Pendant des semaines, le ministre de la Santé s’est entêté dans le déni, mais il est rattrapé par cette «crise de l’oxygène» qui a éclaté au grand jour. En plus des tensions, le burn-out du personnel soignant, le système sanitaire est à bout de souffle à l’image d’un patient en détresse respiratoire.
N’est-ce pas ? «La situation est catastrophique. On trimballait des femmes enceintes pour trouver un poste de santé pour son accouchement… Aujourd’hui, les ambulances tournent avec les malades un peu partout et on leur dit que les hôpitaux sont pleins. Finalement, ils décèdent dans les véhicules. On n’a plus d’endroit pour prendre en charge les malades. C’est une situation dramatique», révèle Pr El Hadji Niang, chef du service de Radiologie de l’Hôpital Aristide Le Dantec et président de la Ligue des consommateurs, sur Tfm. Pourquoi ? «C’est simple. Il n’y a pas d’oxygène dans la plupart des hôpitaux. Certains ont peur de lancer l’alerte et se disent que toute vérité n’est pas bonne à dire. Si on ne dit pas la vérité, les problèmes ne sont pas solutionnés. Je ne veux pas polémiquer, mais je suis témoin des faits que je rapporte. On m’a référé des malades et j’étais obligé de faire le tour des hôpitaux et ils décèdent. C’est une expérience que j’ai vécue… On n’a pas les moyens de faire face à la pandémie parce qu’on vend l’oxygène. Il y a certains qui font des tests rapides et prennent en charge des malades chez eux», avance sans ambages le scientifique. Il enfonce le clou : «La vente du matériel du public dans le privé, c’est une vieille pratique dans ce pays. C’est juste la face visible de l’iceberg.» Clap de la fin d’une gestion qui avait émerveillé la communauté internationale.
Avec LeQuotidien