(Correspondance) – S’il y a une sortie qui n’a pas du tout été du goût des populations de Tassète, c’est bien celle du maire de cette dite commune rurale du département de Thiès.
Une sortie qu’elles jugent truffée de contrevérités et qui, à les en croire, témoigne de la fourberie de l’édile de leur localité qui use sans cesse de son «talent de mystificateur et d’imposteur pour tromper son monde et servir ses propres intérêts». En effet ces populations regroupées autour d’un collectif dit de défense des intérêts de Tassète ont battu le macadam pour voguer à contre-courant des déclarations fallacieuses que leur maire a servies tout au long d’un film documentaire intitulé «la marche des territoires». Un film qu’il a commandité et qui a été servi sur le plateau d’une chaine de télévision de la place et dont l’objectif, estiment-elles, est de «masquer sa gestion nébuleuse» des affaires de leur commune. Aussi et pour le président du collectif, Tidiane Diop, ce mouvement d’humeur des populations se veut pour rétablir la vérité et dénoncer la «gestion clanique» du maire Mamadou Thiaw par ailleurs secrétaire exécutif du Programme national de développement local, Pndl. «Nous n’arrivons pas à comprendre comment le maire a pu parler de réalisations que lui seul peut voir et qui peut laisser croire que Tassette baigne dans l’opulence alors que les populations se morfondent dans un état de dénuement total». Et de poursuivre pour dénoncer quand l’édile de la commune parle de la création de pistes communautaires, de la construction de sept forages, d’un appui aux paysans au point de les amener à faire un chiffre d’affaires de 10 millions de FCFA par paysans et par an, de la réalisation de 1 000 branchements sociaux, d’une unité de purification d’eau à hauteur de 10 millions et d’une pharmacie communautaire pour les éleveurs à hauteur de 10 millions de francs Cfa. «Le bon sens aurait voulu, au moins, qu’il dise où se situent ces réalisations et de quels paysans il parle. Des omissions pour ne pas dire des manquements qui témoignent à suffisance de la fausseté de tout ce qui a été dit dans ce reportage qui ne traduit pas la réalité et qui par contre est pour servir les ambitions d’un maire disposé à user de la tromperie pour se faire une promotion sur les dos de ses administrés qui vivent le calvaire au quotidien».
Au-delà de toutes les faussetés notées dans ledit film documentaire, les manifestants ont aussi vertement décrié la gestion foncière et le manque criard d’eau auquel les populations de Tassette font face. A titre d’exemple pour le foncier, ils citeront le différend qui oppose le village de Mbousnakh et ses environs au maire et qui tourne autour d’une opération de désaffectation de 300 hectares de terre au profit d’un promoteur privé. Ce qui, selon eux, représente une violation flagrante des dispositions du code général des collectivités locales et qui a été décriée, à l’époque par la section communale du Forum civil de Tassette, qui, par la voix de son coordonnateur, Daouda Diop, faisait remarquer que la délibération avait fait l’objet d’un refus d’approbation par le prédécesseur de l’actuel sous-préfet. Toutes situations aussi alarmantes qui, les ont amenés à recourir à l’Ofnac. «Nous avons déjà déposé une plainte auprès de l’Ofnac. Cette dernière a d’ailleurs envoyé des agents pour mener des enquêtes qui seraient presque en phase de bouclage. Nous allons aussi saisir la Descos à propos d’un lotissement fictif à Tassette procédé depuis 2016. Nous sommes en bonne voie et comptons interpeller toutes les autorités compétentes sur tous ces problèmes qui étouffent toutes velléités de développement de notre commune».
Et, s’agissant de la question de l’eau, disent-ils, aucun forage n’a été construit et pour les braves femmes c’est la croix et la bannière pour accéder à ce liquide précieux. Pis, le prix de l’eau est beaucoup plus élevé à Tassette qu’en zone urbaine alors que les installations hydrauliques qui pompent l’eau pour alimenter le réseau Ndiosmone-Palmarin se trouvent en terre tassétoise. Pour simplement dire, selon eux, l’urgence qu’il y a pour que le ministre en charge des Collectivités territoriales s’intéresse à ces questions cruciales afin de vérifier la destination réelle des fonds mis en place dans la commune de Tassète par le Pndl. Mais aussi qu’un audit soit diligenté sur la gestion municipale afin que le maire puisse rendre compte non seulement de l’utilisation que son équipe et lui-même ont faite des financements reçus à travers le Programme national de développement local ainsi que des fonds de cours et de dotation. Surtout quant on sait toutes les difficultés que les populations de la commune rencontrent dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’énergie. Quid de la difficulté d’accès aux crédits pour les femmes et la jeunesse qui se sentent laissés à elles-mêmes ? Aussi Tidiane Diop et ses concitoyens d’estimer qu’au regard de tous ces manquements, le mieux serait de mettre la commune de Tassète sous délégation spéciale en attendant de tirer toute cette affaire au clair et de permettre aux populations de pouvoir enfin respirer.
Sidy DIENG