Surprise, désolation et peur au ventre, ce sont là les sentiments les plus partagés par les populations de Ngadiaga, un village de la commune de Notto de Gouye Diama, dans le département de Tivaouane.
Elles ont eu, samedi dernier, la peur de leur vie, quand elles virent les colonnes des flammes monter au ciel, après l’explosion d’un des puits de gaz naturel en phase test, exploité par Fortesa. Ce fut alors la débandade, chacun cherchant à fuir le plus loin possible la catastrophe. A 9 heures, le village s’était vidé de ses habitants, selon certains témoignages. En visite sur les lieux de la catastrophe, le ministre du Pétrole et des Energies, s’est voulu rassurant, même s’il avoue être dans l’incapacité de dire avec exactitude quand le feu pourra être maîtrisé. «Nous sommes en train de voir avec Petrosen et une société de forage comment faire pour localiser la fuite de gaz et essayer de boucher le trou. Donc vous imaginez que cela va prendre quelques jours, mais ce ne sera pas long. Tout le monde est à pied d’œuvre. Nous avons une réunion technique ce lundi pour nous pencher sur la question», affirme Aïssatou Sophie Gladima, ajoutant que ce incident est une première au Sénégal et qu’il est par conséquent difficile de dire qu’il n’y a de danger.
Le maire de la commune, Magueye Ndiaye, affirme que c’est aux environs de 9h 30 qu’ils ont été informés de l’incendie. «Nous avions pensé alors que l’incendie allait être vite maîtrisé. Mais malgré l’intervention des sapeurs-pompiers, il était quasi impossible d’éteindre ce genre d’incendie avec de l’eau. Des renforts sont venus de Dakar et toutes les autorités administratives de la région sont là. Nous sommes dans une situation d’inquiétude totale parce que les populations ont quitté le village pour aller se réfugier ailleurs», dit-il, ajoutant qu’ils sont dépassés par la situation, surtout dans le cadre de la prise en charge des blessés.
A ce titre, il dira avoir de tout temps indiqué aux autorités et à la société Fortesa qui exploite le gaz que la commune de Notto Gouye Diama devait au moins disposer d’un hôpital de type 1, ne serait-ce que pour parer aux catastrophes de ce genre. «Imaginez ce qui serait arrivé si, au lieu d’un incendie, nous devions faire face à des émanations de gaz toxique. La situation serait simplement catastrophique», poursuit le maire qui soutient que Ngadiaga a tout donné à la société Fortesa, ses terres, sa ressource et son hospitalité. «Et qu’est-ce qu’il reçoit en retour? Rien que de la poussière et du danger qui plane en permanence sur ses habitants», fulmine le maire, ajoutant que le directeur de la société n’a jamais voulu les rencontrer. Mais, d’après lui, avec ce qui vient de se passer, il a l’obligation de le faire dans les meilleurs délais, car ils doivent disposer d’assez d’informations sur cette explosion. Quant à Gora Lô membre du collectif pour le développement de Ngadiaga, il affirme que leur localité est en danger depuis 1997, date de démarrage de l’exploitation du gaz. «Nous sommes exposés au danger parce que nous sommes entourés de puits de gaz et nous ne disposons d’aucun dispositif de prévention et de protection en cas de catastrophe. Le puits a pris feu depuis 9 heures et personne n’arrive jusqu’à présent maîtriser les flammes», dit-il. Selon lui, Fortesa exploiterait 13, 14 voire même 15 puits éparpillés dans les champs et interconnectés par un système de tuyautage et le plus grand se trouve dans le village. «On nous cachait la nature même de l’exploitation, mais aujourd’hui tout est clair. Ils sont en train de pomper du gaz de notre sous-sol sans aucune retombées pour les villages impactés, sinon de la poussière et un danger pour ne pas dire une catastrophe qui plane en permanence sur nos têtes», se plaint Gora Lô.
Sidy DIENG