En procédant à des hausses de 400 % sur les frais d’inscription aux examens du Cfee et du Bfem, l’Etat du Sénégal file directement vers la privatisation.
C’est l’alerte de Mamadou Lamine Dianté, ancien coordonnateur du Grand cadre des syndicats des enseignants. Pour lui, on ferait supporter aux ménages des efforts supplémentaires de plus 500 millions de francs Cfa contre des charges additionnelles qui n’excèdent pas 165 millions.
Le gouvernement du Sénégal, en procédant à une hausse substantielle des frais d’inscriptions du Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee) et du Brevet de fin d’études moyenne (Bfem), est-il en train de privatiser les examens et concours ? Tout porte à le croire. Du moins si l’on se fie à la circulaire de la Direction des examens et concours (Dexco). En effet, le ministère de l’Education nationale a procédé à une hausse vertigineuse des frais d’inscription aux différents examens et concours, notamment le Cfee et le Bfem. Ces frais passent de 250 à 1 000 francs Cfa pour le Cfee et de 500 à 2 000 francs pour le Bfem, soit une hausse de 400 %. Cela est d’autant plus frappant qu’au même moment, les frais d’inscription au Baccalauréat ne sont passés que de 5 500 à 6 500 francs Cfa, soit une hausse de 18 %.
Pour se justifier, la note administrative envoyée aux inspections d’académie cite en référence le décret 2017-1402 du 05 juillet 2017 relatif à la création et à l’organisation du Fonds d’appui aux examens et concours (Faec). Dans une déclaration rendue publique, le syndicaliste Mamadou Lamine Dianté, ancien coordonnateur du Grand cadre des syndicats des enseignants, affirme que l’Etat du Sénégal file directement vers la privatisation de ces examens de fin d’études élémentaire et moyen et secondaire. «(…) En considérant les statistiques de 2017, la participation des élèves passerait de 69 902 750 FCFA à 279 611 000 FCfa, soit une hausse de 209 708 250 FCfa pour le Cfee ; et de 95 264 000 FCfa à 381 056 000 FCFA, soit une augmentation de 285 792 000 FCfa pour le Bfem. Au total, pour ces deux examens, les ménages contribueraient à hauteur de 660 667 000 FCfa au lieu de 165 166 750, soit un effort supplémentaire de 495 500 250 FCfa supportés par les candidats. Pire, il semblerait que ces hausses des droits d’inscription aux examens scolaires (Cfee et Bfem) aient été fixées d’un commun accord entre le ministère de l’Education nationale et les présidents de l’Unapees et de la Fenapees (cf. rapport de présentation), qui prétendent parler et agir au nom des véritables parents d’élèves du Sénégal», indique-t-il dans le document transmis à WalfQuotidien. «Au total, on ferait supporter aux ménages des efforts supplémentaires de plus 500 000 000 FCfa contre des charges additionnelles qui n’excèdent pas 165 000 000 FCfa. Pour quelles raisons ? Le peuple de l’école doit être édifié», fustige Mamadou Lamine Dianté. Qui signale que pour «mieux orchestrer la forfaiture», le rapport de présentation du décret 2017-1402 prétexte que «le nombre de candidats au Cfee a été multiplié par dix ; de même l’introduction de l’Apc a doublé le nombre d’épreuves, donc de copies, au Cfee. Au même moment, le prix des intrants a connu une hausse très sensible». Pourtant, dit-il, la Dexco qui gère le Faec est seulement chargée de l’organisation matérielle, de la coordination et du secrétariat de la commission ad-hoc chargée de la présélection des épreuves (cf. article 16 du décret 2013-738 du 07 juin 2013 portant création et organisation du Cfee). Les indemnités de correction du Cfee et du Bfem sont entièrement prises en charge par la Direction de l’administration générale et de l’équipement (Dage). Et tous les déplacements liés au Cfee et au Bfem sont payés par les Inspections d’académie (Ia), qui peuvent solliciter au besoin des délégations de crédit de la Dage.
En outre, l’ancien Secrétaire général du Saemss rappelle que dans le cadre de la mise en œuvre du protocole d’accord du 17 février 2014 qui stipule que certains taux des indemnités liées aux examens soient revus à la hausse, «il n’a jamais été question de solliciter quoi que ce soit des parents, encore moins des élèves. Bien au contraire, les revendications des syndicats d’enseignants ne sont adressées qu’au gouvernement». En atteste, dit-il, le rapport de présentation du décret 2017-1403 du 05 juillet 2017 portant modification du décret 2009-340 du 10 avril 2009 fixant le montant des indemnités de surveillance, de correction et de supervision du Cfee et du Bfem. Lequel indique que «l’incidence financière de l’application de ces taux a, d’ores et déjà, été évaluée et prévue pour un montant de 642 117 000 FCfa inscrit en nouvelle mesure dans le budget 2017 du Men».
MAMADOU GACKO