Doit-on songer à changer la dénomination du Musée des civilisations noires ? La question mérite une profonde réflexion au regard des multiples orientations de contenu qu’a connues cet édifice depuis la pose de la première pierre par l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade en janvier 2012. Pour Me Wade, le Musée des civilisations noires, une idée de Léopold Sédar Senghor qu’il a réalisée, doit être «un temple de toutes les valeurs et œuvres noires». L’ex-chef de l’Etat du Sénégal avait d’ailleurs lancé un appel à tous les Africains du continent et de la diaspora à œuvrer pour le rapatriement de tout le patrimoine africain éparpillé dans le monde. Il avait demandé au ministre de la Culture de l’époque, Awa Ndiaye d’initier le plus rapidement possible une conférence mondiale afin que les Africains et la diaspora trouvent un contenu au futur monument.
Aujourd’hui, l’on semble voir plus grand. Car pour l’administrateur du musée, Dr Hamady Bocoum, «le musée ne sera pas chromatique, c’est-à-dire dédié aux seules cultures noires, ni ethnographie ou anthropologie, s’enfermant dans un ghetto. Nous ne serons pas nostalgiques et nous ne serons pas subalternes, mais représentatifs de toutes nos valeurs». Hier lors de l’installation du comité scientifique du Musée des civilisations noires, M. Bocoum a indiqué sa volonté de faire de cet édifice «un modèle unique». «Nous n’allons copier personne, nous allons créer le débat, revisiter le concept de Musée. On va créer une école muséale. Ce sera une affaire de culture tout simplement», fait-il savoir.
Le projet, dit-il, sera «mondial, global et exclue toute idée de musée sénégalais, africain ou de la diaspora». Mais, Hamady Bocoum a assuré que l’infrastructure culturelle permettra au monde noir de se «repositionner pour la conquête de la culture et des valeurs africaines dans un monde globalisé marqué par la domination de la pensée unique». Selon lui, ce sera plus un musée du patrimoine immatériel, vivant et même de l’art contemporain. L’infrastructure servira aussi de pont entre les cultures du monde, de dialogue de culture. Le Musée des civilisations noires «ne sera pas une affaire de non professionnels».
D’ailleurs, le comité scientifique du musée des civilisations noires mis en place, hier, est présidé par le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’historien Ibrahima Thioub. Composé d’une quinzaine de membres, issus du milieu des Arts et Lettres, d’universitaires et d’agents de l’administration, il est chargé de la préparation des travaux pour l’ouverture du Musée en novembre prochain et une conférence internationale de préfiguration en juillet. Les clés du musée ont été remises par les constructeurs chinois aux autorités sénégalaises en janvier dernier. Sur une superficie de 14 500 mètres carrés, l’édifice a coûté 20 millions de dollars (environ 11 milliards).
WALF