Le capitaine Oumar Touré, le ci-devant ex-enquêteur dans l’affaire qui oppose Ousmane Sonko à Adji Sarr, a démissionné, avant-hier, de la gendarmerie dans une lettre et une vidéo devenues virales. WalfQuotidien revient sur son acte, à la lumière des textes qui régissent la gendarmerie.
«Je ne suis qu’un capitaine de Gendarmerie, qui est dans l’obligation de parler au risque de ma vie car à l’impossible, nul n’est tenu. Depuis la fuite du procès-verbal concernant cette enquête, je suis suivi par des individus dont j’ignore la vraie motivation jusqu’à ce qu’on m’apprenne qu’il s’agissait des éléments de la Direction nationale du renseignement sénégalais. Depuis lors, aucune mesure n’a été prise et les individus continuent leur forfaiture en suivant tous mes déplacements, allant même jusqu’à mettre sous écoute mes communications en anticipant tous mes faits et gestes. (…) Je tiens à informer la Communauté nationale et internationale que tout ce qui m’arrivera à moi ou à un membre de la famille sera de la responsabilité exclusive de l’Etat du Sénégal et de la gendarmerie nationale qui n’a rien fait pour faire cesser la violation de mes droits», a dit, avant-hier, en substance le capitaine Oumar Touré. Seulement, plus tard, dans une vidéo devenue virale, il dit avoir trouvé refuge à Touba. Un lieu qu’il a cité nommément dans son speech de près de dix minutes. Une chose curieuse pour quelqu’un qui se dit persécuté
Deuxième incongruité, dans sa lettre, le capitaine a indiqué avoir saisi sa hiérarchie par correspondance en date du 3 mars 2021 de «ses craintes pour sa sécurité et celle de sa famille». Et face aux impairs, il a préféré rendre le tablier. Or, selon les textes qui régissent la Gendarmerie, si le démissionnaire est un officier, il doit adresser la demande au président de la République. Et selon la loi 62-37 relative au statut des officiers, tout officier a le droit de démissionner auprès de sa hiérarchie qui dispose d’un délai de deux mois pour statuer sur la demande. Pendant ce délai, l’officier doit attendre réponse à sa demande. Or, entre la semaine passée, date à laquelle le capitaine Touré dit avoir informé sa hiérarchie et la publication de sa lettre de démission dans les réseaux sociaux, il ne s’est guère écoulé un temps long encore moins la période de deux mois, le délai légal offert à un officier pour se libérer de la Gendarmerie. Ce qui est le plus frappant, le capitaine Touré n’est pas sans connaitre les textes de la Gendarmerie qui indiquent que si le militaire part sans attendre la réponse à la demande de sa démission, il est considéré comme «déserteur» et la hiérarchie peut déclencher la procédure pour le délit de désertion. Un délit puni par le Code de la Justice avec une peine allant de 6 mois à 5 ans d’emprisonnement. Sans compter les autres circonstances qui peuvent aggraver la peine maximale encourue.
La troisième curiosité est que, dans sa vidéo, le capitaine Touré qui affirme être soumis au droit de réserve demande la démission du ministre de l’Intérieur qu’il a jugé «irresponsable» en se basant sur la dernière intervention du locataire de la place de Washington. L’Officier démissionnaire de la Gendarmerie a également insisté sur la démission du ministre de la Justice et celle du procureur de la République. Tout en demandant à la jeunesse de reporter sa manifestation d’indignation au vendredi prochain. Un rendez-vous auquel il entend assister après avoir sollicité «une escorte» auprès du Haut commandant. Pour quelqu’un qui ne se sentait pas du tout en sécurité, il s’est curieusement retrouvé fort plus que jamais. Curieux, non ?
Ndèye Maguette SEYE