Même si le nombre de cas de coronavirus n’est pas encore alarmant au Sénégal, cette pandémie va sans doute laisser des traces dans le tissu économique. Si elle perdure, ce sera l’arrêt de mort du tourisme, avec la fermeture de grands groupe d’hôtels, le chômage de milliers de Sénégalais, l’effondrement des recettes douanières sur les chaînes de valeur à l’importation et à l’exportation des produits ou encore la croissance qui risque d’être en décroissance. Et l’Etat, qui n’a encore annoncé aucune mesure pour maintenir la capacité des entreprises à redémarrer leur activité lorsque la crise sera passée, semble oublier cette guerre économique.
Horizon économique flou. L’Etat du Sénégal a annoncé avec satisfactions beaucoup de mesures de protection des populations contre la propagation de l’épidémie du Covid19 qui sévit dans le monde. Mais, ce virus baladeur ayant un impact fort sur les activités économiques, menacées de paralysie, beaucoup se posent des questions sur le soutien à la création de richesse. Car, des mesures économiques sont en train d’être prises dans tous les pays de la planète. Des fonds spéciaux pour la pandémie mais également pour l’économie. En effet, même des pays africains comme le Maroc, ont annoncé des soutiens économiques avec notamment une baisse du prix de l’essence. L’Amérique, la première puissance mondiale de Donald Trump a débloqué 70 milliards de dollars, il y a quatre jours lors qu’il a déclenché l’Etat d’urgence après avoir fermé ses frontières aux ressortissants de l’espace Schengen. A côté de cette mesure de l’administration Trump, la Réserve fédérale américaine abaisse ses taux directeurs à une fourchette comprise entre 0 et 0,25 % face aux risques pour l’économie.
En Allemagne, les ministres de l’Economie et des Finances, Peter Altmaier et Olaf Scholz, ont ainsi présenté un paquet de mesures pensées comme «un bouclier pour les entreprises et leurs employés». A terme, c’est un bouclier de 500 milliards d’euros qui est prévu pour maintenir les activités. Selon le quotidien économique français Les Echos, le budget allemand garantit actuellement à la banque un cadre financier de 460 milliards d’euros, mais ce montant pourrait être augmenté de 93 milliards d’euros, ce qui donnerait à la banque plus de 500 milliards d’euros de puissance de feu.
En France aussi, Edouard Phillipe avait annoncé des dizaines de milliards d’euros mais deux jours après son chef, Emmanuel Macron, a porté la note à presque 400 milliards d’euros sur le long terme, après la réaction allemande, avec 45 milliards rien que pour soutenir les entreprises les plus touchées. Mais au Sénégal, certes pays pauvre où l’on ne peut espérer grand chose de l’Etat dans le soutien pour le rebond des secteurs touchés, les autorités n’ont pas encore bouger dans ce sens alors que cette épidémie risque de tuer le secteur du tourisme et de l’hôtellerie qui venait juste de sortir la tête hors de l’eau. Ainsi, des mesures énergiques sur le Fisc’ ou sur la baisse d’intrants seraient un geste de survie pour beaucoup d’entreprises. En effet, baisser le prix de l’essence à la pompe dans ce contexte de dégringolade du prix du baril pourrait beaucoup aider les entreprises. Car, si on protège ou soigne alors que tout le monde est au chômage, ce ne serait pas une très bonne idée. Et l’inquiète est palpable chez le patronat qui commence à sensibiliser l’Etat sur cette guerre sans doute oubliée.
Seyni DIOP