Les députés de la majorité ont certes joué sur le nombre pour faire passer cette énième loi portant sur la révision de la constitution. Mais cela n’a pas été facile pour eux. Ils ont essuyé attaques, critiques et quolibets de l’opposition parlementaire qui dénonce un «énième tripatouillage» de la constitution.
Le député Cheikh Abdou Mbacké avait pourtant introduit une motion préjudicielle appelant à l’ajournement des débats. Mais cela n’y fera rien. En plus de rejeter cette motion préjudicielle, la majorité parlementaire a adopté ledit projet de loi. Ce qui entraîne du coup le retour du poste de Pm. Membre du groupe parlementaire des non-inscrits, Déthié Fall a fortement dénigré le président Macky Sall et ses ouailles. «Ce passage du ministre de la Justice montre à suffisance l’échec du président de la République Macky Sall. Le 10 décembre 2021, nous signons un aveu de tâtonnement du président Macky Sall. C’est le lieu de l’acter définitivement. Vous étiez là le 4 mai 2019 pour nous vendre l’impertinence du maintien du poste de Premier ministre parce qu’il fallait engager le Fast track», attaque Déthié Fall. «La pauvreté a, aujourd’hui, augmenté très rapidement. Trente mois après, vous venez pour nous vendre le contraire, le re- tour du poste de Premier ministre», poursuit le député qui est par ailleurs le coordonnateur national de la coalition Yewwi Askan wi. Dénonçant le «tripatouillage» de la constitution, il martèle encore: «Dites au président que notre République est plus âgée que lui et qu’il n’a pas besoin d’éprouver nos institutions. On n’a pas besoin d’éprouver notre architecture gouvernementale». Selon lui, la conception et la vision du président Macky Sall obéissent plus aux réalités de son parti politique à Mermoz qu’aux réalités économiques des Sénégalais. C’est cela qui est fondamentalement regrettable, selon lui. «Nous allons signer avec lui son échec qu’il nous présente. Ce projet de loi qui ne traduit rien d’autre que cet aveu de tâtonnement et d’errements», assène encore l’ancien numéro 2 du parti Rewmi.
«Macky dirige comme un dictateur»
Les critiques et attaques à l’endroit du chef de l’Etat ont fusé de partout. Les députés Aïda Mbodj, Serigne Abdou Mbacké, Marie Sow Ndiaye et Aïssatou Sabara ont, dans leurs différentes interventions, dé- noncé les stratégies du chef de l’Exécutif dans le «tripatouillage» de la constitution. Mais c’est l’intervention de Nando Seck qui a le plus retenu l’attention. Il a qualifié Macky de dictateur. Le retour du poste de Premier ministre est un aveu d’échec du président Sall, selon Mame Diarra Fam. «Macky Sall dirige le Sénégal comme un dictateur.
Le futur Premier ministre ne va servir à rien d’autre sinon de disjoncteur. Macky veut se maintenir seul aux com- mandes. Il ne veut pas de numéro 2. Qu’il sache que ses faits et manœuvres ne peu- vent annihiler la démocratie. Il a échoué par- tout, il est dos au mur», affirme le député membre du Pds. Idem pour Aïda Mbodj et Serigne Abdou Mbacké qui ont déploré le «manque de vision» de Macky et son incapacité à anticiper. En réaction aux attaques de l’opposition parlementaire, la majorité a convoqué les arguments du conseiller juridique du chef de l’Etat, Ismaïla Madior Fall, pour expliquer le bien-fondé de cette révision constitutionnelle. Le député Awa Guèye met en avant les nouvelles du président de l’Union africaine (Ua). «Le président a su redéfinir les grandes lignes de sa politique et en dégager les différents axes stratégiques, dans le cadre de la deuxième phase du Plan d’actions prioritaires suivi du Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (Pap 2A) qui tient compte des effets induits par la pandémie de la Covid-19», dit-elle.
Magib GAYE