Alors que l’Europe continue de se barricader, avec comme conséquence la Mer Méditerranéenne qui devient un vaste cimetière pour des milliers de jeunes africains candidats à l’aventure pour l’Eldorado, et au moment où d’autres jeunes africains noires sont réduits à l’esclavage en Libye, les migrants de l’Afrique Subsaharienne sont désormais indésirables en Tunisie. Ou du moins pour les autorités de ce pays. Le président Kaïs Saïed qui s’en est ouvertement pris à ces migrants, annonce des «mesures urgentes» contre ces derniers qui, selon lui, sont à l’origine de «violence, de crimes et d’actes inacceptables» en Tunisie. Une sortie qui suscite l’indignation des défenseurs des droits humains en Tunisie et un peu partout notamment sur le continent. Se joignant à cette vague de condamnations, l’ancienne Première ministre du Sénégal, Aminata Touré, interpelle Macky Sall et ses homologues sur les propos «racistes et haineux» du président tunisien.
«Qu’attendent les présidents africains pour condamner, avec la dernière énergie, les propos racistes et haineux du président tunisien, Kaïs Saïed, envers les migrants africains ?» C’est l’ancienne Première ministre sénégalaise, Aminata Touré, qui s’interroge ainsi sur le mutisme des chefs d’Etats et de gouvernement africains par rapport aux propos controversés du président tunisien, Kaïs Saïed, envers les migrants subsahariens. Dans une déclaration, Mme Touré exprime sa déception face aux «propos racistes et haineux» du président tunisien, interpellant les présidents africains appelés à condamner fermement une telle sortie, notamment celui du Sénégal, Macky Sall qui vient de boucler son mandat à la tête de l’Union Africaine le week-end dernier. «C’est tout simplement scandaleux venant du président d’un pays membre de l’Union africaine ! Le Président Macky Sall est directement interpellé», déplore Mimi Touré à travers un post sur son compte Twitter.
THEORIE COMPLOTISTE REPRISE AU SOMMET DE L’ETAT TUNISIEN : LE PRESIDENT KAÏS SAÏED FAIT SIENNE L’IDEE DU GRAND REMPLACEMENT
Les propos controversés du président tunisien Kais Saïed ont suscité l’émoi à la fois en Tunisie et à l’étranger. A en croire France24.fr, lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, qui s’est tenue le mardi 21 février 2023, le président tunisien, Kaïs Saïed s’en est pris aux migrants de l’Afrique subsaharienne dans un discours très violent. Le président tunisien Kaïs Saïed a prôné des «mesures urgentes» contre l’immigration clandestine d’Africains subsahariens dans son pays. Pis, M. Saïed a décrit les migrants subsahariens comme des «hordes de migrants clandestins» qui sont à l’origine de «violence, de crimes et d’actes inacceptables» en Tunisie.
Aussi a-t-il a déclaré entendre que la présence de migrants subsahariens en Tunisie était le résultat d’un complot visant à affaiblir l’identité arabo-islamique du pays. La présence d’africains subsahariens a, selon lui, pour objectif premier «de changer la composition démographique de la Tunisie».
Suffisant, pour qu’il insiste sur la nécessité de mettre rapidement fin à cette immigration, la considérant comme une volonté de faire de la Tunisie seulement un pays d’Afrique et non pas un membre du monde arabe et islamique. Cette rhétorique est proche de la théorie du «grand remplacement» défendue par l’extrême droite dans certains pays européens. «Il existe un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie, et certains individus ont reçu de grosses sommes d’argent pour donner la résidence à des migrants subsahariens», relève M. Saïed dans un communiqué de la présidence de la République repris par France24.
Toutefois, pour Hatem Nafti, auteur du livre «Tunisie : vers un populisme autoritaire ?», invité de France24, «le lien n’est pas rompu, Kaïs Saïed reste populaire mais les gens ne le suivent pas sur son projet, et c’est peut-être cela, qui le pousse encore à criminaliser son opposition, et d’un autre côté, à crier à l’ennemi de l’intérieur et à l’ennemi de l’extérieur».