Mais quelle mouche a donc piqué Serigne Mbaye THIAM ? Contre toute attente, le ministre de l’Education nationale convoque la presse pour annoncer en batifolant la suspension du mot d’ordre de grève des enseignants.
« A l’heure où je vous parle, nous avons 4 organisations syndicales du G6 qui ont pour le moment de façon informelle, informé de leur décision de suspendre la grève. Décision qu’elles tiennent des délibérations de leurs propres bases », a déclaré le ministre devant les journalistes. Coup de théâtre ! Le ministre est aussitôt démenti par trois des six organisations syndicales qui forment le G6. Le lendemain, une autre indique être pour la poursuite de la grève. Ainsi, le SAEMSS, le CUSEMS, le SELS/A et l’UDEN démentent formellement le ministre et s’engagent à continuer le combat. « Le ministre nous a poignardés. On s’est rencontré et je lui avais promis que l’UDEN fera tout pour sauver les meubles. J’avais convoqué une réunion pour partager l’information avec les militants de l’UDEN le 26 avril prochain. Entretemps, il fait une sortie pour dire que 4 syndicats vont arrêter la grève. Si l’UDEN doit suspendre la grève, ce n’est pas le ministre qui va le dire. On a nos voies et moyens pour le faire », a réagi Abdourahmane GUEYE, secrétaire général de l’UDEN. « Notre organisation syndicale s’engage dans une dynamique de lutte pour non seulement la matérialisation des accords signés depuis 2014 mais aussi faire une proposition acceptable sur la question de l’indemnité de logement des enseignants du moyen secondaire. Tant que cette préoccupation n’est pas satisfaite, le Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (SAEMS) ne peut ni suspendre ni lever le mot d’ordre », renchérit Saourou SENE, SG du SAEMS. Même son de cloche pour Abdou FATY secrétaire-général du syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS authentique). Des réactions unanimes qui témoignent de l’ampleur de la confusion que le ministre de l’Education a causée. En ne citant nommément les organisations qui avaient, selon ses dires, accepté de suspendre la grève, il a aussi suscité la suspicion.
Ecarté des négociations avec les enseignants dont certains réclament son départ, Serigne Mbaye THIAM a montré plusieurs fois que ce n’était pas lui qui avait le dernier mot dans cette affaire. “Le ministre de l’Education nationale ne peut plus être notre interlocuteur parce qu’il a atteint ses limites et c’est le Président qui doit régler cette crise car il ne peut pas faire moins que Me WADE», déclarait Abdoulaye NDOYE, Secrétaire général du CUSEMS. Même le Premier ministre a été supplanté par Macky SALL qui a reçu les enseignants pour décrocher une bonne nouvelle à annoncer le 3 avril dernier à son adresse à la Nation. Pourquoi le ministre, de façon si cavalière, revient au-devant de la scène pour distiller de fausses informations ? Cherchant à surfer sur la vague de l’intimidation du 19 avril, le ministre a réussi à semer les germes de la division au sein des enseignants. Seulement, son acrobatie aura plus réussi à radicaliser les syndicalistes, en plus d’avoir décrédibilisé davantage l’institution.
Mame Birame WATHIE