CONTRIBUTIONAprès avoir vu notre nouvel aéroport, côté arrivée (la semaine dernière) puis côté départ (hier soir), je peux faire quelques premières observations.
1 – L’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) est, sans discussion possible, l’aéroport le plus neuf d’Afrique. Normal, il a ouvert le 7 décembre.
2 – Par contre, il n’est ni le plus beau ni le plus grand du continent. Croyez le «frequent flyer» que je suis !
3 – En termes de beauté, il arrive loin derrière des aéroports comme ceux de Port-Louis (Ile Maurice), du Caire et de Charm El Cheikh (Egypte), du Cap et de Johannesburg (Afrique du Sud), de Marrakech (Maroc), d’Alger (Algérie), de Hammamet (Tunisie), etc.
4- En termes de taille, il ne figure pas non plus dans le top 10 africain. Normal. Notre pays ne compte que 15 millions d’habitants, ne l’oublions pas. Le ministre du Tourisme a donc tout faux lorsqu’il dit que l’Afrique et le monde nous envient notre Aibd. Propos tenus en wolof sur les ondes de la Rfm.
5 – La ministre des Transports aériens a également tout faux lorsqu’elle dit que tout est OK à Aibd. Loin s’en faut.
6 – L’autoroute qui relie Aibd à Dakar gagnerait à être éclairée. Il s’agit certes d’une autre infrastructure, mais elle s’imbrique dans le même projet. Si Eiffage qui exploite l’autoroute à prix d’or, ne l’éclaire pas, des drames sont à prévoir sur le trajet Dakar-Aibd. Beaucoup de chauffeurs roulent en plein phare pour y voir quelque chose.
7- La signalisation pour arriver jusqu’à Aibd est sommaire. On peut facilement se perdre.
8 – Les deux seules portes d’accès au hall d’enregistrement ne sont évidemment pas suffisantes.
9 – La connexion à Internet est inexistante malgré le fait que des réseaux s’affichent sur le téléphone.
10 – Les toilettes laissent à désirer, malgré la présence de trois à cinq préposées au nettoyage. Elles ne sont pas attentives aux eaux sur le carrelage, sur les miroirs ou au manque de papier de séchage ou hygiénique. Il a fallu que quelqu’un le leur signale pour qu’elles bougent.
11 – Les annonces aux passagers sont uniquement faites en français. Or passer les annonces également en anglais est un standard/basique d’un aéroport international.
12 – Un bar/café est pour le moment ouvert. Un autre bar/restaurant est en cours de travaux d’installation. Mieux vaut donc, pour le moment, ne pas avoir faim à Aibd.
13- Et cela est aussi valable dans l’espace très minimaliste qui sert de «Lounge Business Class». Il est même pire que l’ancien salon de Lss. On m’a dit que ce local est provisoire et qu’il y aura normalement deux Lounges.
Avec ce premier regard recto-verso, je constate qu’Aibd est fonctionnel, mais pas encore opérationnel à plein régime. Il y a du boulot d’ici là. Il est beau (mais pas de quoi faire des salto arrière non plus) et neuf. Cependant, quelle que soit la qualité de l’infrastructure, elle risque d’être très rapidement «amortie» par nos comportements individuels. D’abord celui des autorités qui sont dans une autosatisfaction et une autoglorification que rien ne justifie. Elles ont communiqué sur le nouvel aéroport comme si le Sénégal avait lancé un satellite. Ensuite le comportement inadmissible de certains usagers qui s’autorisent des attitudes qu’ils n’oseraient pas à Charles De Gaulle ou John Fitzgerald Kennedy. L’infrastructure est une chose, les hommes en sont une autre. Nous serons le changement que nous voulons.
Abdou Khadre LO
Président du groupe Promo Consulting
PS : Aibd a été manifestement ouvert alors que tout n’était pas prêt. Espérons que les critiques constructives des uns et des autres permettront des améliorations rapides de cet outil qui appartient au Sénégal.