La Direction du commerce intérieur, par le biais de sa Division en charge de la consommation et de la sécurité des consommateurs, a saisi des produits laitiers du groupe français Lactalis, estimés à 52 millions de francs Cfa.
Une mesure prise depuis l’éclatement de l’affaire du lait contaminé du groupe, selon le chef de cette division, Issa Wade, joint au téléphone par ‘’EnQuête’’.
L’affaire Lactalis fait fureur en France et provoque l’indignation générale. Au Sénégal, les autorités annoncent avoir pris les mesures idoines pour se prémunir contre les méfaits du lait infantile commercialisé par le géant industriel français. Le produit s’est révélé être vecteur de la salmonellose contractée par certains bébés qui l’ont consommé. Depuis décembre dernier, le lait est retiré des rayons des commerces dans plusieurs pays.
Au Sénégal, conformément à sa mission régalienne de protection des consommateurs et de sécurité sanitaire des enfants, la Direction du commerce intérieur, à travers la division en charge de cette question, a pris des décisions majeures. Il s’agit, en premier lieu, selon le responsable de ce service, Issa Wade, contacté par ‘’EnQuête’’, de rappeler tous les produits Lactalis incriminés destinés à l’alimentation humaine et surtout les produits laitiers infantiles et céréaliers. ‘’Dans ce sens, on a fait des retraits au niveau des quatre principaux importateurs que sont Cophase, Laborex, Sodipharm et Duopharm. Ces derniers détiennent en réalité 95 % du marché de lait infantile. Au total, on a fait un retrait portant sur une quantité de 1 648 cartons et 9 848 boites d’une valeur de 52 millions de francs Cfa’’, annonce M. Wade.
Ensuite, des échantillons issus de ces lots ont été transmis aux laboratoires de sécurité sanitaire des aliments. Il s’agit de l’Institut Pasteur, du laboratoire de l’Ecole polytechnique de l’Ucad, celui de l’Institut de technologie alimentaire (Ita) et celui d’Analyse et de Contrôle de la Direction du commerce intérieur. ‘’Ils ont été désignés pour analyser l’intégralité des prélèvements. Présentement, les analyses sont en cours. Mais on a pris des mesures conservatoires. Pour le moment, il y a une interdiction de vente totale dans tous les coins de commercialisation de produits Lactalis incriminés’’, précise le chef de division. En effet, cette entité travaille en synergie avec d’autres départements sectoriels du ministère de la Santé et le Réseau d’information sanitaire de la Fao.
Pas de produits Lactalis en vente légale sur le marché sénégalais
A l’heure actuelle, le chef de la Division de la consommation affirme qu’il ‘’n’y a pas de produits Lactalis en vente légale’’ sur le marché sénégalais. Car la douane aussi joue le jeu. ‘’C’est nous qui faisons les autorisations de mise à la consommation. C’est-à-dire des déclarations d’importation de produits alimentaires. Sans ce document, un produit alimentaire ne peut être dédouané. La Douane est tenue par nos propres décisions’’, renseigne-t-il.
Les distributeurs pharmaceutiques et parapharmaceutiques ont aussi eu à faire des lettres de retrait pour les pharmacies. ‘’La sanction, pour le moment, c’est l’interdiction de vente. Car les importateurs n’étaient pas au courant du problème. Ils ont, par-devers eux, des produits incriminés. Donc, on ne peut pas leur imposer une amende. Ce qu’on peut faire, c’est d’abord de saisir le produit et d’en interdire la vente’’, poursuit M. Wade. D’après lui, les produits saisis seront détruits. Et les vendeurs qui respectent la décision publique ne sont pas concernés par cette sanction. ‘’Il y aura un contrôle à postériori, d’ici une à deux semaines. Si on se rend compte qu’ils continuent de les commercialiser, les sanctions peuvent tomber. Il faut les prendre à la mesure de l’infraction’’, a-t-il fait savoir.
37 enfants ont été contaminés en France
Le vice-président de l’Association des consommateurs (Ascosen) Momath Cissé, salue les saisies effectuées et va au-delà. Il se dit préoccupé par les mesures répressives prises par l’Etat dans les cas d’espèce. Le défenseur des consommateurs est d’avis qu’elles ne sont pas ‘’assez sévères pour être dissuasives’’. ‘‘Il y a certes eu retrait de produits, il y aura une amende, forcément, mais est-ce qu’elle est significative ? C’est pourquoi nous nous sommes réunis à Saly, il y a deux mois, pour revoir cette amende à la hausse. C’est ce que nous demandons’’, confie-t-il.
Il faut noter qu’en France, 37 enfants ont été contaminés par ce lait. Toutefois, au Sénégal, aucun cas n’a été, pour le moment, signalé.
Enquête