A Saldé, le parti de Macky Sall est devenu, depuis hier, une tour de Babel où personne ne comprend plus personne.
A Saldé, village situé en plein cœur de l’Ile à Morphil, ce n’est un secret pour personne que le bateau ivre de ce parti au pouvoir est en train de prendre eau de toutes parts. Deux camps de responsables et militants issus du même parti s’y sont réunis à moins d’une centaine de mètres pour s’insulter, se quereller autour d’un leadership. Ils se sont, en effet, traités de tous les noms d’oiseaux. Ce climat délétère qui a fini de s’emparer du parti présidentiel à Saldé est inédit et aujourd’hui rien ne semble pouvoir arrêter les protagonistes de ces deux camps pourtant tous issus de l’Apr. A Saldé, l’implosion et la tension semblent atteindre leur paroxysme avec des insultes proférées par les uns et les autres donnant même l’impression que ce bras de fer oppose des responsables et militants du parti au pouvoir à celui de l’opposition. Et pourtant, ce sont bien des responsables d’un même parti. Non contents de la gestion qu’ils jugent opaque de leur parti par certains responsables de l’Apr, Seydou Kébé et certains militants et responsables de l’Apr ont plié bagages pour créer un front au niveau de leur formation politique. Un front dénommé Mouvement pour la renaissance de l’Apr au niveau de la section locale de Saldé. Seydou Kébé, joint au téléphone en pleine réunion de crise qui se tenait chez la responsable de ce mouvement Sokhna Bâ, fera entendre que leur attitude est dictée par le fait que leur parti ne vit plus, qu’il n’y a jamais eu d’animation et que ceux-là qui le dirigent ne sont pas à la hauteur. Une telle situation a aujourd’hui comme conséquence la régression, d’élection en élection, des résultats de l’Apr depuis la présidentielle. Ce, contrairement aux autres villages où le parti sort massivement victorieux, lance Kébé. Poursuivant, l’actuel secrétaire général de ce nouveau mouvement de préciser qu’ils restent, eux de vrais militants de l’Apr et sont décidés à combattre l’injustice qui y sévit. «Les responsables locaux ne gèrent que leurs propres intérêts et non ceux du village», accuse Sokhna Bâ.
Khalifa SALL à l’affût
Pour cette dernière, les militantes qu’elles sont ne sont au courant de rien et n’ont jamais été associées à quoi que ce soit. Suffisant pour que ce front soit mis en place afin d’éviter sa disparition et d’éviter toute humiliation pour les élections à venir.
Faux, rétorque Issa Faty Ly, président de la commission d’organisation de l’Apr. Ce dernier parle de mensonges venant des leaders de ce front. Selon Issa Ly, les initiateurs de cette fronde n’ont jamais voté pour l’Apr. «Ce sont tous des libéraux. Ils étaient au Pds avant de rejoindre l’Apr. D’ailleurs, nous les avions accueillis sans enthousiasme. Aujourd’hui, avec ce front, l’histoire nous donne raison», tonne-t-il. Et Issa Ly de faire savoir que c’est une minorité qui est partie et veut les défier. Dans la foulée, Yaya Dia, président de la section de l’Apr locale fera savoir qu’ils n’accepteront jamais que, dans un même village, il y ait deux tendances de Apr. Ce dernier souligne avoir, avec ses camarades, échangé au téléphone avec l’un des bras droits du coordonnateur départemental de l’Apr, par ailleurs ministre de l’Intérieur. Selon Dia, le proche d’Abdoulaye Daouda Diallo est catégorique pour dire que ni lui encore moins son ministre ne sont mêlés à ce qui se passe à Saldé. Et d’ajouter que ceux-là qui ont créé ce mouvement ne sont animés que par le désir de vouloir soutirer de l’argent à certains leaders. Ainsi, révèle-t-il, tout récemment, lors de la visite de leur leader, Lamine Sow, chacun d’entre eux aurait empoché 50 mille francs émanant de ce dernier. Et d’inviter leur ministre à mettre fin à cette anarchie. Sinon, l’Apr pourrait prendre un sacré coup aux prochaines législatives, surtout avec la percée de Khalifa Sall qui a eu un score très honorable lors du dernier référendum.
Abou KANE (Correspondant)