Correspondance :
Moins d’une semaine après les dernières négociations au sommet entre les deux chefs d’Etat du Sénégal et de la Mauritanie, l’on peut, sans risque de se tromper, affirmer que Guet-Ndar et toute la Langue de barbarie continuent de nager en eaux troubles. L’association des pêcheurs de Félé-félé, des filets dormants et des lignes glaciales a fait face à la presse, lundi, au quai de pêche de Guet-Ndar, pour faire part de ses états d’âme. «Nous sommes au regret de constater que l’espoir né des notifications sur les licences de pêche mauritaniennes entre les Présidents du Sénégal Macky Sall et de la Mauritanie Abdel Aziz est en train de fondre comme beurre au soleil», se désolent les membres de cette association de pêcheurs. «D’abord certains pêcheurs, triés sur le volet, ont accompagné la délégation présidentielle qui s’est rendue en Mauritanie. Le ministre Oumar Guèye qui s’est encore illustré par ses actes partisans et ségrégationnistes a choisi ses amis» accusent ces pêcheurs. Avant de poursuivre : «Et ces derniers ont surtout pris position pour la catégorie de pêche qu’ils représentent, c’est-à-dire les sennes tournantes. Les autres types de pêche comme les Félé-félé, les filets dormants, les lignes glacières et les autres ont été laissées en rade», peut-on lire dans leur communiqué.
Toujours dans leur missive administrative lue à l’occasion du point de presse, ces pêcheurs d’expliquer que «cette situation a fini par installer à Guet Ndar et sur la Langue de barbarie un climat d’incompréhension et une atmosphère de suspicion. Nous pensons que la division orchestrée par le ministre de la Pêche doit cesser parce que nous sommes tous des parents à la Langue de barbarie. Nous l’invitons, ainsi, à revenir à de meilleurs sentiments et de s’ouvrir à tout le monde pour mener à bon port la questions des licences de pêche mauritaniennes», assurent-ils.
Très en verve, ces pêcheurs et professionnels du secteur ont laissé entendre ensuite qu’ils émettent de sérieuses réserves sur le débarcadère annoncé à Ndiago en Mauritanie. «Nous pensons que c’est le meilleur moyen de tuer l’économie à Saint-Louis, d’autant que toutes les devises vont rester en Mauritanie. Seuls les mareyeurs et autres professionnels de la pêche de la Mauritanie vont bénéficier de cette situation sans compter les risques de conflits d’intérêts avec leurs homologues sénégalais. Nous n’accepterons jamais de débarquer nos prises de poissons au site de Ndiago» indiquent-ils.
Pour finir, nos interlocuteurs, visiblement gagnés par l’inquiétude sonnent le tocsin en ces termes : «Aujourd’hui, nous exhortons les Présidents Macky Sall du Sénégal et Abdel Aziz de la Mauritanie à surveiller, avec la plus grande attention, le dernier virage menant à la signature d’un nouveau protocole d’accords sur les licences de pêche mauritaniennes», souhaitent-ils.
Gabriel BARBIER