Le candidat de la majorité présidentielle qui s’est targué d’avoir 3,5 millions de parrains est finalement passé par le parrainage des élus. Malgré tout, il redoute les candidats proches du leader de l’ex Pastef. C’est tout le sens de son recours.
Patron de l’actuel gouvernement et candidat de la majorité présidentielle, Amadou Bâ est en train de manœuvrer. Son mandataire a introduit un recours contre des candidats proches de Pastef. Ses cibles sont Bassirou Diomaye Faye et Cheikh Tidiane Dièye. Malgré ses 3,5 millions de parrains dont il s’enorgueillit, il tient à «invalider» coûte que coûte ces candidatures. C’est à se demander s’il n’a pas une peur bleue des candidats proches de Ousmane Sonko. Karim Wade, qui lie la polémique de sa double nationalité entretenue par Thierno Alassane, trouve qu’elle est alimentée par le «très peu courageux Premier ministre Amadou Bâ, spécialiste des coups bas». «Amadou Ba, dont le manque de témérité face à la confrontation est désormais évident, doit cesser ces manœuvres déloyales», écrit Karim Wade sur X. Spécialiste en sociologie politique, Dr Abdourahmane Sanokho ne dit pas le contraire. Pour lui, Amadou Bâ a des raisons de s’inquiéter puisqu’il sait que les jeux ne sont pas encore faits. «Juridiquement et de manière très légitime s’il y arrive à leur barrer le chemin, c’est de bonne guerre. Amadou Bâ sait que même s’il a la caution de la coalition Bby de l’intérieur, il a beaucoup d’opposants», affirme Dr Sanokho qui trouve qu’il (Amadou Bâ) peine à caporaliser une grande adhésion autour de lui dans son parti et dans sa coalition. «On a comme l’impression qu’il peine à se retrouver dans le cœur des Sénégalais. Il est en train de travailler dessus. Il est très conscient de ses faiblesses tout autant que de ses forces. On pourrait le comparer à un géant aux pieds peu confortables. Il abat ses cartes et fait ce que le droit lui permet. Il n’a rien à perdre encore moins à gagner. Il a plus à gagner qu’à perdre», dit-il. «S’il a la possibilité d’avoir des conseillers en droit qui lui conseillent d’interjeter appel par rapport à ces candidatures et si par extraordinaire, ces candidatures arrivaient à être annihilées, éliminées, ça lui ouvrirait un boulevard vers la chaise royale. C’est de ce point de vue qu’il faut envisager et comprendre cette posture de Amadou Bâ en tant que candidat au-delà des 3 millions de parrains», poursuit ce spécialiste en sociologie politique.
Selon lui, Amadou Bâ n’est pas assuré que ses 3,5 millions de parrains allaient se concrétiser en termes d’électeurs. «Il veut gagner coûte que coûte et il n’y a pas de petite ou de sale victoire dans sa tête. L’essentiel, c’est de gagner dès le premier tour, quitte à combattre sans périls et à triompher sans gloire», souligne notre interlocuteur, ajoutant que Amadou Bâ est dans un jeu politique extrêmement sérieux. D’après lui, il ne minimise absolument rien ni personne. «C’est le genre de candidat qui mathématiquement, techniquement et tactiquement va s’organiser là où les gens ne l’attendaient pas, si les griefs qu’il a émis contre ces candidats sont avérés», explique le sociologue.
Boun Dionne et Mame Boye Diao écartés du recours
Les candidats Boun Abdallah Dionne et Mame Boye Diao ne sont pas ciblés dans le recours introduit par le mandataire du candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar. C’est plutôt des candidats proches du leader de Pastef Bassirou Diomaye Faye qui serait le plan B de Pastef et Cheikh Tidiane Dièye qui sont ciblés. Il est reproché à ces derniers quatre manquements. Il s’agit d’abord de l’appartenance à une entité politique dissoute, de la production de fausses pièces devant le Conseil constitutionnel, de la constitution d’une coalition irrégulièrement et de la non appartenance au parti ou à la coalition qui les a investis.
Magib GAYE