Le Directeur de l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal, Mamadou Sy Mbengue a décidé de répondre aux graves accusations de certains retraités contre sa gestion. En conférence de presse, hier, il s’est attaqué frontalement au président du Conseil d’administration de l’institution, Mamadou Racine Sy, qui, dit-il, souhaite son départ. Ce qui sonne comme une défiance de son Conseil d’administration.
Après la sortie de plusieurs associations de retraités l’accusant de mauvaise gestion de l’institution, de recrutement abusif, de détournement de tickets de restaurant, le Directeur de l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres), Mamadou Sy Mbengue, apporte la réplique. Lors d’un face-àface avec la presse, hier, il a exposé l’Ipres sur la place publique. Car, attaqué par de nombreuses associations de retraités sur des questions de tickets notamment, il s’est défaussé sur le président du Conseil d’administration (Pca), Mamadou Racine Sy. «Je chemine avec le Président Racine Sy depuis sept ans maintenant, depuis la Caisse de sécurité sociale. Il a luimême soutenu, un moment, ma candidature à la Direction générale de l’Ipres. On y est arrivé quasi-simultanément, même si pour lui, c’est un comeback, et avons conduit ensemble toutes les réalisations citées. Mais quand, ces supputations sont allées bon train dans la presse, je m’en suis ouvert à lui. Cela pourrait vous surprendre mais, devant témoin, un administrateur du Conseil national du patronat, il a reconnu qu’il souhaitait effectivement que je quitte la Direction générale de l’Ipres», a révélé Mamadou Sy Mbengue devant les journalistes. Poursuivant, il n’a pas manqué d’évoquer les raisons données par son Président du conseil d’administration. «Il a expliqué qu’on lui aurait soufflé que j’étais, avec un grand syndicaliste de ce pays, l’instigateur d’articles dénonçant sa longévité à la présidence du conseil d’administration, alors que son mandat est terminé depuis près de quatre ans. Par ailleurs, il me révèle que des proches dans l’entourage du président de la République lui ont soufflé que, profitant de ma proximité avec ce dernier, je travaillais à changer la donne à l’Ipres par un transfert de pouvoir du Conseil d’administration vers la Direction et une mise à terme de l’autonomie de gestion. Il s’est dès lors senti visé», a confié le patron de l’Ipres. Qui remet en cause l’autorité morale de ladite institution.
Mamadou Sy Mbengue, qui a foulé au pied son obligation de réserve, ajoute que cela a semblé avoir une suite logique si l’on se réfère au profil de la vingtaine de retraités qui ont tenu une réunion à Thiès, qui sont tous membres du mouvement politique, Alsar du Président Racine Sy et qui, sans mandat, ont voulu porter la voix de tous les retraités du Sénégal pour demander son départ. Ironisant, il a exprimé sa désolation avant de leur notifier qu’il les attendait dans une démarche de sagesse. Faisant montre d’une absence de valeurs républicaines, d’obligation de réserve, Mamadou Sy Mbengue a continué de déballer et annonce qu’il ne lâchera pas le morceau. «Je reste sur place et je fais mon boulot correctement jusqu’à ce que l’heure de mon départ sonne. Dieu a son programme et cela se réalisera, quelle que soit ma volonté», a-t-il précisé d’emblée. Pour lui, les attaques ne sont rien d’autres que de la manipulation. D’ailleurs, il soutient que certains de ses détracteurs sont abusés dans ce bras de fer qui secoue l’institution de prévoyance. «Je suis convaincu que quand arrivera l’heure où je devrais quitter la direction de l’Ipres, je quitterai à l’instant même pas une minute de plus», rassure-t-il. Avant d’apporter des précisions sur les accusations.
Rejet des accusations graves
Sur la rupture des médicaments, Mamadou Sy Mbengue précise que la prise en charge médicale des retraités n’est pas dans les obligations de l’Ipres. A l’en croire, la maladie est une branche à part entière de la sécurité sociale. Cependant, il relève qu’au Sénégal, sa prise en charge par une caisse autonome est encore embryonnaire avec la création de l’Icamo qui coordonne les activités des Institut de prévoyance maladie (Ipm). «Je signale que toutes les missions de contrôle ont considéré les dépenses y relatives comme des fautes de gestion. Mais, l’Ipres a fait le pari de poursuivre ses activités de prise en charge médicale des retraités et de leurs ayants droit en y consacrant plus de 4 milliards de francs Cfa par an dont près de 900 millions en médicaments», a-t-il précisé. Poursuivant, il relève que la cible, constituée principalement de personnes âgées est naturellement maladive, il n’y aura jamais assez de médicaments pour tout le monde et à tout moment.
Revenant sur les dysfonctionnements dans le paiement des pensions dans le nord du pays, Mamadou Sy Mbengue a tenu à souligner que l’Ipres, qui pré-positionne l’argent une semaine à l’avance auprès de ses partenaires dont le plus important est La Poste, n’y est pour rien. «Il y a eu pour la première fois, un manque de coordination entre La Poste et Post-finances. C’était nullement une difficulté à mobiliser les fonds comme on a voulu le faire croire à l’opinion mais plutôt un incident», s’est-il défendu.
Sur la fraude sur des tickets de restaurant, le patron de l’Ipres croit dur comme fer qu’on a voulu semer le doute dans l’esprit de l’opinion. «C’est moi-même, sur alerte du Directeur des ressources humaines, qui ai découvert le pot aux roses. Immédiatement, j’ai commandité un audit et porté plainte devant les juridictions. Au moment où je vous parle, les auditions ont bien démarrées et la justice nous édifiera sur cette affaire dont les montants annoncés dans la presse ne se fondent sur rien de concret. Mon devoir était de défendre les intérêts de l’Ipres en portant plainte et ma main n’a pas tremblé pour poser cet acte», a expliqué M. Mbengue. Qui reconnait l’histoire de détournement à la Direction du recouvrement. Sur ce registre, il renseigne que c’est un fait malheureux d’un agent qui a été tenté par la possibilité de frauder.
Adama COULIBALY