Où est passée la Téranga sénégalaise ? Sans aucune pitié pour 9 étudiantes gabonaises, G.Thioune, qui leur faisait miroiter des appartements à louer, a encaissé leurs maigres économies sans les loger. Le préjudice est estimé à plus de 3 millions de FCfa.
Se tournant vers ses sept victimes présentes à l’audience du tribunal des flagrants délits de Dakar, le 28 janvier 2021, G.Thioune, né en 1984 et secouriste, leur a dit : « J’ai été victime d’une escroquerie commis par un Gabonais qui s’est volatilisé avec mes 2 millions de FCfa. C’est pour cela que j’en ai voulu à tous les Gabonais et que j’ai soutiré de l’argent à ces jeunes filles ».
Cette introduction faite, le prévenu en vient aux faits qu’il a reconnu sans ambages. Lorsqu’une étudiante a manifesté le souhait de trouver un logement sur Facebook, il s’est fait passer pour Yaya Bâ, Oumar Coulibaly, ou encore Oumar Fall, etc. en leur proposant des studios ou appartements. Toujours sur Internet, Thioune a d’abord capturé la pièce d’identité de Y.Ba et s’est fait passer pour lui. Ensuite, il a établi des conventions avec les étudiantes, leur a donné rendez-vous, s’est présenté et a encaissé l’argent. Les sommes sont ainsi constituées, selon lui : un mois d’avance, un mois de loyer et la commission du courtier. À ses victimes, il disait que les appartements étaient occupés et qu’elles ne pouvaient pas les visiter. Une fois l’argent encaissé, le prévenu disparaissait et bloquait les numéros des plaignantes. Le secouriste a agi de la sorte en encaissant des sommes allant de 140.000 FCfa à 750.000 FCfa de M.M.Marie, M.B.Desoce, C.G.P.Duarté, P.L.S.Mountain, T.M.Missa et P.O.Etougui. M.A.Nabirat, qui a accouché et R.Gaye étaient absentes.
Les étudiantes ont soutenu que Thioune leur envoyait des captures d’écran des appartements et leur disait de se dépêcher de conclure avant que le studio ne soit pris. Le prévenu leur proposait des locaux à Fass, Sicap rue 10, Fann Hock, Zone B, etc., non loin de leurs établissements scolaires.
Seul homme dans le rang des plaignants, Y.Ba a expliqué avoir perdu sa Carte nationale d’identité (Cni), le 15 décembre 2020. Quelqu’un l’a appelé pour lui dire qu’il l’avait retrouvée. Ainsi il a pu la récupérer. Mais le 30 décembre 2020, des collègues l’ont appelé pour lui dire qu’il y a sa photo et sa pièce d’identité dans les réseaux sociaux, avec une annonce disant qu’il est activement recherché par la Police et la gendarmerie. Il a porté plainte à la Division spéciale de la cybersécurité (Dsc). Dans la salle d’attente de la Dsc, une dame s’est présentée pour déposer une plainte contre Y.Ba, mais elle a dit que ce n’était pas à lui qu’elle avait remis son argent. Finalement, la gendarmerie de Ouakam, saisie de plusieurs plaintes, a pu arrêter G.Thioune, qui a dit que ses victimes sont au nombre de neuf.
Y.Ba a réclamé 7 millions de FCfa. Le conseil des parties civiles a demandé des dommages et intérêts allant de 250.000 FCfa à 1.000.000 de FCfa, en fonction des montants versés. Le procureur a requis trois ans ferme pour faux et usage de faux, escroquerie et usurpation d’identité.
La défense, représentée par Mes Bachir Bâ et Ahmed Fall, a compati au désarroi des plaignantes, et s’est excusée du comportement du prévenu. Ce dernier a toujours reconnu les faits. Mais qu’il ait été victime des agissements d’un Gabonais ou non, ce qui explique réellement son comportement, c’est la précarité et la maladie. « Il a été idiot de se présenter physiquement aux victimes et de les appeler sur son numéro identifié », a soutenu Me Bâ, sollicitant une application bienveillante de la loi pénale.
Le tribunal a condamné G.Thioune à un an dont six mois ferme, alloué à Y.Ba 3.000.000 de FCfa, aux étudiantes des sommes allant de 300.000 FCfa à 1.000.000 de FCfa et réservé les intérêts civils des autres plaignantes.
LeSoleil