Un essai pilote au Malawi, puis au Kenya et au Ghana, devrait permettre d’étudier les effets de ce nouveau produit chez environ 360 000 enfants par an.
En pleine semaine européenne de la vaccination et deux jours avant la Journée mondiale du paludisme (aussi appelée malaria), l’Alliance du vaccin Gavi (un partenariat public-privé dont l’objectif est de sauver la vie des enfants et de protéger la santé des populations en favorisant l’accès équitable à la vaccination dans les pays à faible revenu) se félicite du lancement du premier essai pilote d’un vaccin contre cette maladie transmise par les moustiques. Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé, la malaria a touché 219 millions de personnes dans le monde en 2017 et en a tué 435 000 (essentiellement en Afrique).
Cela fait des décennies que des chercheurs annoncent avoir trouvé un moyen de vaincre ce fléau responsable de la mort d’un enfant toutes les deux minutes. Jusqu’à présent, les espoirs ont toujours été de courte durée, alors cette fois sera-t-elle la bonne ? Lors des essais cliniques, le vaccin a permis de prévenir environ quatre cas de paludisme sur dix, ainsi que 30 % des cas graves, potentiellement fatals. Il a également réduit de 60 % l’anémie sévère due à cette maladie. Or c’est la principale cause de décès chez les enfants impaludés, précise le communiqué de presse émanant de Gavi, du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et d’Unitaid. Ils fournissent, à eux trois, près de 50 millions de dollars US pour financer la première phase de ces études pilotes.
« Un outil complémentaire »
La vaccination, avec ce produit bien toléré lors des essais, nécessite quatre doses ; la première s’administre le plus tôt possible après l’âge de cinq mois, puis la deuxième et la troisième dose à un mois d’intervalle et la quatrième, 15 à 18 mois après la troisième. L’essai pilote, commencé au Malawi, va se poursuivre au Kenya et au Ghana. L’objectif est de vacciner environ 360 000 enfants par an dans ces trois pays, afin d’évaluer sur le terrain la faisabilité de l’administration des quatre doses requises et le rôle de cette prévention dans la réduction de la mortalité infantile ainsi que son innocuité dans le cadre de son utilisation systématique.
« Le vaccin pourrait constituer un outil complémentaire, venant s’ajouter à l’arsenal recommandé par l’OMS pour la prévention du paludisme, à savoir l’utilisation systématique de moustiquaires imprégnées d’insecticide, la pulvérisation d’insecticide à l’intérieur des habitations et si besoin l’utilisation des tests et traitements antipaludiques », précise le communiqué de presse. Concernant ces derniers, l’Académie nationale de médecine a récemment adressé une mise en garde concernant l’usage de tisanes ou de capsules de feuilles séchées d’Artemisia annua pour traiter la malaria, voire la prévenir. Jusqu’à présent, comme l’indique l’institut Pasteur sur son site, il existe plusieurs molécules antipaludiques qui peuvent être utilisées en prophylaxie (lors d’un voyage en zone endémique) ou en thérapeutique : les plus connues sont la chloroquine et la quinine. D’autres, comme la méfloquine, sont utilisées dans les régions où vivent des parasites résistants à la chloroquine. Toutes doivent être prescrites par un médecin en fonction des zonés visitées et des individus. Et s’accompagner d’une protection chimique ou mécanique (produits antimoustiques et moustiquaire).
Avec Le Point