L’audit du fichier électoral sans la participation d’aucun membre de l’opposition a fait sortir le Pds de ses gonds. Par la voix de son chargé des élections, le Docteur Cheikh Dieng, par ailleurs maire de Djiddah Thiaroye Kao, tient à faire savoir au ministre de l’Intérieur, organisateur des élections, que cet audit ne peut garantir la transparence que si les formations politiques sont associées à son élaboration, «en particulier le parti d’opposition le plus représentatif du pays, en l’occurrence le Pds».
L’audit du fichier électoral a occupé une grande place dans les débats de la commission cellulaire du dialogue politique présidée par le regretté Général Niang. Mais la décision de confier cet audit à un cabinet étranger sans la présence de l’opposition n’agrée pas le Pds. Ainsi par la voix de son secrétaire national chargé des élections, le parti de Wade tient à mettre en garde le ministre de l’Intérieur. «Le Pds voudrait vous rappeler que le fichier électoral ne peut garantir la transparence que si les formations politiques sont associées à son élaboration, en particulier le parti d’opposition le plus représentatif du pays, en l’occurrence le Pds, seul parti fort d’un groupe parlementaire d’opposition au sein de l’Assemblée nationale», affirme Docteur Cheikh Dieng, par ailleurs maire de Djidah Thiaroye Kao et chargé des élections du Pds. En conséquence, poursuit-il, «le Pds réclame une place pleine et entière dans le processus d’audit du fichier électoral et de réforme des lois électorales, en dehors de toute coalition de partis». En effet, soutient le secrétaire national chargé des élections du Pds, «l’ensemble des partis politiques présents à l’Assemblée nationale devraient être représentés au moins par deux membres au sein de la commission chargée du pilotage de l’audit». C’est pourquoi le Pds qui a toujours considéré ce dialogue national comme un deal tient à se faire entendre et à rappeler sa position. «Le Pds voyant que le Front de résistance nationale était instrumentalisé à des fins politiques pour justifier l’entrée au gouvernement d’une frange de l’opposition qui était membre de ce front, sous le couvert de ce dialogue, a quitté le Frn à l’époque. Aujourd’hui, l’histoire lui a donné largement raison sur les véritables motivations de cet appel au dialogue», martèle le chargé des élections du Pds dans cette lettre adressée au ministre de l’Intérieur avec ampliation à l’Ambassadeur des Usa, à la directrice de l’Usaid, à la cheffe de la délégation de l’Union européenne et au National Democratic Institute.
Le Pds de rappeler avoir «historiquement» porté depuis 1974, date de sa création, le combat pour un processus électoral «libre et permettant» l’expression sincère du suffrage du peuple, seule garantie pour disposer d’institutions politiques légitimes et d’une paix sociale durable et instaurer une véritable démocratie. Cheikh Dieng d’expliquer que «le Pds, au lendemain des élections législatives de 2017, avait produit un livre blanc retraçant les nombreuses manipulations frauduleuses qui ont permis une victoire illégitime de la coalition BBY lors des élections législatives du 30 juillet 2017 et exigé un audit du fichier électoral volontairement piégé par le régime en place pour s’assurer une victoire sans coup férir, à tout type d’élection.»
A l’issue des dernières élections législatives, le Pds accuse le pouvoir d’avoir organisé un simulacre d’audit du fichier électoral dans une démarche jugée unilatérale. «Vous avez persisté dans cette démarche unilatérale pour imposer à la classe politique, un parrainage fantaisiste, malgré l’avis défavorable unanime de tous vos adversaires et des démocrates». Un parrainage qui, dit-il, a permis «d’éliminer injustement la plupart des candidats pour n’en garder que ceux que vous aviez choisis d’avance et dont d’ailleurs, certains viennent de rejoindre la majorité présidentielle. A cela s’ajoute l’élimination des principaux challengers du candidat-Président, au moyen du bras armé de la justice, privant ainsi Messieurs Karim Wade et Khalifa Sall de leur droit légitime à participer à l’élection».
Georges Nesta DIOP