La récente sortie du chef de la délégation du Fonds monétaire international (Fmi) n’est pas du goût de l’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar. Moustapha Diakhaté, n’a pas apprécié les injonctions de Mme Corinne Déléchat qui, lors de sa conférence de presse de fin de mission, a donné des injonctions de bonne gouvernance à l’Etat sénégalais.
Selon, l’ancien parlementaire, ces injonctions sont «une véritable lapidation de la souveraineté» du Sénégal. «Elle a listé, avec la morgue et le paternalisme de son institution, les injonctions auxquelles le Sénégal doit se soumettre. La lecture des comptes rendus des journaux laisse apparaitre une véritable séance de piétinement de la souveraineté nationale et d’irrespect à l’égard des prérogatives de définition de la politique de la nation que la Constitution confère au seul président de la République du Sénégal», dénonce l’actuel ministre conseiller auprès du président de la République sur sa page facebook. Il souligne que depuis toujours, le Fmi fait le même diagnostic, propose le même remède quelle que soit la pathologie du pays qu’il ausculte. «Sa litanie de la seule réduction du train de vie l’Etat ne fait pas une politique de développement économique et n’a jamais relevé un pays. Mieux partout où le Fmi passe surgit une crise économique et sociale encore plus aiguë que la crise qu’il est venu guérir. En effet, pour le Fmi, rien n’est jamais assez et malgré tous les efforts consentis», soutient l’ancien ministre chef de cabinet du Président Sall. C’est pourquoi, il exige de l’institution monétaire d’aller toujours plus loin. «Chercher de nouvelles ressources signifie clairement : serrer encore davantage le budget, assécher les dépenses publiques, poursuivre, en le durcissant encore, le blocage des salaires, accélérer les privatisations, bloquer les grilles indiciaires… Autrement dit, pour tous, une misère accentuée, un chômage en croissance et un pouvoir d’achat en chute libre, des services publics défaillants, école, santé, énergie… liquidés ou bradés au privé étranger comme ce fut le cas avec la Senelec, la Sonacos, la Bnds », indique-t-il.
Très en verve, Moustapha Diakhaté souligne que comme lors des plans d’ajustements structurels, les remèdes du Fmi plongent le pays qui les applique dans la crise. Il ajoute que «c’est dommage que le Sénégal et l’Afrique continuent à dérouler le tapis rouge au Fmi alors qu’ils disposent d’universitaires, cadres de haut niveau plus outillés que les missionnaires du Fonds pour leur permettre de relever les défis économiques et financiers».
En revanche, grâce à ses universités et universitaires, aux cadres en activité ou non de la Bceao comme ceux de l’administration, Moustapha Diakhaté affirme que le Sénégal regorge suffisamment de matières grises sur lesquelles le président de la République peut s’appuyer et se passer, pour de bon, des conseils du Fmi et relever, dans tous les domaines, les défis techniques et scientifiques et surtout préparer le Sénégal à revendiquer sa place dans le cartel des pays pétroliers et gazeux, dans l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest et surtout dans la future Zone de libre-échange continentale africaine.
Indiquant son étonnement, Moustapha Diakhaté affirme que les injonctions du Fmi vont toujours dans le sens des remèdes que l’institution prodigue partout quelle que soit la pathologie. Il évoque entre autre, la réduction des dépenses publiques; l’augmentation des impôts ; la baisse de l’investissement public notamment pour les hôpitaux, les écoles, les routes et le secteur énergétique et la privatisation des actifs publics…
Mamadou GACKO