Le Monument de la renaissance africaine érigé à Ouakam par l’ancien président Abdoulaye Wade fait-elle de bonnes affaires ? Six ans après son inauguration en 2010, l’imposante sculpture de bronze, constituée d’un couple avec son enfant, comptabilise en moyenne chaque mois 4, 5 millions de francs Cfa comme recettes pour 11 900 entrées par mois en 2015. Sur les 400 visites journalières, 233 sont des écoliers. Selon l’équipe du monument, les recettes auraient pu être plus consistantes s’il n’y avait pas l’année dernière l’épidémie à virus Ebola dans la sous-région. Il faut ajouter à ce manque à gagner la rareté des touristes au Sénégal. Ces chiffres donnés par les services statistiques du monument en disent long sur la fréquentation de cet espace jadis très critiqué. Les Sénégalais changent petit à petit leur perception négative de cette statue. Selon l’administrateur des lieux, le professeur Abdoulaye Racine Senghor, les controverses sont faites pour être dépassées. Ceux qui avaient demandé qu’on détruise la Tour Eiffel, sont finalement allés la visiter, de même pour la construction des pyramides qui rapportent aujourd’hui des milliards à l’Egypte. Les Sénégalais viennent visiter le Monument de la renaissance même si le nombre n’est pas encore très important. «Les Sénégalais ne sont pas des gens qui visitent des monuments ou des musées. Ce n’est pas leur tasse de thé. Ils se lèvent rarement pour dire, ‘je vais aller visiter le musée de la place Soweto, ou celui de Kemboury, ou le musée de la mer à Gorée’. Le Sénégalais n’aime pas trop cela. Je crois que c’est culturel», explique M. Senghor. Il faut leur donner cette habitude, croit Abdoulaye Racine Senghor. Car les sénégalais continuent à vivre leur vie. «Ils ont beau être des intellectuels, mais ils ne sont pas habitués, alors que l’enfant européen, américain, à partir de cinq, six ans, va visiter les centres culturels, les musées…c’est pour cela que nous misons sur l’école», dit-il. Pour y arriver, l’administrateur du Monument de la renaissance qui a bouclé un an à la tête de cette structure opte pour les enfants. «Nous avons mis le focus sur les enfants. Quand ils seront bien formés, leurs enfants viendront à leur tour visiter. Nous travaillons pour l’avenir. Les écoles doivent jouer leur rôle pour enseigner aux élèves la renaissance africaine», plaide M. Senghor. Le tarif fixé pour les élèves est de 300 francs Cfa et 1 000 à 1 500 FCfa pour les étrangers. En déboursant cette somme, le visiteur apprend plus à connaitre les idéaux de la renaissance africaine, de la diversité culturelle africaine avec l’équipe en place. Mais précise Abdoulaye Racine Senghor, quand les écoliers n’ont pas de quoi payer, nous ne pouvons pas les renvoyer. «Ceux qui viennent avec les moyens de visiter entrent, mais on ne renvoi personne parce qu’il n’a pas le ticket d’entrée», indique-t-il. Visite ne veut pas dire argent. «Si vous faites entrer 100 personnes, 90 sont gratuites, les 10 payent», donne comme indication l’administrateur. .
«Amener les gens à partager un savoir autour de la renaissance africaine»
L’argent est la chose la moins intéressante du monument, déclare l’équipe dirigeante. Pour M. Senghor, c’est un espace qui doit amener les gens à réfléchir, à travailler en direction de la renaissance africaine. «Il faut inculquer cette idée aux visiteurs, les amener à partager un savoir autour de la renaissance africaine, à rassembler sur ces questions. C’est le symbole et la signification qu’il faut diffuser», fait savoir l’administrateur. Il invite à des rencontres, des réflexions entre chercheurs. Des colloques, animation culturelle, sont inscrits pour élever le niveau et apporter un plus en termes de conscience aux Sénégalais, aux Africains de manière large et aux reste du monde.
WALF