CHRONIQUE DE MAREME
«Ce n’est pas la récompense qui élève l’âme, mais le labeur qui lui valut cette récompense», Multatuli
Obsession : Malick
Ce soir quand je l’ai aperçue, dans cet ensemble de pantalon blanc, j’ai failli suffoquer de surprise. Pourquoi Dieu me met autant à l’épreuve ? Il m’a fallu tellement d’énergie et de temps pour oublier cette fille et maintenant que c’est fait voilà qu’elle réapparait subitement. Elle est devenue une femme et quelle femme. Avant qu’elle n’arrive à notre place, j’ai regardé chaque centimètre et chaque mouvement de son corps. Elle est plus belle et plus désirable que dans mes souvenirs. Que dire de ses formes généreuses, sa démarche plus sure et royale. Elle a tressailli quand elle m’a reconnu, j’ai vu plein de message défiler dans ces yeux. Mais j’ai été surpris quand elle a voulu jouer avec moi à la sainte nitouche. Elle trompe toujours les hommes avec son comportement naturellement innocent d’où le fait qu’elle soit très dangereuse. En la rejoignant dans les toilettes, j’ai voulu lui faire tomber les masques et je l’ai réussi.
La revoir a complétement chamboulé mon esprit. Cinq ans que l’on ne sait pas revu et j’éprouve toujours cette forte attraction que j’avais quand je l’ai rencontré. Comment expliquer le fait que je déteste cette femme plus que tout au monde et qu’à fois que je la vois je ne peux empêcher cette envie folle de me jeter dans ces bras. Hier je lui avais volé une bise, aujourd’hui je l’ai embrassé, j’ai touché à son corps, j’ai senti ses vibrations. Ce contact m’a achevé, c’était au-delà de ce que je me suis imaginé, au-delà de mes rêves. J’ai ressenti une telle émotion que j’en tremble encore. C’est la première fois que ça m’arrive, je ne peux même pas expliquer ce que je ressens tellement c’est fort. Et je me déteste encore plus de l’avoir touché, d’avoir gouté à ce délice. Comment faire maintenant pour oublier le gout d’une telle luxure. Je crois que dans cette démarche je me suis brulé les ailes car elle a ouvert un désir inassouvi. Ce baiser a allumé un feu que seule Aicha peux éteindre.
– A quoi tu penses, assis seul dans ce canapé ? Je me tourne pour voir Abi devant la porte du salon, moitié endormie. Elle a vraiment grossi, pensais – je, en la détaillant du regard dans sa chemise de nuit légère qui montre son corps si généreux. Ma femme est devenue une vraie drianké (femme à forte corpulence).
– A rien de spéciale…
– Et ta soirée ? Je sens une note de colère dans sa voix.
– Nulle, ce n’est plus de mon âge de sortir dis – je en me levant.
– Tu n’as que 37 ans Malick, il y a des hommes beaucoup plus vieux qui sortent tous les soirs.
– C’est peut – être parce qu’ils ne sont pas heureux et qu’ils cherchent un refuge.
– Et toi, est – ce que tu es heureux. Il y a de l’amertume dans sa voix, de la tristesse aussi. A qui la faute. Je n’ai pas envie de polémiquer, pas ce soir alors je lui mens.
– Oui je suis heureux sinon je ferais comme Moustapha, sortir presque tous les soirs.
– Tu ne sors pas mais tu n’es jamais à la maison. Tout le temps dans tes dossiers et je ne sais pas quoi.
– Ce sont ces dossiers-là qui te font vivre. S’il te plait Abi, je suis fatigué alors viens on va aller se coucher. Elle ouvre la bouche pour parler mais je lui fait une bise suggestive et l’entraine dans la chambre.
Trente minutes plus tard, je me couchai, fatigué après avoir fait l’amour de la manière la plus intense qu’il soit. Et tout ce temps je n’ai pensé qu’à Aicha, au fait que s’était-elle dans mes bras et pas Abi. C’est la première fois que ça m’arrive et j’en ai un peu honte.
– Si c’est comme ça que tu me fais l’amour à chaque fois que tu sors, alors je veux bien que ça soit tous les soirs. Je lui rends son sourire et essaye de fermer les yeux histoire de faire semblant de dormir. Je ne savais pas quoi lui répondre. Si seulement elle savait.
Le lendemain, je me réveille vers 11 heures. Ça fait longtemps que je n’ai pas fait de grâce matinée, c’est normal, je n’ai pas dormi de la nuit. Devinez pourquoi ? Shuupp. Quand je me lève pour aller prendre mon bain, je vois une petite valise. C’est vrai ! J’avais complétement oublié mon voyage sur Paris, c’est une première. Abi prends très à cœur son rôle de femme. A chaque fois que je me réveille, tout est prêt pour moi. C’est peut – être pour ça que je ne lui en ai pas voulu pour longtemps son mensonge. Comme elle dit, elle avait peur de me perdre et je lui ai laissé le bénéfice du doute. Avec elle, j’aurai pu être le plus heureux des hommes mais je lui reproche d’être plus marié à ma famille qu’à moi. Au début de notre mariage, cela m’avait plus de la voire si complice avec ma mère, mes sœur et badiène (sœur de mon père). Elle était allé jusqu’à me convaincre d’agrandir la maison familiale au lieu de construire une maison ailleurs. Alors j’ai rajouté un étage avec deux grands appartements. Ma mère était aux anges. Mais au fur et à mesure ça à commencer à me gonfler car elle passait plus son temps à vouloir leur faire plaisir. Alors elle s’était embarquée dans un énorme gaspillage et ce que je lui donnais par mois ne suffisait plus. Toujours, à vouloir préparer un repas pour telle tante, tel oncle, ou encore à essayer de régler les problèmes d’argent de ma famille. Donc tout le temps, elle me demandait de lui dépanner alors qu’à cette période, j’étais en pleine investissement avec le cabinet d’avocat que j’avais ouvert. Comme elle connaissait ce que la banque m’avait prêté, elle n’arrêtait pas d’en redemander. Elle allait jusqu’à mettre ma mère au courant de mes états financiers ce qui était encore source de problème puisque plus gaspilleuse que ma mère tu meurs. C’est comme ça que j’ai commencé à être cachotier avec elle et même méchant. J’avais confisqué la carte bancaire que je lui avais donné, elle ne connaissait plus mes états financiers et j’ai loué le second appartement que j’avais construit parce qu’elle était pris d’assaut par la famille venant de partout pour y habiter. J’acceptais d’aider de temps en temps mais de là à les entretenir, il en était hors de questions. Alors on a commencé à me traiter de tous les noms d’oiseau. Que j’étais un toubab, que dama siisse (je n’aime pas le partage) et que nous étions en Afrique avec ces réalités. Il y a une différence entre partager et prendre en charge. Plus elle s’entêtait dans cette logique de partage, plus je me braquais. Au final, à chaque fois que je rentrais et que je trouvais du monde chez moi. Je repartais dormir à l’hôtel. Quand elle a compris que je ne blaguais plus alors elle a arrêté et heureusement pour elle parce que j’étais prêt à la quitter. Elle tombait enceinte à cette période et depuis elle n’a pas arrêté. En cinq ans elle a accouché trois fois. Deux garçons et une fille. J’étais plus qu’heureux par ces merveilleux bouts de chou qu’elle m’a donnés. Abi a arrêté de trop en faire avec ma famille et moi, j’ai essayé alors de devenir le mari et le père idéal.
Un an après la naissance de mon premier enfant, les affaires ont commencé à décoller. Le succès de mes procès m’ont permis de décrocher de gros clients. Travail forcené ou coup de chance, j’ai gagné deux énormes procès qui m’ont rapporté des centaines de millions. J’ai agrandis mon petit cabinet et en 3 ans, je suis passé de 5 employés à 30. Aujourd’hui, je suis le directeur général de N&K Association avec plus de 200 employés car ayant fusionné avec l’un des plus grands cabinets du continent. Bref je suis devenu riche plus que je ne l’aurai espérais. Ainsi je voyage beaucoup, investis dans plusieurs secteurs et surtout je suis hyper débordé, aucun répit. Contrairement à ma vie privée, celle professionnelle est très débordante. Cela me permet de combler ce vide que je ressens des fois car j’aurai tellement voulu partager ma passion, mes envies et mes secrets avec quelqu’un. Mon portable sonne, je regarde Moustapha, je grimace avant de décrocher sachant à quoi m’attendre.
– Salut mon pote.
– Va la – bas, tu es vraiment un fou pour laisser passer une si belle fille. Non vraiment Abi te tient.
– Peut – être, qui sait.
– Non franchement toi tu déconnes quoi. Qu’est – ce qui t’a pris de nous planter en pleine milieu de la conversation.
– Je n’ai pas aimé cette façon qu’elles avaient à dénigrer Aicha alors qu’elles se disaient amis.
– Donc c’est ça, holà, j’ai vraiment raté un truc moi. C’est vrai qu’Aicha ou Fanta est jolie, mais à côté d’Inesse, elle fait mauvaise figure.
– Je te la laisse parce qu’elle ne m’intéresse pas Moustapha. Tu sais très bien que la beauté ne fait pas parti de mes critères de sélection. En plus je ne suis pas toi, le badigeonnage n’est pas mon truc.
– Comme tu voudras. Par contre je voudrais savoir ce qui s’est passé là-bas dans les toilettes.
– Rien.
– A qui d’autre.
– Je ne peux pas nier qu’elle m’attire mais cette fille n’est pas bien alors mieux vaut que je m’en approche pas.
– Tu en es sure mon frère, peut être que tu te trompes. Qui sait ! A cet instant, Abi arrive dans la chambre.
– Bof, laisse tomber. Il faut que je te laisse bye. Je raccroche et appel ma secrétaire. Abi me sort mes habits tout en regardant sa montre comme si elle était pressée de quelque chose.
– Bonjour Suzanne ! Tu as pu trouver un interprète pour le dossier Vini.
– Non pas encore mais j’ai payé pour une annonce de demain au journal Walfadjri. Dès mardi je commencerai les entretiens.
– En plus des fuites, je paye une fortune pour la traduction des dossiers, alors je voudrais que tu me règles ce problème au plus vite. Il y a déjà deux piles qui sont en instance. Dès jeudi je voudrais que la première me parvienne par e-mail.
– Jeudi, donc cinq jours. C’est impossible monsieur.
– Rien n’est impossible, depuis le temps, tu aurais dû trouver un bon interprète pour les dossiers du cabinet. Maintenant nous avons perdu un procès à cause de cette agence d’interprète qui a vendu les copies à notre adversaire.
– Ce n’est pas de ma faute.
– Jeudi pas plus dis – je en raccrochant. Abi me regarde avec désapprobation.
– Oui je sais mais il faut bien que je décharge ma colère quelque part. Si tu veux, je peux changer de cible. Elle lève les mains en disant
– Hi moi je ne veux pas d’histoire dé. Elle sort une grande robe de thioup.
– Où est – ce que tu vas encore ?
– Tu ne te rappelles pas le mariage de ton cousin Badou.
– Shiiipppp. Tu sais que je pars ce soir et pour une fois que je reste à la maison, tu sors.
– Aye Malick, j’ai déjà promis à ta mère de l’accompagner. Déjà que tu n’y vas pas, la moindre chose est que je te représente.
– Ce Badou-là, je ne me rappelle même pas de lui et tu veux que j’aille à son mariage. En plus il est en Italie, vous les femmes avec vos fêtes. Je me lève encore plus énervé ;
– Tu vas où là.
– Au bureau puisque je risque de rester seule ici vu que tu as amené les enfants chez ma sœur sans me demander mon avis.
– D’accord tu as gagné, je vais appeler ta maman pour lui dire.
– Surtout pas, elle ne va encore en faire tout un plat. Bye. Je sors de la maison sans plus attendre. C’est une des raisons qui fait que je me sens seul au monde. Au Sénégal, si tu ne te fais pas violence, tous les jours tu iras à une fête et c’est ce que Abi fait, tout le temps : baptême, mariage, deuil, conférence…. Ha les femmes, tu fermes une porte, elles ouvrent une fenêtre. J’avais lutté fort pour que ma maison ne soit pas un centre de sdf mais elle s’est rabattu dans les fêtes familiales jusqu’à nous délaisser moi et ses enfants. Je n’ai pas eu la force de combattre encore contre elle alors je la laisse faire. Finalement elle est mariée à la famille rék.
L’examen : Aicha
Aujourd’hui c’est le dernier jour de nos examens. Je pars de chez moi, la boule au ventre. Oui je suis rentrée aux Parcelles car j’ai eu une violente dispute avec Inesse. Elle me reproche d’avoir fait capoter sa relation avec Malick avec la bourde que j’ai lancée. Elle ne s’intéressait même pas à lui avant de savoir que le gars est le patron de Moustapha. Ah les filles, elle m’a carrément chassé de la chambre alors qu’elle n’y dort jamais. J’ai failli lui tenir tête en restant comme me l’avait demandé Rougui mais la tension était palpable et moi j’avais juste envie de m’aérer l’esprit avant l’examen final. J’avais tellement révisé, ces derniers jours que je sentais le surmenage pointer. Alors dès le lendemain, j’ai envoyé un message à mon frère pour qu’il m’envoie par wari 1000 fr pour le transport. Je suis restée tout le dimanche couchée à penser à ce qui s’était passé. Revoir Malick m’a plus qu’ému, ça m’a complétement bouleversé. Il n’avait pratiquement pas changé à part le fait qu’il avait pris un peu de poids. Ce qui lui allait trop bien même, car cela ressortait ces fossettes quand il riait. Aussi il y avait quelque chose de plus noir dans son regard comme s’il était en colère. Contre moi peut – être. Autrefois, il dégageait tant de charisme qu’il intimidait tout ce qu’il entourait. Aujourd’hui, j’avais remarqué que cela avait augmenté et que tout en lui été pouvoir et attraction. C’est pourquoi quand il m’a embrassé, je me suis laissé faire car je le voulais ; oui j’en avais plus qu’envie. Maintenant je le regrette tant. Comment j’ai pu être si légère et si consentante dans les bras de cet ? Un vrai mystère pour moi. C’était la première fois que je sortais, la première fois que je me laissais embrasser. A croire que je suis une vraie bleue comme dit Astou.
Rougui me tend la main et s’approche de moi en courant.
– Tu as vu l’heure il est presque huit heures. On se voit tout à l’heure. Bonne chance !
– A toi aussi. L’examen se passa bien, j’ai été parmi les premières à sortir le sourire aux lèvres. Rougui me suivit de très prêt en l’enlaçant l’épaule.
– Je voulais t’avertir avant que nous entrions qu’il y a une société qui cherche un interprète pour ces dossiers. Je t’avais dit de regarder les annonces il y a toujours des propositions d’emplois. C’est l’idéal pour toi.
– Je ne sais pas Rougui, tu crois qu’ils vont prendre une personne aussi inexpérimentée que moi. Je n’ai même pas de cv puis que je n’ai jamais eu de stage.
– Baliverne, personne n’est plus doué que toi pour traduire un texte, en plus c’est un cabinet d’avocat. Plus elle parlait plus j’avais l’eau à la bouche.
– Hé copine tu me fais rêver dè.
– Viens avec moi et tente ta chance. Vu le cabinet si tu réussis à le décrocher tu n’aurais même pas besoin de continuer les études avec le salaire qu’ils vont te proposer.
– Ça veut dire qu’il y aura surement que des experts qui vont se présenter. A côté je ne suis rien.
– Guiss gua (écoute). Les entretiens ont commencé depuis huit heures mais j’ai appelé et on m’a dit que ça finit à 16 h donc à toi de voire. Ton plus grand problème c’est ton manque de confiance. Tu n’as pas entendu ce que le professeur a dit : tu as un niveau de master. Comme moi, tu ne perds rien à aller faire cet entretien. Elle se retourne en colère et se dirige vers la sortie du campus. Je reste dix seconde sur place avant de m’élancer et de la rejoindre de toute façon dans la vie qui ne risque rien n’a rien.
A notre descente du bus qui avait fait plus d’une heure de route à cause des embouteillages monstrueux dans chaque recoin de la ville, nous courront comme des folles dans les rues de Sandaga pour rejoindre la place de l’indépendance ou se trouve l’immeuble du cabinet N&K Association. Nous arrivons complétement essoufflés et en sueur. J’achète un sachet d’eau de 50 frs que je m’asperge le visage et le donne à Rougui qui en fait de même. Elle sort son parfum de marché chinois là et nous entrons dans l’immeuble priant qu’il ne soit pas trop tard. Devant la réceptionniste, nous lui disons pourquoi nous sommes là et elle nous toise de la tête au pied avant de nous indiquer un chemin. C’est vrai qu’avec nos jeans délavés et ces body bon marché, il se peut fort que l’on nous renvoie avant même de nous recevoir. Dans l’ascenseur, je me tourne vers Rougui.
– On aurait dû porter quelque chose de mieux avant de venir ici.
– Oui mais ce matin en allant à l’Université nous ne savions pas que nous allions atterrir ici alors…. Quand l’ascenseur s’ouvre devant un monde fou de personnes de tous âges habillées de la plus chique des manières, je me mobilise.
– Il n’est pas trop tard pour rebrousser chemin chuchotais-je à Rougui.
– Garde la tête haute et suit moi. Elle sort comme une guerrière et moi je la suis comme son chaton. Elle se dirige tout droit vers une table ou se tenait une jeune femme.
– Bonjour madame, excusez-nous d’arriver si en retard mais notre examen a fini un peu tard ajouté à cela l’embouteillage de…
– Vous êtes des étudiants ? On fait oui de la tête, elle sourit. Et vous pensez que vous pouvez réussir cet entretien ? Avez-vous lu l’annonce ?
– Oui madame et je vous assure que nous avons assez de compétence pour faire ce job. Elle remue la tête en souriant avant de nous tendre chacune une fiche. Vous avez dix minutes pour remplir la fiche par ce qu’on clôture les dépôts de candidat à 15h 15. Nous sortons rapidement nos stylos et nous plongeons direct dedans. Nous n’avions pas où nous assoir puisque la salle était hyper bombée, alors nous nous agenouillons par terre et commençons à remplir. Dans la fiche, on nous demandait, nom et prénom, adresse et numéro de téléphone. Ensuite on nous montre une image d’une jeune femme bouleversée dans une rue avec plein de gens et on nous demande de décrire en anglais ce que l’on voit. On se regarde en même temps en ouvrant les yeux et nous nous y plongeons. Il n’y avait pas de temps à perdre. 15h 14, nous tendons nos feuilles, je ne sais pas pour Rougui mais je ne me suis même pas relu.
– Allez-vous assoir et priez qu’ils les prennent nous dit – elle en se levant et nous souriant encore. En tout cas elle est très chaleureuse contrairement à la réceptionniste d’en bas. Les formulaires à la main, elle entre dans un bureau où j’eu le temps de voire deux femmes et un monsieur. Il ne blague pas dé.
– Hé Fanta dans quoi nous nous sommes embarqués.
– Dans la gueule du lion. Une minute plus tard la femme accueillante ressort en nous faisant signe de nous approcher.
– Ils étaient en train de faire le classement quand je suis entré et j’ai dû les convaincre pour les prendre. Seulement quand je vois vos tenus, je doute que même si vous êtes pris pour cette étape, que vous passiez l’autre. Ils ont presque fini alors allez-vous assoir. La boule au ventre, nous nous prenons les mains et attendons notre sentence.
L’Assistante: Suzanne (travaille avec Malick KANE)
J’étais énervée quand Mamie est entrée avec d’autres formulaires alors que je lui avais dit de clôturer les dépôts. Elle me répondit innocemment qu’il restait une minute encore et que les filles qui avaient déposé lui rappelaient trop ses débuts, les pauvres. M. Diouf pouffa de rire en lui tendant la main, moi je me replongeais dans le tri. Sur les 38 formulaires, j’en ai pris que 9, M. Diouf 4, lui est vraiment plus sévère 4 seulement, quant à Madame Muzindusi elle prit 12.
– Bon je crois que je vais ajouter ses deux aux quatre que j’ai prises.
– Ah bon, c’est bien comme ça tu te rapproches plus de nous parce que tu en as beaucoup éliminé. Au fait, tu en avais combien de formulaires ?
– Je ne sais pas peut – être ton double.
– Je sais que tu es le seul professeur agrégé dans cette salle mais tu ne penses pas que tu es trop sévère.
– Non, juste qu’ils sont hyper nuls c’est tout.
– Bon allons-y, ils doivent commencer à s’impatienter vu l’heure.
Je sors et commence à appeler les noms retenus. Quand je prononce celui de M. Diouf et que j’appelle les deux derniers noms de sa liste, je vois deux jeunes filles s’avancer vers moi souriant avec leurs trente-deux dents. Dans mon anglais impeccable, je leur demande comment oses – telle se présenter aussi décontracté dans un entretien de boulot. L’une d’elle qui semblait être la plus timide me répond en hésitant. Avant qu’elle ne parle, dans ma tête c’était sure que je n’allais pas les recevoir mais son accent et sa diction est si parfait que l’on aurait cru que parler à une anglophone. En plus dans tout ce qu’elle m’a débité il n’y avait aucune faute, aucun mot de travers. Je m’efface de la porte les laissant entrer. Il y avait 27 candidats retenus pour le premier test. Le deuxième était un interrogatoire en anglais concernant leur parcours professionnel, leur vie privée et surtout combien de temps était – il prêt à sacrifier pour le boulot. Cela se passa très vite car pour être sévère Mr Diouf l’est. Un vrai Tiran, il y en a qui n’ont même pas fait une minute d’interrogation. C’est peut-être parce qu’il sait différencier ceux qui parlent l’anglais en traduisant le français ou ceux qui le parlent directement. Bref nous en avions prix trois et il ne nous restait que les deux étudiantes. L’une se présenta avec un petit Cv montrant qu’elle avait fait deux fois un stage d’entreprise alors que dans l’annonce on stipulé que la personne devait avoir au moins 3 ans d’expériences professionnelles et son dicton n’était pas au top contrairement à l’autre.
– Nous sommes un grand cabinet et nous ne pouvons-nous permettre de prendre une personne inexpérimentée. Je vous conseille d’aller trouver du boulot dans les agences d’interprète avant de postuler pour ce genre de boulot. Si votre amie est dans la même situation que vous, ce n’est pas la peine qu’elle vienne.
– Mon amie à un niveau trois fois plus élevé que le mien et je suis sûre que vous ne trouverez plus meilleur qu’elle madame. Je la regarde sans rien dire, juste surprise qu’elle m’est répondue.
– Est – ce que votre amie s’appelle Anta Ndiaye.
– Oui monsieur !
– Alors qu’elle vienne. Je regarde M. Diouf l’interrogeant du regard.
– Dans les formulaires, elle m’a fait la meilleure description sans faute d’orthographe ni de grammaire alors je voudrais l’écouter si tu n’y vois pas d’inconvénients. J’acquiesce finalement la tête, il a été mon professeur à l’université alors….En venant vers nous, je remarquais qu’elle ne tenait rien entre les mains. J’espère que ce n’est pas ce que je pense.
– Sit – down please dis – je d’un ton très sévère. L’entretien commença et ce que je craignais se confirma. Elle n’a jamais eu de stage ni travaillé dans une entreprise. Je me tourne vers M. Diouf en croisant les mains, il parle avec elle pendant au moins cinq minutes avant de se tourner vers moi et de dire ok. Bizarrement, je ne suis pas surpris parce que franchement elle a répondu avec rapidité aux questions qu’il lui a posées. Je lui demande de patienter dans le couloir. Elle hésite à partir avant de dire à l’adresse de M. Diouf.
– Je suis très honorée de vous avoir rencontré. J’ai lu vos deux tomes sur la complexité de la langue et je dois dire qu’ils m’ont beaucoup aidé dans mon apprentissage.
– Et cela se voit.
– Merci mademoiselle Ndiaye. J’attends qu’elle sorte pour attaquer. M. Diouf souriait de toutes ses dents.
– Je vois qu’elle t’a bien charmé.
– Arrête ton côté trop formel et concentre toi sur l’essentiel. Tu n’as pas entendu, cette fille a un très bon niveau et elle idolâtre mes écrits contrairement à d’autres. Nous éclatons de rire.
– C’est une bleue dans ce métier, même si son dicton impressionne, je ne peux pas prendre le risque de…
– Quand j’ai travaillé avec toi, malgré mon doctorat, il m’a fallu six mois pour comprendre le jargon des avocats ce qui fait que tu me corrigeais tout le temps dans les tournures de phrase. Ce qui ne sera pas le cas pour cette fille puisqu’elle a une licence en droit. Si moi j’ai eu des difficultés pour ça alors imaginent avec les autres même s’ils ont un cv bien rempli. Madame Muzindusi lève la main avant de parler.
– En plus de cela, elle est jeune et est la seule parmi les quatre à ne pas être marié car pour bosser avec ton patron, il faut beaucoup d’énergie et de temps. M. Kane est un maniaque du boulot, c’est pour cela que moi aussi je suis parti parce que mon mari risquait de me quitter. Il y a des dossiers, qui même s’ils sont rares, demande une disponibilité totale. Il nous arrivé d’être au bureau jusqu’à deux heures du matin donc. Je lève les mains, parce que quoi qu’on dise, ils avaient raison. Ils ont travaillé respectivement avec moi et ont quitté au bout d’un an. Nous fumes obligés d’avoir recours à des agences et ont dépensé des fortunes pour cela. En plus avec la fuite d’un dossier impossible de continuer sur ce terrain.
– Même si cette fille est la plus libre pour ce job, je ne suis pas pour autant convaincu. Ce que je veux savoir c’est qu’est-ce qu’on va faire pour les départager ?
– Je te propose de leur faire traduire un dossier classé et qui ne soit pas confidentiel. Ils devront le rendre demain à la première heure.
– Hum excellente idée. Que le meilleur gagne.
Dans le mille : Aicha
Nous sommes sortis de l’immeuble presque vers 19 h. J’étais désolée que Rougui n’ait pas pu aller plus loin. En même temps, je me demandais comment j’allais faire pour traduire un dossier de 52 pages.
– Pour un entretien, c’est un entretien dit Rougui en regardant le dossier que j’avais en main. Si tu réussis à franchir cette dernière étape, tu imagines le salaire que tu vas décrocher. Tu as vu l’immeuble et comme les gens sont hyper habillés, ça sent le luxe à plein nez.
– Ne rêvons pas trop, tu as vu ce pile, en plus tu as entendu un des filles retenues, des professionnels de haute gamme. Je ne serais jamais pris….
– Fais juste ce que tu as à faire et le reste on verra, même si tu ne crois pas en tes capacités, moi si, alors cette nuit, je vais te tenir compagnie et tu vas tout finir. D’accord ?
– D’accord ! Elle avait parlé avec tellement de détermination qu’il m’était interdit de ne pas y croire. Nous sommes arrivées au campus vers 20 h et quelques. J’ai bipé papa et quand il m’a appelé je lui tout expliquer. Il était aux anges et jurait qu’il allait prier pour moi. Ragaillardie, je prenais un bon café au citron et commençais le boulot. Heureusement que les deux vipères n’étaient pas là puisqu’elles étaient parties fêter la fin de leurs examens. Plus je traduisais les textes, plus j’étais en confiance car ce n’était pas aussi dur que je le pensais. Il m’arrivait de buter un peu sur des mots mais Rougui et Estelle étaient là avec leurs dictionnaires et leurs ordinateurs. Franchement sans elles je n’aurais jamais fini à temps et il est quatre heures du matin quand tout fut traduit. Nous étions mortes de fatigue. J’ai relu le tout pour finir à 5h 30 en corrigeant les fautes. Walaahi , si je ne suis pas prise, je pète un câble. Je prends une douche et à mon retour les filles me tendent une belle robe droite pour le dernier entretien et me prête 2 000 F CFA pour prendre un taxi. Les bourses étaient disponibles.
Avant de partir, je fais ma prière du matin minutieusement ensuite j’apprends le coran jusqu’à 7h. Je me maquille un peu, prend mon portable et c’est parti. En route, ma mère m’appelle, me disant qu’elle a prié toute la nuit avec papa et me souhaita bonne chance. J’ai été très émue. Je suis arrivé en avance de 10 minutes. Les autres sont venus petit à petit, le mine défait, l’air moins sure qu’hier. Alors que j’étais assis à la salle d’attente, ils ont un à un donné deux piles distincts, bien agrafés et dans des chemises de bureau de couleur différente. Mon clignotant d’alarme commença à sonner. Je m’approche de la femme qui nous avait permis hier de faire l’entretien. Quand je lui explique avec beaucoup de gêne ce que je voulais, elle me sourit et me tend une clé me demandant d’y mettre le dossier. Je m’exécutais sans plus attendre et cinq minutes plus tard elle le dépose avec les autres en me faisant un clin d’œil. Je crois Dieu est vraiment avec moi pour m’avoir mis sur mon chemin une femme aussi compréhensive. Je fais un cœur avec mes doigts à l’encontre de la femme et elle sourit encore de plus belle.
– Shhhhiiiipppp, vous n’êtes pas dans une maison de charité. Ce n’est pas en faisant la mendicité que l’on va vous prendre. Vous manquez de professionnalisme et d’expérience donc vous perdez juste votre temps, dit une des femmes.
– Je suis sûre qu’elle a été pistonnée par celle – la dit l’autre femme.
– De quoi avait vous peur, c’est juste une étudiante qui a un bon niveau mais qui j’en suis sûre, ne sera pas prise. Alors laissait la tranquille dit l’homme du groupe. A cet instant la dame qui avait failli me renvoyer hier entra. Elle était de teint noir, taille petite, un peu potelet avec de grosse lunette de myopie. Elle nous salut chaleureusement et entra dans la salle de conférence. Elle fut rejointe quelques minutes plus tard par ces autres collègues et le compte à rebours commença. J’étais si pressé que je sentais que j’allais avoir la diarrhée d’une minute à l’autre. Vers dix heures le téléphone sonna faisant sursauter presque tout le monde. La dame décroche et avant même qu’elle ne raccroche son sourire me fit comprendre que j’étais prise.
– Mlle Ndiaye, vous êtes priés de bien vouloir entrer, on vous attend. Quant aux autres, la direction vous remercie de votre collaboration et vous contactera si nécessaire. J’étais toujours resté assis ne croyant pas à ce que je venais d’entendre. J’ai juste entendu deux shipatou et le monsieur qui me félicitait. Pourquoi les femmes ne sont pas bonnes joueuses.
– Eh ma petite, vous venez. Je me décide à me lever, le cœur battant très fort. Devant la dame, je m’arrête.
– Merci beaucoup madame, sans vous je ne serais pas…. Le téléphone sonne encore, elle me fait signe d’y aller. Dès que j’entre dans le bureau c’est des applaudissements que je reçois.
– Alors franchement je suis bluffé, même si vous n’aviez pas été prises ici, je vous aurais engagé dans mon agence dit M. Diouf.
– C’est vrai que vous avez fait du bon boulot, 5 fautes en tout, incroyables alors que vous êtes seulement en licence. Professeur Diouf en avait fait 3 et moi onze dit la dame dont je n’avais toujours pas le nom. Avec tous ces éloges et le stress accumulés depuis hier, j’ai craqué. Sans le faire exprès, mes larmes sont sorties. On me tendit un mouchoir que je me dépêchais de prendre, les mains tremblantes. On me félicita encore avant de me laisser seule le temps de me remettre de mes émotions. Seule la dame de forte corpulence et qui devait avoir l’âge de ma mère revint dans la salle. Elle déposa devant moi une feuille ou on avait écrit CONTRAT.
– C’est votre CDD, la durée est de un an renouvelable. Aujourd’hui, vous pouvez vous reposez car avec vos cernes, je devine que vous n’avez pas dormis de la nuit. J’acquiesce de la tête. Un gros travail vous attend dès demain car nous avons beaucoup de dossiers en instance. Moi, c’est madame Coulibaly, vous travaillerez en grande partie avec moi. Etant l’assistante de direction, je suis très busy donc vous aurez à vous seule la traduction et moi je me contenterais de finaliser les dossiers. Vos horaires sont de 8H à 17 h avec une heure de pause déjeuner. Votre salaire est fixé à 400 000 pour l’instant, elle peut atteindre le double avec les heures supplémentaire parce que vous en aurez beaucoup surtout les jours qui vont venir. Je me pince pour savoir si je ne rêve pas. Elle a dit quoi comme salaire ? HOPELEW, ma tête danse le mbalakh. Elle se lève en me tendant la main. Ce que vous portez aujourd’hui, est bien par contre, hier, c’était inacceptable. Nous sommes la vitrine de l’entreprise donc nous nous devons d’être au minimum corrects dans nos habillements et comportements. J’aurai voulu vous faire visiter mais j’ai beaucoup de travail de retard à cause de cet entretien. Bienvenu dans notre équipe dit – elle avec un dernier sourire avant de disparaitre. Elle semble être quelqu’un de très souple. Vu comment elle se déplace si rapidement avec ces talons hauts. En sortant du bureau je remercie fortement la femme qui m’avait aidé. Elle me dit qu’elle est la réceptionniste générale et que c’est elle qui achemine tous les appels et courriers dans toute l’entreprise. Elle me souhaita la bienvenue et je partis m’engouffrer dans l’ascenseur. Dès qu’il se ferme, je laisse sortir ma joie. Vous vouliez voire le mbalakh pure et dure, tout y est passé : thiéboudieune, mborohé, tiakhagoune, même le coupé décalé j’y ai touché.
J’ai failli déchirer la robe de Christelle. Dès que je sors, j’achète seddo (crédit) 200 F CFA et j’envoie un message aux filles avant d’appeler papa. Je voulais qu’il soit le premier au courant. Quand je lui dis, il crie en appelant maman, celle – ci en fait de même avec Menoumbé et c’était parti. Personne n’écoutait personne juste des cris de joie, je ne me souciais même pas des passants. Crédit fini. Papa me rappelle et je lui dis que j’arrive dès que je prends ma bourse.
A Claudel aussi, c’était le même spectacle avec les filles, plus hystériques les unes que les autres, les pas de danse, oh. Nous étions comme des singes qui venaient de prendre un bain. Enervée, Astou se réveilla avec de gros shipatou, c’est normal elle n’avait pas dormi de la nuit.
– Vous allez vous taire oui, de vrais sauvages, shim.
– Ne t’inquiète pas. Regarde-moi bien, c’est la dernière fois que tu me vois ma belle.
– Tu vas nous quitter alors ? demande Rougui un peu triste parce que je viens de dire.
– Oui. Là je parle d’abord avec mes parents pour voir comment faire car d’après ce que Mme Coulibaly m’a dit, il y aura des jours où je descendrais très tard. Donc je ne peux pas habiter aux Parcelles, c’est trop loin. Je vous tiendrais au courant de tout. On fit ensemble nos bagages c’est toujours comme ça, après les examens, nous rentrons dès le lendemain chez nous. Le contraire bien sûr d’Astou et d’Inesse. Ces filles vont finir mal, bilay. Après nos au revoir, je récupère ma bourse et prend un taxi car avec tous mes affaires récupérées, je ne peux pas me permettre de prendre un bus.
Dès que j’ai déposé mes affaires, je suis allé à la boutique impatiente de les retrouver. Quand je suis arrivé encore le même scénario, accolade, cris danses, surtout lorsque j’ai dit le salaire. Menoumbé s’est transformé tout de suite en griot. Noooonn, il m’a fait trop rire en imitant Ablaye Mbaye Pèh.
Une heure plus tard, ma mère m’amena dans une boutique de prêt à porter puisque je lui avais parlé de ce que Mme Coulibaly m’avait dit côté vestimentaire. A voir comment elle salut et parle avec la dame de la boutique, elle le connait bien. Hi maman est une vraie dakaroise maintenant.
– Je te présente ma fille, tu ne l’as jamais vu dé, maahalla diangue rèk taloul dara (tout le temps elle est dans les études, elle n’a de temps pour rien).
– Santal Yallah (remercie Dieu). Aujourd’hui les jeunes n’apprennent plus, ils croient que l’argent se …
– Tu as vendu tous les habits que je t’avais donnés.
– Non, il en reste deux.
– Montre les mois. Elle part et moi je regarde ma mère d’un œil interrogateur.
– Ma fille, je sais que tu voulais plus avoir de souvenir de ton mariage avec le maire, c’est pourquoi tu m’as donné tous ces habits pour que je les offres. Mais tu sais que nous ne sommes pas assez riches pour nous permettre cela alors j’ai tout amené au pressing et je l’ai donné à mon ami pour qu’elle vende tout. Je n’ai pas pris l’argent lui disant qu’un jour, tu auras surement besoin d’habits et ce jour-là est arrivé. Je mets ma main sur ma bouche, hè ma mère. Son ami revient avec une taille basse et robe en basin. Ma mère m’a demandé de choisir dans la boutique ce qui me plaisait, le temps qu’elles fassent les comptes. Nous avons quitté la boutique un peu tard avec 8 jolis ensembles. Ma mère a un peu grogné car pour elle son ami l’a trompé, moi j’étais dans ma petite bulle. Mon père nous a accueillis avec pleins de festivités. Il avait mis la main à la poche pour fêter ce succès et je dois dire qu’on s’est régalé. Nous avons parlé d’une possibilité de déménagement mais finalement il a jugé bon que je trouve un petit studio plus près de la ville vu que j’allais descendre tôt. La seule condition était que je vienne à la maison tous les week-ends et que je l’appelais tous les soirs à la rentrée. Mon père avait confiance en moi et savais que sortir et m’amuser n’était pas mon truc.
Toute excitée à l’idée que j’allais commencer une nouvelle vie, je partais me coucher, le cœur léger. C’est là que j’ai vu 6 appels manqués d’Astou et deux d’Inesse. Qu’est – ce qu’elles me veulent encore ces chignons. Je ne rappelle même pas. Couchée, je n’arrive pas à trouver sommeil. Mon portable sonne, je regarde, encore Astou, il est une heure du matin.
– Qu’est-ce que vous avez à m’appeler comme ça, criais – je.
– Comment tu as fait ?
– Quoi ?
– A quel moment lui as-tu donné ton numéro ? Ou bien, tu es directement allé à son bureau. Non, tu es trop forte chérie. Méfies-toi de l’eau qui dort athié.
– Je ne comprends rien de ce que tu dis là. Donner mon numéro à qui, à quoi ?
– Tu peux tout dire mais je ne croirais jamais que le hasard puisse te faire embaucher comme interprète du chef de mon petit ami que je t’ai présenté la soirée passée. Vip vip vip vip (les battements de mon cœur qui s’accélèrent). Je me lève du lit et me rassois de suite. Je sais que son copain travaillait dans un cabinet d’avocat mais je ne connaissais pas le nom.
– Allo ?
– Attends une minute, comment s’appelle le nom de la société où ton copain travaille?
– Ne joues pas avec moi dé. N&K Association.
– Wouye sama ndeye (Oh mère)…
A lire tous les lundis…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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