Y a-t-il une opposition au Sénégal. Au vue du mutisme des vaincus de la dernière élection présidentielle sur les sujets brûlants de l’heure, cette question semble légitime. A moins qu’elle ne considère la recrudescence de l’insécurité, la suppression de Premier ministre et autres préoccupations des Sénégalais comme des peccadilles.
L’opposition sénégalaise est inaudible. Et c’est à croire qu’elle a une dent contre les populations aux lendemains de la présidentielle. Sinon, comment comprendre son mutisme par rapport à la chose publique depuis quelques temps. On entend qu’Abdoul Mbaye et à la limite Hadjibou Soumaré se prononcer sur des questions d’actualité. Le reste, c’est motus et bouche cousue. En dehors des sorties sporadiques de ces caciques, il n’y a rien qui montre que le camp en face de Benno Bokk Yaakaar existe encore.
Même si elle a décidé de ne pas contester le scrutin du 24 février dernier, elle ne doit en aucune manière donner le sentiment d’avoir lâché le peuple. Et surtout le candidat malheureux Idrissa Seck, arrivé deuxième et qui a bénéficié du soutien important de toutes les formations politiques de l’opposition. Ou presque. Il doit au moins défendre les populations, même celles qui n’ont pas voté pour lui, sur des points précis. Ou s’il n’a plus envie de faire de la politique, comme semble le montrer ses nombreux silences, qu’il le dise clairement aux Sénégalais. Lesquels assistent encore au départ de sa formation politique, du Dr Abdourahmane Diouf, président des cadres du Rewmi.
Pourtant, Idrissa Seck, leader charismatique, est le seul capable de faire bouger le régime par ses sorties. Du chef de l’Etat à l’ex-Premier ministre devenu Secrétaire général de la présidence de la République, chacune de ses prises de parole dérange et est une occasion pour ameuter les répondeurs automatiques du système qui n’existent que par ça.
Mais que dire du candidat de l’antisystème, Ousmane Sonko ? Lui aussi, on ne l’entend plus depuis quelque temps pendant que le Parti démocratique sénégalais (Pds) est englué dans une crise interne qui risque de le tuer à petit feu. Parce qu’au nom du fils, le père piétine toutes les ambitions des cadres.
Abdoul Mbaye, l’ancien Premier ministre de Macky Sall, semble être le seul rescapé ce naufrage collectif. La semaine dernière, il a secoué Macky Sall et son régime sur des problématiques de l’heure en se montrant soucieux du sort des Sénégalais. «A peine sorti d’une élection présidentielle préparée par le Président sortant pendant de nombreuses années, le débat politique a été relancé, éternellement remis à l’ordre du jour, par une révision de la Constitution, l’initiative d’un dialogue politique, un prochain calendrier électoral sans doute à modifier et d’éternelles discussions à entretenir. Mais qu’attendez-vous donc pour gouverner ce pays ? Qu’attendez-vous pour protéger et sauver les vies de Sénégalaises et des Sénégalais? Prenez en charge notre sécurité sur les routes, mais aussi dans nos maisons et dans les rues. Celle de nos filles et de nos sœurs. Là se trouve la priorité des priorités, à savoir la vie de ceux qui vous auraient élu et dont vous devez vous préoccuper. Ne voyez donc-vous pas qu’il vous faut changer votre gouvernance de la sécurité? Investissez moins dans le matériel anti-émeute, dans l’écoute et la surveillance des opposants politiques. Traquez donc les criminels et montrez vos compétences en matière de maintien de l’ordre en commençant par celui qui protège les vies de nos concitoyens», relevait le président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) dans un message sur sa page facebook.
Seyni DIOP