Selon Mediapart, la justice française détient un carnet rédigé par un dignitaire libyen qui évoque dès 2007 un financement occulte de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Le montant dépasserait les 6,5 millions d’euros.
L’avenir judiciaire de Nicolas Sarkozy va-t-il s’assombrir un peu plus? Alors que le parquet demande le renvoi de l’ancien chef de l’Etat dans l’affaire Bygmalion, une autre affaire rebondit: celle sur un éventuel financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
Selon Mediapart, le juge d’instruction Serge Tournaire a mis la main sur des documents explosifs. Des notes manuscrites d’un ancien responsable du régime de Kadhafi détaillent en effet plusieurs versements occultes au profit de Nicolas Sarkozy, lors de l’élection présidentielle. Le montant cumulé de ces sommes dépasserait les 6,5 millions d’euros.
Le propriétaire du carnet est mort
Le carnet appartenait à Choukri Ghanem. Il avait occupé le poste de ministre du Pétrole entre 2006 et mai 2011, avant de rompre avec le dictateur et de s’installer à Vienne. Son corps a été retrouvé dans le Danube le 29 avril 2012. La police a conclu à une mort accidentelle, mais “plusieurs proches de la victime n’hésitent pas à évoquer en privé des soupçons persistants de meurtre”, souligne Mediapart.
Le carnet de Chourki Ghanem est très détaillé. A la date du 29 avril 2007, le dignitaire rédige le compte-rendu d’une réunion avec Bachir Saleh, à l’époque directeur de cabinet de Kadhafi. Selon Ghanem, Saleh aurait affirmé avoir donné 1,5 millions d’euros au candidat de l’UMP. Le carnet énumère d’autres montants et responsables du régime lybien: “3 millions envoyés par Saïf al-Islam Kadhafi et 2 millions par Abdallah Senoussi, chef des services secrets intérieurs libyens et beau-frère de Kadhafi”, indique Mediapart.
Procédure judiciaire en cours
La question d’un financement libyen de la première campagne de présidentielle de Nicolas Sarkozy remonte à 2011. Lors de l’intervention française en Libye, le clan Kadhafi avait affirmait avoir soutenu financièrement l’ancien président. Le 28 avril 2012, Mediapart avait publié un premier document compromettant pour Nicolas Sarkozy. Attribué à Moussa Koussa, ex-chef des services de renseignement extérieur de la Libye, il affirmait que Tripoli avait accepté de financer pour “50 millions d’euros” sa campagne de 2007.
En parallèle, une information judiciaire a été ouverte en 2013 sur ces accusations de financement libyen, formulées par l’homme d’affaires Ziad Takieddine et d’anciens dignitaires du régime. Les juges n’enquêtent cependant pas sur le document révélé par Mediapart en 2012. Dans cette procédure, l’ancien secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, à cause d’un virement suspect de 500 000 euros qu’il a justifié par la vente de deux tableaux, sans convaincre les juges.
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