La bataille entre le ministre de l’Enseignement supérieur et le Syndicat Unitaire et Démocratique des Enseignants du Sénégal/ Enseignement Supérieur et Recherche (SUDES/ESR) n’a pas encore connu son épilogue. Après la sortie du ministre Cheikh Oumar HANN qui a fustigé l’attitude des responsables dudit syndicat, ceux-ci reviennent à la charge.
A travers le communiqué ci-dessous, Oumar DIA et ses camarades corrigent et raillent le ministre qui s’est attribué « des réalisations qui précèdent sa nomination”
Le Sudes/ESR se réjouit qu’après quatre courriers officiels demeurés sans réponse, monsieur Cheikh Oumar Hanne daigne répondre, par voie de presse, à une conférence de presse qui ne lui était même pas prioritairement destinée. Le Sudes/ESR se réjouit de plus que la réponse du ministre prenne la forme d’une « mise au point ». Cela nous donne l’occasion d’informer encore une fois l’opinion des raisons objectives qui ont menées un syndicat aussi responsable que le Sudes/ESR à cette extrémité qu’est le dépôt d’un préavis de grève.
Monsieur le ministre Hanne se délivre un satisfécit pour sa gestion du sous secteur de l’enseignement supérieur, se vantant d’avoir livré des infrastructures dans les différentes universités publiques du pays, réformé les retraites et augmenté les revenus des enseignants du supérieur. Quant à nos critiques sur la gouvernance des universités, monsieur le ministre se réfugie derrière un autre syndicat auquel il attribue la paternité d’une réforme dont le résultat net est l’érosion de l’autonomie des universités à travers la mise en place de conseils d’administration où les enseignants-chercheurs sont minoritaires.
Nonobstant le fait que monsieur le ministre cite pêle-mêle et s’attribue des réalisations qui précèdent sa nomination, il est incompréhensible, si son autosatisfaction est justifiée, que les acteurs des universités publiques fassent montre d’une telle insatisfaction. Ne parlons-nous pas du même système universitaire qui a vu le syndicat dont se drape le ministre partir en grève pour trois jours, l’intersyndicale de l’UVS réclamer les moyens de travailler, les étudiants de l’UGB décréter 72h de grève et de journées sans ticket, les étudiants de l’Université Iba Der Thiam marcher de Thiès à Diamniadio, les étudiants de l’Université Alioune Diop de Bambey décréter une grève illimitée et l’Université Assane Seck de Ziguinchor vivre une année blanche ? M. le ministre Hanne semble décidément le seul satisfait de sa propre gestion du système universitaire sénégalais.
Concernant la gouvernance des universités le ministre se contente d’accuser un autre syndicat d’être à l’origine de la loi dont le Sudes/ESR déplore le vote. D’une part, le Sudes/ESR s’adresse au gouvernement, pas à un autre syndicat. D’autre part il est malvenu pour un ministre de la République d’accuser un syndicat d’être responsable de la perte d’autonomie des universités sénégalaises. Cette loi pose un problème de fond et n’est pas conforme aux engagements internationaux de la République du Sénégal. Le Sudes/ESR espère que le ministre en prendra conscience et organisera les discussions qui mèneront à sa modification substantielle.
Concernant les infrastructures, le ministre se réjouit de la réception « d’amphithéâtres en préfabriqué ». Le Sudes/ESR estime qu’il n’y a là nul motif de réjouissance. Transférer dans le supérieur le fléau des abris provisoires ne saurait tenir lieu de construction d’infrastructures. Ce qui est indéniable, c’est que l’amphithéâtre de l’Université de Ziguinchor qui aurait du être achevé en 2009 ne l’est toujours pas, qu’il n’y a nulle construction d’infrastructure d’envergure à l’Ucad malgré les 80000 étudiants que compte ce fleuron de l’enseignement supérieur sénégalais, que les étudiants de Thiès marchent sur Diamniadio pour réclamer l’achèvement de leurs infrastructures, que les universités de Diamniadio et de Kaolack n’ont toujours pas vu leurs campus sortir de terre et louent à prix d’or maisons et immeubles, etc. De plus, les extensions que réclame le Sudes/ESR ne sont rien d’autre que l’application des décisions déjà prises par le président de la République suite à la CNAES pilotée à l’époque par le professeur Souleymane Bachir Diagne.
Concernant les recrutements, si l’on considère les chiffres de l’année 2015, il avait été calculé que si le Sénégal voulait atteindre la norme définie par l’UNESCO pour les pays pauvres, il devait recruter immédiatement 3316 enseignants-chercheurs, compte non tenu de l’augmentation de la population estudiantine. Le ministre Hanne se réjouit d’avoir fait recruter 400 enseignants-chercheurs en deux ans. Non seulement on est loin du compte mais en plus le ministère met les universités dans une situation inconfortable puisqu’après leur avoir demandé de recruter ces enseignants-chercheurs, il ne leur a pas alloué les rallonges budgétaires qui leur auraient permis de les rémunérer. Quand le Sudes/ESR demande le recrutement de 500 enseignants-chercheurs par an pendant dix ans, il fait donc preuve d’une très grande responsabilité ne tenant pas seulement compte des normes mais également de la situation budgétaire du pays.
Concernant l’UVS, même si le Sudes/ESR continue à estimer qu’il s’agit d’une mauvaise réponse à un vrai problème – celui de la massification de l’enseignement supérieur sénégalais– il n’en est pas moins solidaire de nos collègues qui font marcher cette université et soutient leur lutte pour que le gouvernement leur donne les moyens de remplir adéquatement leur mission.
Par ailleurs M. le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation accuse certains responsables du Sudes/ESR d’arrogance, d’immaturité et de déficit de considération envers les autorités académiques. Le Sudes/ESR se contentera de continuer à apprécier objectivement les actes des autorités universitaires et ministérielles. Ainsi, le Sudes/ESR a-t-il eu l’occasion de saluer publiquement l’action positive du recteur de Dakar qui a collaboré avec le Sudes/ESR pour régler un certain nombre de problèmes épineux auxquels l’Ucad était confrontée depuis quelques années déjà. Le Sudes/ESR salue également les efforts de Madame le Recteur de Thiès qui s’est organisée, malgré le refus du ministère de lui allouer les crédits promis, pour payer les salaires des enseignants-chercheurs recrutés à la demande dudit ministère. Enfin, le Sudes/ESR profite de cette occasion pour remercier chaleureusement M. Mamadou Talla, ministre de l’Éducation Nationale avec lequel il a eu une collaboration fructueuse pour faciliter le détachement dans les universités publiques sénégalaises d’enseignants du moyen secondaire. Le Sudes/ESR espère avoir un jour le bonheur de féliciter publiquement son ministre de tutelle mais il faudrait que ce fut pour un acte méritoire. En attendant, le Sudes/ESR reste à la disposition du gouvernement pour travailler à l’amélioration de notre système d’enseignement supérieur conformément à son crédo qui est : « Le Sudes/ESR au service de l’École, de l’Université et des Enseignants.