Les entreprises sénégalaises subissent de plein fouet le diktat des multinationales. En plus d’être confrontées à un environnement des affaires peu incitatif, les filiales nationales font face à une concurrence internationale aiguë.
Ce qui fait qu’elles sont dominées de bout en bout par les firmes étrangères. Cette remarque a été partagée, avant-hier, en marge d’une conférence sur le thème : «La compétitivité des entreprises face aux multinationales». «Nous avons des espaces de domination où il y a de la dissymétrie qui fait que ceux qui sont plus forts dominent», fait constater le conférencier, Ibrahima Sall, ancien ministre du Plan sous le règne socialiste. Pour l’ancien Dg de l’Ipres, la politique industrielle qui devait permettre aux industries locales de faire face aux multinationales a disparu. «Aujourd’hui, le ministère de l’Industrie fait tout sauf une politique industrielle», regrette-t-il. De la même façon, souligne-t-il, dans notre pays, nous avons une banque de l’habitat (Bhs), la Bnde et la Caisse nationale de crédit agricole. Mais soutient-il, ces institutions financières n’ont pas la capacité de faire face à Attijariwafa bank qui rafle tout. Pis, déplore-t-il, il n’y a pas en face une agence nationale de l’Etat qui pourrait avoir une vision stratégique sur les banques et les politiques menées. Ce qui, de son avis, constitue une préoccupation majeure. «Nous sommes en train d’assister à un espace où les conditions de compétition et de concurrence ne sont pas les mêmes», observe-t-il.
Dans les échanges entre le conférencier et l’audience, il a été constaté qu’au Sénégal, 97 % des entreprises sont dans l’informel et 52 % d’entre elles s’activent dans le commerce. Mor Mbaye, ingénieur en génie agroalimentaire soutient que, dans sa branche, la plupart des intrants sont importés et coûtent cher. «Nous sommes contraints de subir les lois du marché. Parce que, derrière, il nous manque un véritable politique économique. 90 % des produits que nous consommons dans le marché viennent de l’extérieur ou de grandes firmes installées au Sénégal nous imposent leurs marques. Ces produits importés viennent aussi des pays où les intrants coûtent cher. Ce qui fait que nous ne sommes pas compétitifs sur le marché. Le cadre juridique au Sénégal est aussi très lourd», indique-t-il.
Mactar Cissé, directeur général de la Senelec, note, de son côté, un problème lié à l’accès au crédit et au foncier pour les entreprises nationales
Mamadou Samba BARRY