléthore de partis politiques.
Enseignant-chercheur à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Ucad, Serigne Thiam soutient que cette rationalisation demeure une nécessité d’autant que plus de 3/4 de ces 300 partis ne s’activent plus. «C’est une bonne chose qui est possible, mais extrêmement difficile à mettre en œuvre», prévient-il rappelant qu’un parti politique est une association dont la création est encadrée par la constitution. Seulement, indique-t-il, il n’est pas prévu une limite temporelle de l’existence d’un parti. «Les partis politiques répondent à un cahier de charges qu’ils doivent respecter, à savoir l’obligation d’avoir un siège, donner un rapport annuel sur les activités, tenir un congrès et respecter la laïcité. Donc la dissolution, qui est une forme de rationalisation, doit être appliquée pour les partis politiques n’ayant pas respecté leurs obligations», explique-t-il.
Pour sa part, le journaliste Ibrahima Bakhoum ne voit aucune nouveauté dans l’annonce de Bassirou Diomaye Faye. «Ce n’est pas une nouvelle annonce. Ce ne sera pas facile compte tenu du contexte», décortique le formateur en journalisme. Selon lui, Senghor avait vu venir cette désorganisation. C’est pourquoi, rappelle-t-il, il avait préconisé quatre courants politiques: le communiste, le libéralisme, le socialisme et le nationalisme. «Au Sénégal, les gens considèrent la création d’un parti comme de l’entrepreneuriat politique. Ils créent des partis, font du bruit, puis rejoignent le pouvoir. Lors de la création de la Cena, j’avais rencontré un parti où le leader est secrétaire général, sa femme, la présidente du mouvement des femmes, son fils occupe le président du mouvement des jeunes», révèle Bakhoum qui plaide pour un mécanisme pour rationaliser les partis politiques. A cet effet, il propose deux systèmes, l’un consistant à mesurer le poids de chaque parti politique à travers sa participation à une élection sous sa propre bannière, l’autre réside dans la vérification de l’organigramme des formations politiques. «Les critères doivent être bien définis. C’est une très bonne idée, mais difficile à concrétiser», soutient-il.
Salif KA