CONTRIBUTION
Ce n’est pas tous les jours qu’un homme fait autant l’unanimité autour de sa personne. Le temps de rendre un hommage mérité à Bruno Diatta, la nation sénégalaise, dans son entièreté, s’est retrouvée, à l’unisson, pour honorer l’ancien chef de protocole des quatre présidents de la République que le Sénégal a connus jusqu’ici. Si le président Léopold Sédar Senghor, qui l’a précédé au cimetière de Bel-Air et à l’Au-delà, ne peut faire un témoignage sur Bruno Diatta qui l’a servi pendant 4 années (1977-1980), le président Abdoulaye Wade, qui a bénéficié des éminents services de l’enfant de Kabrousse pendant 12 années (2000-2012), s’est fendu d’une lettre-hommage à Bruno Diatta. La surprise vient du président Abdou Diouf qui a cheminé le plus longtemps avec Bruno Diatta avec qui il est resté pendant 20 bonnes années (1981-2000) dans le dédale de la République, mais qui n’a pas daigné écrire le plus petit mot à l’endroit de son ancien collaborateur. Un gros impair que la présence de ses deux enfants (Makhtar Diouf alias Pedro et Habib Diouf) aux obsèques de Bruno Diatta ne saurait combler. Bof, l’indifférence légendaire, le détachement frisant le mépris et le caractère très distant du président Abdou Diouf, toujours déplorés par les Sénégalais, sont de notoriété publique.
Cela dit, un autre fait est venu assombrir le tableau de ces obsèques que tout le monde souhaitait qu’elles fussent orchestrées avec le moins de fausses notes possible. Mais, c’était oublier qu’avec le président Macky Sall, revanchard impénitent, à la rancune tenace, la solennité et l’instant grave qui caractérisent des obsèques nationales, ne suffisent pas pour le pousser à se hisser à la hauteur d’un évènement aussi grandiose. Alors que tout le monde l’attendait au tournant pour qu’il prononçât une oraison funèbre digne de ce nom, le président Macky Sall a encore déçu et est passé totalement à côté de ses pompes. Comme d’habitude, on pourrait dire. Quelle impertinence que de choisir un tel moment de deuil et de concorde nationale, pour se livrer à des querelles de chiffonniers.
En s’engageant à des précisions superfétatoires sur la date de signature et les références du décret de nomination de Bruno Diatta comme ministre, mais aussi de la décision de le maintenir au poste de chef de protocole de la présidence de la République, dont il s’attribue la paternité, le président Macky Sall a essayé de répondre au président Abdoulaye Wade et de le ridiculiser au passage, oubliant qu’on était en pleine période de deuil et de recueillement et non sur une arène politique. Cette sortie malencontreuse, mal-à-propos et inopportune, renseigne à suffisance sur les insuffisances criardes de Macky Sall qui ne font pas honneur à son rang. Ne serait-ce que pour respecter la douleur de la famille et de la nation éplorées, le président Macky Sall devait se garder de faire de la politique politicienne devant le cercueil de Bruno Diatta et d’altérer la haute portée de son discours d’oraison funèbre.
C’est d’ailleurs le même manque de scrupules qui le pousse tout le temps à toujours profiter des visites de présentation de condoléances pour essayer, à l’intérieur même de la maison mortuaire, dans une sorte de danse des vautours autour de la charogne, de débaucher des responsables politiques de l’opposition et les encourager à transhumer. C’est débile de voir qu’au moment où la clameur et l’adversité politique se sont tus, l’instant d’un deuil, seul le président Macky Sall a dérogé à la règle en descendant aussi bas. Aux ras de pâquerettes. Voilà un homme qui a un grand mal à se transcender dans les grands moments, à se débarrasser de ses oripeaux hideux de politicien au sens le plus détestable du terme et chef de clan. C’est petit, triste, pathétique et indigne d’un homme du haut de sa stature de président de la République, devant se mettre au-dessus de la mêlée et des contingences politiciennes et être à la hauteur de sa mission et des évènements. En toutes circonstances.
Et puis, quelle élégance républicaine que de reconnaître et confirmer les recommandations faites par un président sortant à un président entrant, lors d’une cérémonie de passation de services consécutive à une alternance démocratique et pacifique au pouvoir suite à des élections régulières et transparentes saluées par le monde entier. Sauf que le président Macky Sall n’a ni l’étoffe, ni l’épaisseur, encore mois l’envergure des véritables hommes d’Etat à même de s’élever à ce niveau de grandeur humaine. C’est même un truisme que de dire que le président Macky Sall est malheureusement à des années-lumière du statut de grand seigneur qui lui tendait les bras, avec tous les atouts à sa disposition eu égard au bagage qu’il a capitalisé à travers un parcours politico-administratif exceptionnel qu’il doit à un homme qu’il prend le malin plaisir de martyriser et de vouloir l’humilier après l’avoir déjà vaincu, à la régulière, dans les urnes. C’est vraiment dommage.
Pape SAMB