Alors que le gouvernement de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) tente d’expliquer les avantages du Franc Cfa qui est «une bonne monnaie», la France, elle, trouve un malin plaisir à renvoyer la patate chaude aux dirigeants africains. Pis, elle invite à l’Elysée les pourfendeurs de celle-ci.
Le débat sur le Franc Cfa a été remis au goût du jour suite à la sortie du Président béninois Patrice Talon sur les réserves de change, l’économiste et ancien ministre togolais Kako Nubukpo, ancien de la Banque centrale qui s’est viré, multiplie les débats et conférences dans l’Hexagone, de façon suspecte, pour dénoncer ce soit disant «butin de guerre» ou instrument de servitude selon certains, toujours les mêmes. Mieux, on a vu, il y a quelques jours, le rappeur américain d’origine sénégalaise, Alioune Badara Seck, Akon, s’attaquer vertement, sur la chaîne française Tv5 Monde, à cette monnaie et à la France. Lequel pays «profite des ressources de l’Afrique sans retour».
C’est donc l’artillerie lourde que les pourfendeurs de cette monnaie ont sorti pour enfoncer le clou. Ainsi, le débat continue de faire rage sans que les choses ne bougent d’un iota et que la France trouve un malin plaisir à renvoyer la balle aux dirigeants africains qui font le mort. Pourtant, si les arguments ne manquent pas pour certains économistes, force est de constater que de nombreux animateurs de ce débat ne sont pas dénués d’arrière pensée, s’ils ne sont pas à la solde d’une puissance étrangère que cette monnaie gêne beaucoup dans ses rapports avec le continent. En effet, il est de notoriété publique que le rappeur Akon projette de sortir une nouvelle crypto-monnaie nommée Akoin, comme le Bitcoin. Donc, ses positions sur le Franc Cfa sont loin d’être crédibles, d’autant qu’il n’a aucune expertise sur ces problèmes-là à côté de ces faux spécialistes de la monnaie qui nous pompent l’air. Qui plus est, la plupart des animateurs de ce débat sur le Cfa semblent juste être gênés par le mot «Franc». Pourtant, la Suisse, qui n’a jamais eu de colonies, a son Franc suisse. Les belges qui ont certes eu des colonies utilisent l’appellation «Franc» qui ne veut forcément pas dire «France». Mieux, le Congo, ex-Zaïre, après avoir appelé sa monnaie Zaïre, est revenu au franc congolais. Idem pour le Rwanda qui n’est pas suspecte et qui utilise aussi l’appellation Franc. Donc, c’est un débat totalement biaisé et on ne donne la parole qu’aux pourfendeurs.
Le véritable problème de nos Etats semble se trouver dans la gouvernance de nos pays où nos chefs d’Etat se comportent comme des Monarques, dépensent sans compter, renient leurs engagements devant le peuple et font planer l’insécurité dans la zone où, plus de 50 ans après les indépendances nos Etats n’arrivent pas assurer leur sécurité. Et on nous fatigue avec une affaire qui marche, c’est-à-dire le franc Cfa.
Le débat fait rage et tout le monde s’émeut mais personne ne semble indigner que des soldats français meurent au Mali pour les Maliens. On nous parle de la puissance coloniale alors que nos Etat sont incapables d’assurer leur propre sécurité pour certains.
S’agissant du compte d’opération des pays de la zone «Franc», ils l’ont en partage avec la France qui garantit la convertibilité de la monnaie. Nous avons d’ailleurs été les premiers à réussir l’intégration monétaire bien avant l’Euro.
Ce que beaucoup ne savent pas, c’est que la Banque centrale achète de l’or déjà depuis quelques années, l’or qui est connu pour être une valeur refuge. Donc, c’est injuste de ne pas reconnaître qu’il y a eu des réformes du gouvernement de la Banque centrale, et dans les méthodologies et dans les références. Des efforts anéantis par le comportement de l’ex-puissance coloniale. Car, Emmanuel Macron, on ne comprend pas son jeu d’inviter à l’Elysée les pourfendeurs du Franc Cfa dans un dîner du Conseil présidentiel pour l’Afrique, comme le togolais Kako Nubukpo, organisé afin de recueillir des propositions de réforme du franc Cfa. Ce qui semble prouver que les Français ne sont pas très clairs. En tout l’intervention de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, qui est un banquier central, a été appréciée dans tous les Etats de l’union.
Seyni DIOP