Sauf extraordinaire, les dès sont jetés et le nombre de candidats à la présidentielle de 2019 est connu. La liste définitive a été livrée ce lundi par le Conseil constitutionnel.
Comme si le Premier ministre était dans le secret des dieux, sa prédiction faisant état de 5 candidats s’est avéré des plus exactes. Ainsi Idrissa Seck de la coalition IdyPrésident, Ousmane Sonko de Pastef, Issa Sall du Pur et Madické Niang de Madické2019 devront en découdre avec Macky Sall de la coalition Benno Bokk Yaakaar candidat à sa propre succession.
(Correspondance) – Après le filtre du parrainage qui a permis de ne retenir que 20 de la presque centaine de candidats à la candidature à cette prochaine présidentielle, le Conseil constitutionnel vient de se prononcer pour la non recevabilité des candidatures de Karim Wade du Parti démocratique sénégalais et de Khalifa Sall de Taxawu Senegaal Ak Khalifa. Une non-recevabilité qui serait la conséquence de leurs bisbilles avec Dame justice et qui se sont soldées par des condamnations survenues respectivement en fin Août et début Janvier. Une situation qui n’est pas pour surprendre l’observateur le moins averti de la scène politique. Tous voyaient venir et s’étaient faits à l’idée que pour ces deux candidats, les dés ont été d’avance pipés. Le stratagème mis en place était fort simple puisqu’il ne s’agissait que de procéder à un tri politico-constitutionnel pour écarter vingt candidats et laisser sept dont deux qui ont maille à partir avec la justice et qu’en conséquence le Conseil constitutionnel allait leur refuser la qualité d’électeur.
Aussi au-delà de l’indignation suscitée par un tel état de fait, la première lecture que l’on pourrait avoir de la liste des présidentiables admis à prendre part à la course, est que les deux formations politiques les plus structurées et qui ont eu à présider, pendant des décennies, aux destinées du Sénégal seront absents des starting-blocks. Le Parti socialiste après quarante ans de pouvoir et douze années d’opposition a simplement choisi, pour une raison ou pour une autre, de taire ses ambitions présidentielles pour se muer en parti de soutien à la mouvance présidentielle, Benno Bokk Yaakaar. Pis, dans cette volonté, il a jeté en pâture et sacrifié sur l’autel du soutien le «récalcitrant» du groupe, Khalifa Sall, qui avait décidé contre vents et marées de porter l’étendard socialiste aux joutes présidentielles. Quant au Parti démocratique sénégalais, son candidat Karim Wade a fait les frais d’un procès politico-judiciaire qui lui a valu une condamnation suivi d’un exil qatari avec à la clé la perte de sa qualité d’électeur. Aussi avec le refus des libéraux de choisir un plan B, le Parti démocratique sénégalais sera absent de la course même si la candidature du libéral Madické Niang a été acceptée. Le tour semble ainsi joué puisque le candidat Macky Sall n’aura à faire face, excepté Idrissa Seck, qu’à des néophytes inexpérimentés en matière électorale. Ce qui n’est pas, au cas où il sortirait vainqueur de cette élection, sans convoquer cette vérité cornélienne qui dit qu’à combattre sans péril, on triomphe sans gloire.
Cependant force est d’admettre qu’il serait hasardeux pour la mouvance présidentielle de vouloir vendre la peau de l’ours. Surtout quand on sait que ces deux candidats recalés que sont Khalifa Sall et Karim Wade, même s’ils ne peuvent pas être rois peuvent avec le jeu des alliances se positionner en faiseurs de roi. En effet, un report des électeurs libéraux en faveur de leur ancien frères de parti Idrissa Seck ajouté à celui des «khalifistes» pourraient se traduire en une terrible force de frappe. Tout comme d’ailleurs une jonction entre ces deux forces et le Pastef d’Ousmane Sonko ou du Pur d’Issa Sall pourrait déboucher sur une puissante machine électorale apte à amener le candidat Macky Sall au second tour. Ce qui risquerait de lui être fatal puisque, le cas échéant, il aura à dos toute l’apposition.
Sidy DIENG