La facilité de faire des affaires n’est pas encore une réalité bien ancrée au Sénégal. Le classement Doing Business 2017 de la Banque mondiale, rendu public ce mardi, sonne comme une piqûre de rappel pour les autorités. Le Sénégal a certes gagné des places en passant de la 153e à la 147e place, mais reste plus que jamais dans le groupe des derniers de la classe.
«Cette année, le Sénégal passe sous la barre des 150 dans le classement mondial Doing Business en 2017. En effet, le Sénégal se classe cette année à la 147e position sur 190 économies (par rapport aux 189 économies l’année passée, suite à l’inclusion de la Somalie dans le classement mondial) ». C’est en ces termes que la Banque mondiale s’est extasiée sur les performances du Sénégal en matière d’environnement des affaires. Pour l’Institution de Breton Woods, le Sénégal doit cette prouesse à «une évolution de la méthodologie, qui prend en compte d’avantage de pratiques administratives et réglementaires, ainsi qu’au travers des 4 réformes mises en œuvre au cours de l’année passée». Détaillant ces réformes, le rapport souligne : «Facilitation de l’enregistrement des titres de propriété plus facile ; Amélioration de l’accès à l’information sur le crédit ; Réduction des coûts relatifs au paiement des impôts et Amélioration des procédures collectives d’apurement du passif». Ce ne sont pas les seules performances que le Sénégal a faites, selon la Banque Mondiale. L’Institution dirigée par le médecin américain d’origine coréenne, Jim Yong Kim, trouve que «Au niveau de la “distance à la frontière”, le Sénégal améliore son score en passant de 49.85 à 50.68. Cela signifie que le Sénégal a amélioré son climat des affaires par rapport aux meilleures pratiques mondiales».
«Ce qui a été noté dans ce rapport est aux antipodes de ce qui se passe au Sénégal et de ses ambitions », avait analysé le président Macky Sall à la publication du rapport Doing Business 2014. Contrairement à l’année 2013, quand le rapport a été accueilli par les autorités avec des grincements de dents, ce rapport 2017 est parti pour faire l’objet d’une grande campagne médiatique relevant les bons points que le Sénégal a engrangés. En 2015, déjà, le département ministériel dirigé par Amadou Ba s’est longuement félicité des prouesses de notre pays qu’il s’était attribué. Le Sénégal avait gagné 3 places en passant de la 156e à la 153e position sur 189 économies. «Nous considérons ce classement comme un encouragement à rester sur la bonne voie tracée par le Plan Sénégal émergent (Pse), en matière d’amélioration de l’environnement des affaires», avait réagi Amadou Ba.
Faute de grives on se contente de merles
A la lecture du rapport doing business 2016, les autorités sénégalaises avaient placé la barre très haut, ambitionnant même d’intégrer le top 100 dudit classement. Pour un pays réputé pour sa stabilité et sa démocratie reluisante, une telle performance est plus que possible. D’autant que des pays, comme la Côte-d’Ivoire, qui peinent à effacer tous les stigmates des guerres civiles qui les ont plombés, ont relevé la tête et aspirent aujourd’hui à intégrer le top 50 du classement. Les autorités peuvent bien se gargariser de la 147e place qu’occupe le Sénégal, mais qu’elles n’oublient pas que la Gambie nous devance de deux points. Et à moins de vouloir niveler par le bas, on ne peut parler de prouesse ou de bons résultats qu’en côtoyant le peloton de tête.
Mame Birame WATHIE