Après le Ps dont le porte-parole adjoint s’offusquait de la portion congrue réservée à sa formation dans le gouvernement, c’est au tour de la Ld d’être secouée par une crise qui risque de secouer ses fondements relativement à ce qui lui a été réservé dans le gouvernement.
Sauf que là, les «camarades» sont, eux-mêmes, divisés sur la conduite à tenir.
Ça se remue au niveau de la Ld. Le parti d’Abdoulaye Bathily qui se remet difficilement de la démission inattendue de son secrétaire général, Mamadou Ndoye, est, comme tous les autres alliés, secoué par une crise interne consécutive aux investitures aux législatives. Laquelle a vu naitre de ses flancs, un front dénommé «Ld-debout». La nomination du nouveau gouvernement est venue envenimer les divergences. Hier, c’est Moussa Sarr qui est monté au créneau pour envoyer, pas moins qu’une demande d’explication à Macky Sall. Le secrétaire à la communication de la Ld et porte-parole du parti qui intervenait chez nos confrères de la Rfm veut du président de la République des explications claires sur les paramètres sur lesquels il s’est basé pour reconduire Khoudia Mbaye dans le gouvernement contre l’avis de son parti. Les instances de la Ld avaient, selon lui, convenu que la ministre en charge des Partenariats devait siéger à l’Assemblée parce qu’élue sur la liste Benno à Saint-Louis, aux côtés de Nicolas Ndiaye, le secrétaire général par intérim du parti. Le poste libéré au gouvernement devant être occupé par un autre que le président de la République devait choisir sur une liste de deux personnes qui lui a été envoyée par la Ld. Macky Sall ayant passé outre cette recommandation de la Ld, ce parti se retrouve perdant au change vu que le siège de député qui a été libéré par Khoudia Mbaye tombe dans l’escarcelle de l’Apr dont une militante fait son entrée à l’hémicycle. Ce que Moussa Sarr et compagnie n’arrivent pas à avaler.
Hier, dans l’après-midi, c’est un autre cadre du parti qui a joint Walf Quotidien pour émettre un autre son de cloche. Favorable au compagnonnage avec la mouvance présidentielle, Amadou Coulibaly réclame la cravache contre les frondeurs. Le Président des jeunes du parti demande l’application de sanctions exemplaires contre les frondeurs, regroupés au sein de la Ld-Debout. «Le parti doit prendre ses responsabilités en laissant s’exprimer toute la rigueur disciplinaire pour permettre à notre organisation de retrouver le calme et le débat pour l’amélioration des conditions de vie des Sénégalais», dit-il. «Il est temps que les camarades qui sont impliqués dans le mouvement Ld-Debout cessent toutes les provocations à l’endroit du parti et rentrent dans les rangs. A défaut, que le parti prenne ses responsabilités en n’excluant aucune mesure disciplinaire prévue par les statuts et règlements du parti pour faire face», insiste le président des jeunes de la Ld.
Amadou Coulibaly, qui est, par ailleurs, chargé de mission à la Présidence de la République, membre du Bureau politique et du Secrétariat exécutif permanent, estime que si leurs camarades estiment qu’ils ne sont pas d’accord, qu’ils posent le débat en interne. Parce que, d’après lui, le parti a prévu, dans son fonctionnement et son organisation, des espaces de débats démocratiques. «Pourquoi ne pas poser le débat dans les instances du parti», se demande Amadou Coulibaly qui accuse les animateurs de ce courant de vouloir saper l’unité du parti. «Ce qui m’amène à dire que les camarades impliqués dans le mouvement Ld-Debout sont en train de travailler contre le parti et de saboter le travail de la direction du parti», dit-il.
Le 8 avril 2017, la Ld a organisé un bureau politique pour voir comment participer aux élections législatives du 30 juillet. Et d’après notre interlocuteur, après un débat qui n’a pas permis d’avoir un consensus, les responsables ont procédé à un vote à l’issue duquel une majorité nette s’est dégagée pour que le parti aille à ces élections sous les couleurs de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Après ce vote en faveur de la poursuite du compagnonnage avec la mouvance présidentielle, trois groupes se sont constitués, d’après l’interlocuteur de WalfQuotidien. Selon lui, le premier ne s’estimait pas être engagé par cette décision. Ce groupe, dit-il, a participé aux élections législatives en tant qu’investis de listes concurrentes à Benno Bokk Yaakaar ou en tant que membres de direction de listes concurrentes.
Le deuxième groupe a tout bonnement décidé de croiser les bras et de ne participer à aucune action, malgré le fait que certains parmi eux étaient membres et responsables dans le comité électoral national du parti, d’après Amadou Coulibaly. Qui indique que le troisième groupe est resté dans les instances mais dans le but de remettre en cause de manière permanente et perpétuelle cette volonté du parti d’aller avec Benno Bokk Yaakaar. «Au sortir des élections législatives, on a constaté un rapprochement de ces trois groupes. Ce qui a conduit à la création de la Ld-Debout. L’ensemble des forces qui ont remis en cause, se sont inscrits dans une logique de défiance. Et pour conforter mes dires, jusqu’aujourd’hui, personne d’entre eux ne pose jamais un débat de principe ; ils sont dans un débat de personnes qui n’a rien à voir avec les fondements de notre compagnonnage avec la coalition Benno Bokk Yaakaar», critique le président des jeunes de la Ld.
En tous les cas, même si la question de la séparation d’avec Benno n’est pas encore à l’ordre du jour, Moussa Sarr a déclaré, hier, que «rien n’est exclu».
Ibrahima ANNE
& Charles Gaïky DIENE (Walf Quotidien)