«La mouvance présidentielle ne pouvait pas s’imaginer que cinq ans seulement après son accession au pouvoir, son électorat et sa popularité allaient autant s’effilocher.
Et là, elle est surprise par les réalités du terrain, la progression de l’opposition mais aussi de cet adversaire que le président Macky Sall a, lui-même, appelé son premier adversaire : le parti de la demande sociale». C’est là le sentiment du patron en second du parti Rewmi. Déthié Fall bouclait, avec sa délégation, une tournée de deux jours dans le département de Tivaouane. Pour le second d’Idrissa Seck qui faisait face à la presse samedi dernier au Cyber Campus de Thiès, il est clair qu’aujourd’hui le Président Macky Sall a pleine conscience de son échec et de son recul du point de vue électoral. Une conscience qui explique, dit-il, toute sa peur de devoir dans un proche avenir faire face à une cohabitation. A ce titre le responsable rewmiste d’appeler ses frères de parti et de l’opposition être vigilants et de se mobiliser pour un retrait massif des cartes électorales. Car, selon lui, cette phase de retrait des cartes est la plus importante du processus électoral. «Le président de la République, lors de sa dernière adresse à la Nation, a parlé de plus de 5 600 000 sénégalais qui ont eu à s’inscrire. Manière de dire que nous avons dépassé l’objectif des quatre millions d’inscrits qu’on s’était fixé. Et que par conséquent, ce fichier est apte à servir pour les prochaines élections».
Mais avertit Déthié Fall, ce qu’il ne faut jamais perdre de vue, c’est qu’il y a deux chiffres différents : celui du nombre d’inscrits et celui relatif au nombre de personnes effectivement détentrices de leurs cartes d’électeur. Et, pour lui, c’est ce deuxième chiffre-là qui est pertinent. Parce qu’il ne sert à rien d’inscrire 6 millions de Sénégalais ou plus, et, in fine, au moment de l’organisation des élections, n’avoir que 3 millions de Sénégalais qui détiennent leur cartes d’électeur. «En réalité, cela va être un fichier réel de 3 millions d’électeurs», dit-il.
Pour dire, selon lui, toute la vigilance qui sied en la matière pour empêcher une distribution sélective ou ciblée de ces cartes. Une distribution qui permettrait au camp du pouvoir de privilégier les zones où il pense être majoritaire et de la rétention dans d’autres où il se sent en minorité. Surtout que, fait-il savoir, déjà des cas d’irrégularités ont commencé à se faire jour. Et à ce tire Déthié Fall de donner l’exemple du chargé des élections du parti Rewmi qui, dit-il, a été surpris de constater qu’on lui a fait, sans qu’il n’en fasse la demande, un transfert de lieu de vote. «Il votait à Nguith, mais sur sa carte d’électeur il est inscrit qu’il doit voter dans un bureau de Sangalkam». Ce qui, estime-t-il est assez suffisant pour éveiller des soupçons quant à une certaine volonté de fraude et de manigances. Ce d’autant, fait-il savoir, que les gens du pouvoir ont tout fait pour écarter l’opposition du comité de suivi de la refonte partielle du fichier électoral. «L’opposition n’est pas présente dans ce comité de suivi. Quand ils ont créé un quatrième pôle, ils ont fait intégrer dans ce pôle là des personnes qui n’en avaient pas le droit, une manière d’exclure l’opposition dudit comité. Mais depuis lors, nous travaillons avec la commission électorale de Manko Wattu Senegaal pour nous doter des instruments et trouver tous les voies et moyens pour suivre le processus ». Ainsi, Manko Wattu Senegaal va envoyer, dans les prochains jours, des missions dans les différents départements du pays pour travailler avec les responsables locaux, afin de suivre les opérations de distribution des cartes.
Interpellé sur l’éventualité d’une liste unique de l’opposition pour les prochaines législatives, Déthié n’en écarte pas la possibilité. Et de préciser que, pour l’heure, les concertations se poursuivent, les rencontres se multiplient au sein de l’opposition pour arriver à un consensus autour d’une liste unique. A défaut, estime-t-il, il sera question d’aller vers une liste qui regroupera l’essentiel des formations politiques de l’opposition et des mouvements de la société civile.
Walf Quotidien