Les choses bougent au sein de la mouvance présidentielle de Rufisque. Membre du secrétariat exécutif national et du Bp du Ps et responsable de l’Union des coordinations Ps de Rufisque, Abdou Karim Mbengue sera candidat avec son mouvement Bey Sa waar ci Teunguedj, à la mairie de Rufisque Ouest et ensuite de la ville de Rufisque. Il n’entend pas laisser l’initiative aux leaders de l’Apr qui sont dans une logique d’accaparement des exécutifs locaux en excluant leurs autres.
WalfQuotidien : Vous êtes membre du Parti socialiste, pourquoi avoir créé un mouvement?
Abdou Karim MBENGUE: Je suis en effet membre du Secrétariat exécutif national et du Bureau politique du Ps et responsable de l’Union des coordinations Ps de Rufisque. Cependant, pour élargir notre action politique, qui n’est rien d’autre qu’être au service de sa cité, nous avons mis en place un mouvement politique et citoyen qui de par sa transversalité permet un meilleur ancrage local. En trois ans d’existence, avec les membres de Bey Sa Waar Ci- Teunguedj qui pour la plupart n’appartenaient à aucun parti politique, nous avons à notre actif de nombreuses réalisations dans les domaines prioritaires identifiés tels que la Santé, l’Éducation, la Formation, l’autonomisation des femmes, l’amélioration du cadre de vie etc. Ainsi, nous donnons davantage de sens à notre action politique à travers un engagement citoyen renforcé.
Il semble que vous ayez déclaré votre candidature à Rufisque. Êtes– vous candidat à la mairie de Rufisque Ouest et la mairie de la Ville de Rufisque?
Les membres de Bey Sa Waar Ci Teunguedj et plusieurs camarades du Parti socialiste souhaitent que nous nous présentions à la mairie de Rufisque Ouest ou à la Mairie de Ville. En tant qu’acteur engagé depuis plusieurs années dans la vie politique locale et nationale, nous allons s’il plait à Dieu, participer aux prochaines élections locales. Nous avons engagé des discussions avec plusieurs acteurs politiques et citoyens dans les différentes communes. L’idée étant de constituer une coalition la plus large possible mais qui se fonde sur une vision commune du développement de notre ville.
Envisagez-vous de s’allier avec des pro-Khalifa ?
A l’échelle locale, il n’y a pas de pro Massamba ou pro-Mademba, il y a des citoyens rufisquois. Pour nous, il s’agit de nouer des alliances avec celles et ceux avec qui nous avons des convergences de vue sur la façon de gérer notre ville et nos communes.
Khalifa Sall a été exclu du Ps pour s’être allié à l’opposition. Ne risquez- vous pas le même sort ?
Notre regretté doyen et oncle Ahmed Diène disait que des élections locales c’est en quelque sorte des Navétanes. Cela n’a rien à voir avec des élections nationales. Permettez-moi de vous rappeler que notre grand frère et camarade Khalifa Ababacar Sall et plusieurs cama- rades du parti ont présenté des listes Taxawou Ndakaru en 2014 dans les communes du département de Dakar sous la bénédiction du Ps en face de la coalition Bennoo Bok Yaakaar. Naturellement, aucun camarade n’a été exclu pour cela. Pour les élections de Janvier 2022, il s’agira une nouvelle fois de «Navétanes politiques».
Votre objectif est de briguer la mairie de la Ville de Rufisque, n’est-ce pas irréaliste ?
Même si je n’ai pas encore déclaré de candidature à la mairie de la Ville, je ne vais pas fuir votre question. Mon engagement politique se fonde sur des convictions fortes, des valeurs de fidélité, de probité, de loyauté et de respect de la parole. Par ailleurs, à la question de savoir si nous remplissons les critères techniques, politiques et moraux la réponse est OUI. Par conséquent, notre candidature à la Ville de Rufisque serait bien plus réaliste – pour reprendre votre expression – que celles que nous entendons jusqu’ici. Nous avons une vision et un programme pour Rufisque et enfin nous avons des femmes et des hommes qui partagent cette ambition et prêts à s’y engager. Le moment venu, nous nous déterminerons clairement et les Rufisquois choisiront leur maire librement.
Vous comptez briguer le suffrage sous la bannière de votre mouvement alors que vous êtes membres de la Coalition BBY ?
A Rufisque, nous constatons qu’il n’y a pas une démarche «Benno». Nous avons au sein d’un parti membre de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar des initiatives tous azimuts de déclaration de candidature et de proposition de «partage de gâteaux» mettant exclusive- ment les membres de l’Apr à la tête des exécutifs locaux en excluant tous les autres.
On dirait que vous redoutez que les apéristes s’accaparent des localités ?
Bien entendu, ni le Ps, ni le mouvement Bey Sa Waar ne l’accepteront. Comme indiqué, nous allons participer aux élections avec des forces politiques de la ville avec lesquelles nous partageons la même vision, les mêmes va- leurs sur la base d’un programme commun de transformation de la Ville.
Et si Macky Sall choisit un autre candidat, que feriez-vous ?
Les acteurs politiques rufisquois se choisiront leurs candidats qui se présenteront devant les populations qui éliront leurs maires, leur président de conseil départemental et leurs conseillers municipaux et départementaux.
Les municipalités ont des ressources limitées, où allez-vous trou- ver les moyens pour réaliser vos projets ?
Le diagnostic réalisé au niveau de la Ville nous a permis d’identifier les véritables problèmes de notre Ville. On peut citer l’environnement, avec l’absence d’un réseau efficace de collecte et d’évacuation des eaux usées domestiques et industrielles, l’avancée de la mer ; le problème de l’assainissement est donc l’une des grandes préoccupations de Rufisque. Au niveau de la Santé, l’accès à des soins est de plus en plus difficile pour les populations, et on note le délabre- ment et le sous équipement de la plu- part des structures de santé. A cela, s’ajoute la situation de l’hôpital Youssou Mbargane Diop avec son faible plateau médical.
Au niveau de l’Education, l’on note l’insuffisance de structures publiques et l’état de vétusté des infra- structures scolaires. Bien entendu, l’Etat devra finaliser la mise en œuvre de la territorialisation des politiques publiques par l’octroi de moyens supplémentaires aux collectivités territoriales. Cependant, notre programme de transformation qui s’appuie sur un changement de paradigme dans le modèle de financement des activités à travers une augmentation substantielle des investissements mais aussi et sur- tout par des financements innovants avec des partenariats publics et privés et la coopération internationale jusqu’ici large- ment sous exploités va nous permettre d’amorcer de véritables changements à Rufisque. A travers le mouvement « Bey Sa Waar » nous avons pu expérimenter des modèles de partenariat ayant permis de renforcer l’autonomisation des femmes par exemple à travers le développement d’une économie circulaire.
Propos recueillis par Charles Gaïky DIENE