L’écosystème du Technopole est menacé de disparition. Poumon vert de 200 hectares au cœur de la capitale, le Technopole est en train d’être morcelé avec une disparition des palmeraies, de la mangrove…
Le lac a presque disparu laissant place à des constructions faites dans la plus grande anarchie.
Malgré son classement comme patrimoine classé, le foncier du Technopole fait l’objet de convoitise. De jour en jour, les habitations empiètent la zone non aedificandi sous les yeux, au nez et à la barbe des autorités. Après la construction d’une superficie de 7 hectares de l’arène nationale par l’Etat, les morcellements reprennent de plus belle sur ledit site. Ce sont des tonnes de gravats qui sont déversées sur certaines parties pour son occupation. Conscient de cela, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, en compagnie du gouverneur de Dakar et de certains services déconcentrés ont fait un tour de terrain sur le site. En présence des préfets des communes concernées (Pikine, Golf Sud, Patte d’Oie, Dalifort…), ils ont été mis devant le fait accompli.
Guédiawaye a été la première étape de la visite par une pénétration en profondeur de la zone jouxtant le dancing Le Ravin. Dans cette zone, les palmeraies et la mangrove ont pratiquement disparu, laissant place à des constructions en dur et à de petits vergers. La zone a été remblayée par des particuliers sans aucune autorisation administrative. Mais, le comble a été constaté à Cambérène avec le propriétaire du Complexe du Lac qui a remblayé le lac du Technopole se trouvant devant la Direction générale de l’Onas. Pour accueillir les visiteurs, il a mis tout autour du lac des palmeraies et un mur peint en blanc pour tromper la vigilance des visiteurs. Mais, c’était sans compter avec la ténacité du maire Aïda Sow Diawara qui a ébruité l’occupation illégale de ces terres par le sieur Khalil Ibrahima Fall. Ce dernier a remblayé plus d’un hectare de cette partie du lac pour y construire le Complexe du Lac. Lequel complexe dispose de plus d’une vingtaine d’entrepôts loués à des étrangers et des restaurants. Député et maire de la commune de Samba Dia, Khalil Ibrahima Fall est militant de l’Alliance pour la République (Apr). Démasqué par la responsable socialiste, il a tenté de se justifier, soutenant qu’il a fait ces «aménagements» pour légitimer le Complexe du Lac. Toutefois, il a reconnu n’avoir pas reçu d’autorisation pour procéder à ces constructions. Mais, c’était sans compter avec la détermination de sa collègue, maire de la commune de Golf, qui est revenue à la charge pour souligner devant les autorités les différentes convocations qu’a déclinées Khalil Ibrahima Fall. «Il a fait de la résistance et imposé son complexe au vu et au su de tous», dénonce Aïda Sow Diawara.
Pour sa part, le ministre Mame Thierno Dieng a invité le promoteur à se conformer à la réglementation. «Les normes de construction ne sont pas réglementaires», a souligné le ministre de l’Environnement et du Développement durable.
Le cortège a fait des haltes sur chaque espace remblayé. Laissant derrière lui un écosystème fragilisé par l’avancée du front urbain provoquant une dégradation des sites, due aux activités de la ville et aux rejets urbains, la perte de la biodiversité…
Magib GAYE