CONTRIBUTION
L’épisode des réactions du Président Wade à l’encontre de l’honorable député, président du groupe parlementaire, Me Madické Niang qui a poussé ce dernier à se défaire de tous mandats est le prétexte de cette réflexion qui pose un problème beaucoup plus profond : la démocratie interne de nos partis, la patrimonialisation du parti, la démocratie sénégalaise.
Monsieur le Président Abdoulaye Wade, votre parcours est exceptionnel depuis 1974. Vos nombreuses initiatives et réalisations surtout en faveur des infrastructures, votre plan Omega qui a fini après fusion avec d’autres par devenir NEPAD, votre foi en la jeunesse est exemplaire presque unique. En atteste dans un destin pour l’Afrique « la disponibilité de ma jeunesse vaut plus que tous les milliards de l’étranger ».
Les grandes réalisations sont vos œuvres mais les plus grands scandales et les grandes déstructurations sont aussi à votre compte.
Au demeurant, Monsieur le Président Wade, les sénégalais vous sont reconnaissants pour beaucoup de choses, ils vous portent aussi tant d’affection que de tout temps, ils vous absolvent quasi naturellement de tous vos «péchés», sauf, votre projet de dévolution monarchique à la tête de notre République en faveur de Karim Wade, votre fils prodige.
Monsieur le président Abdoulaye Wade, nous devons à la vérité de vous dire que vous êtes devenu méconnaissable. Votre obnubilation vous empêche de voir l’évidence. Les sénégalais vous ont tout donné. Vos fidèles frères de parti vous ont tout accepté même l’inacceptable. Monsieur le Président, votre fils n’est pas le meilleur de tous les fils « Geunoul kéne ». Gardez donc le minimum de raison que votre parcours exceptionnel, vos expériences et votre sagesse devraient vous imposer.
Faites une petite introspection et vous comprendrez que les sénégalais vous aiment beaucoup, vous adulent sauf que vous en faites trop avec votre « meilleur de fils ».
Président Abdoulaye Wade, décryptez le message divin. Vous avez tout repris à Macky Sall pour frayer le chemin à votre fils et Dieu le Tout Puissant, lui a tout redonné il est votre successeur qui continue vos projets après leur avoir donné forme en tant que Premier Ministre. Il a ouvert, réalisé et continue de réaliser des chantiers de haute portée stratégique pour le Sénégal de demain et cela honore tous les sénégalais et montre à suffisance que la gestion de l’Etat se conçoit dans la continuité des régimes politiques et le génie de chacun des Chefs d’Etat qui les ont incarnés.
Monsieur le président, quand le député Modou Diagne Fada, alors président du groupe parlementaire a posé le débat légitime et légal de la réforme du PDS et le plan B à envisager, vous l’aviez diabolisé prétextant qu’il est le pion du Président Macky Sall. Vous l’aviez alors jeté en pâture et voué aux gémonies. Vous êtes même allé jusqu’à l’exclure.
Aujourd’hui, l’un de vos plus fidèles compagnons Me Madické Niang, actuel Président du groupe parlementaire, vous invite à planifier un plan B pour sauver le Pds. Vous le traitez de tous les noms d’oiseaux et l’accusez lui aussi d’être de connivence avec la Président Sall.
Me Madicke Niang est une personnalité honorable qui a joué un rôle des plus éminents à vos côtés. Vous n’avez pas le droit de le traiter de la sorte.
Tout homme politique a des ambitions affirmées, assumées ou pas. Vous le savez mieux que quiconque. Parce que vous imaginez que l’ambition des uns et des autres est une entrave à celle d’ailleurs douteuse de votre « meilleur de fils » et vous cherchez à écraser tout le monde. Jusqu’à quand ? Karim a-t-il déjà réglé l’impérieuse question de la nationalité exclusivement sénégalaise pour nous causer tant de tracas ?
Respectez donc vos frères de parti, mais au-delà, respectez les sénégalais.
Vous ne pouvez pas continuer à régenter comme cela le PDS qui est tout de même est en dépit de tout un patrimoine national. Le PDS incarne un pan de l’histoire du Sénégal, notre nation commune. Le Pds est certes votre initiative mais l’investissement et le sacrifice de tous. L’argument d’une candidature issue d’un congrès dûment convoqué ne tient. Il s’agissait, et tout le monde l’avait compris, d’un simulacre de congrès pour sortir votre fils des démêlées de justice. Et depuis lors, vous avez utilisez cet artifice pour légitimer une opération qui ne pouvait pas tenir. La justice vous a déjà administré le plus cinglant des démentis en poursuivant son procès jusqu’au bout.
La patrimonialisation des partis politiques dans notre pays doit être dépassée. Nos partis politiques doivent être dépersonnalisés. L’ère des mythes est révolue. Le demiurge politique n’existe plus. Malheureusement, pour ne pas le comprendre ou l’accepter, des formations et leaders historiques comme l’AFP avec Moustapha Niasse, le PS avec Tanor, le PIT avec Dansokho et Maguette Thiam, ou encore la LD en sont arrivés à éclater en plusieurs morceaux malgré les simulacres de changements qui favorisent un inamovible leader et des éternels seconds.
Messieurs, vous n’êtes ni omniscients ni omnipotents. Vous ne pouvez pas transcender toutes les époques. Vous ne pouvez non plus faire le temps de toutes les générations. Bien souvent, vous menez le combat de trop et la génération qui suit s’en retrouve fortement handicapée. Votre attitude frise le manque de respect.
La vie, ce sont des cycles. Un nouveau s’impose à nous pour les vraies ruptures. Nous n’avons pas besoin des princes. Nous avons appris à nous battre pour nous-mêmes et pour notre nation. Que notre génération prenne toutes ses responsabilités.
Ceux qui n’ont jamais été réellement aux côtés des sénégalais et ceux qui, après leur retraite prétendent venir comme par enchantement apporter les solutions miracles pour le Sénégal, veulent nous considérer comme des demeurés, sachent que l’ère est révolue de se prévaloir d’une lignée ou d’histoire quelconque. Le combat qui vaille est celui de ceux ou celles qui se retroussent les manches pour creuser leurs sillons à la sueur de leur front.
Ceux qui pour des « méer ngenbou » veulent briguer nos suffrages ou au nom d’un prétendu « fipou » ou « Jengou » doivent savoir raison garder.
Ceux qui, comme mon cher Sonko du PASTEF, se prenant pour le « messie » pour sauver le Sénégal doivent faire preuve de plus d’humilité, d’honnêteté et d’objectivité.
Cher compagnon de génération, Patriote Sonko, certaines maladresses politiques et autres actes de certains acteurs du régime actuel vous ont propulsé au-devant de la scène. Vous évertuez à donner de vous-même l’image d’un « sauveur », de l’homme politique parfait. Quand vous aurez accompli des actes dans votre vie qui montrent ce que vous voulez incarner, cela donnera plus de poids à vos propos d’aujourd’hui. Pour l’heure, vous êtes cette personne qui prêche par qu’elle ne comprend pas le poids de l’exercice du pouvoir. La prétention et la démagogie poussent beaucoup de candidats à promettre et à se dédire après. Réfléchissez avant de dire que vous allez construire un monde nouveau avec les décombres de notre monde. Vous poussez plus loin votre idée car vous envisagez même de construire votre nouveau monde sur les cadavres des anciens Chefs d’Etat. Je vous invite à la mesure.
Etant élève puis étudiant, quand on se battait, quand on versait notre sang pour améliorer les conditions de vie, il fallait être un digne patriote très courageux. Vous ne l’avez pas été.
Vous n’étiez pas la durant les années de braises. En 1998, quand pour la 1ère fois on a tiré à balles réelles sur les étudiants de l’UGB ou étiez-vous ?
Après s’être assuré d’un travail et d’un avenir à l’abri du besoin vous avez accepté finalement de vous engager dans le syndicalisme professionnel ensuite la politique. Vraiment méritant à ce niveau.
Je condamne les exagérations dangereuses du Monsieur connait tout dans tout, Ahmed Khalifa Niasse. Cependant, comme mon jeune frère et ancien compagnon de lutte, Dr Aliou Sow l’a évoqué certains d’entre notre génération ont beaucoup plus de mérite a tout point de vue et de légitimité historique que vous. Le patriotisme n’est pas une incantation et ceux qui se l’approprient par pure auto-proclamation deviennent suspects. Il est le résultat d’un vécu. Votre parcours ne le reflète pas encore. Vous avez du chemin, cher camarade.
On ne peut pas entrer en politique parce qu’on a des comptes personnels à solder et embarquer toute une population dans ses états d’âmes. Vous avez poussé le régime à vous exclure de vos fonctions d’antan selon vos propres aveux.
Représentant actuellement une icône, vous devez cesser certaines pratiques. Depuis lors vous pataugez dans la victimisation, vous en avez fait votre fonds de commerce. Vous savez pertinemment que vous ne pourrez jamais recréer la roue. Donc évitez de dire des contre-vérités qui se révéleront un jour ou l’autre. Une désillusion venant de vous serait amer et porterait atteinte à toute notre génération. Cher Patriote Sonko, votre maladresse à l’endroit des anciens Chef d’Etat ne vous agrandit guère. Arrêtez votre démarche manichéenne surtout dans le champ très relatif de la politique
En définitive, il est impérieux de réformer le champ politique. Sa rationalisation est une exigence d’intérêt public. Sa meilleure organisation un sacerdoce national. Tout cela pose des questions lancinantes comme le financement des partis, la meilleure démocratisation de ses instances et de son fonctionnement.
Seulement entendons-nous bien, cela ne sera possible qu’avec une révolution conséquente des mentalités dans le champ d’un challenge générationnel sain et exempt de démagogie.
Le champ politique ne doit plus être le milieu des occasions mais celui des convictions.
Citoyen Déthié DIOUF
Président du parti VISA, les citoyens. Membre fondateur de DIISSO
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